L'été se termine. Cà va mal en Algérie et les
familles juives affluent vers la France. Strasbourg, comme toutes les communautés
juives de France s'organise !
La colonie Henry Lévy de Schirmeck qui appartient à la communauté
ne fermera pas ses portes cette année à la fin des vacances
scolaires. De colonie, nous devenons FOYER HENRY LEVY, et les enfants sont
accueillis dans leur nouvelle maison pendant que la communauté essaie
de résoudre les problèmes de logements et de travail pour les
parents restés à Strasbourg. Et une nouvelle vie s'organisa
pour tous. Il fallut d'abord s'habituer à une vie en communauté,
ce qui n'était pas toujours facile !
Les premiers problèmes surgirent au moment d'inscrire nos enfants à
l'école. La commune de Schirmeck ne les voulait pas et il fallut les
inscrire à La Broque, village voisin. Quatre fois par jour, il fallait
faire le chemin, sous la neige et le verglas. Nos garnements ne faisaient
rien pour être adoptés par les habitants. Nous ne comptions plus
les bouteilles de lait cassées devant les portes ou les pompes à
essence ouvertes !
Nos enfants, pour la plupart, n'avaient jamais vu la neige. On s'en est donné
à cur joie, du plus petit au plus grand. Même la cuisinière
qui venait également d'Algérie faisait de la luge, jusqu'au
jour ou elle se fit une mauvaise fracture ! Mais ce sont les risques
du métier n'est ce pas ?
Shabath, c'était la fête. On avait de la visite. Les jeunes de l'ORT de Strasbourg ou du foyer d'Obersheffolsheim nous tenaient compagnie
afin de pouvoir faire un office.
Et puis un jour un de nos grands, Roland tomba malade. Il avait vu le médecin
la veille pour une sinusite. Toute la nuit, il hurla et au matin, il était
dans le coma. C'était l'effondrement, la peur et même la panique
que chacun voulait cacher aux autres. Le mot terrible "méningite".
Il fallut s'organiser : désinfection, quarantaine. Notre directrice,
Evelyne, qui se trouvait à Strasbourg dut y rester jusqu'à la
naissance des jumelles.
Et nous, nous étions seuls. Personne n'avait le droit de rentrer dans
la maison, pas même le personnel qui habitait Schirmeck. On nous déposait
les vivres devant la porte.
Et puis, une bonne nouvelle. Roland était sauvé. Les familles
dont la situation s'arrangeait reprenaient leurs enfants, les unes après
les autres. Beaucoup sont partis vers le midi et la région lyonnaise
où le climat leur convenait mieux.
Le foyer Henry Lévy vidé de ses occupants avait survécu !
EXIT LE FOYER ET REBONJOUR LA COLONIE !