Les grandes vagues d'immigration juive d'Europe de l'Est vers la France se situent entre 1920 et 1931. Un recensement en 1931 établit qu'il y avait à Strasbourg une population juive d'environ 8.400 personnes dont 1.200 venant de l'Est de l'Europe.
Ces personnes qui ont fui leur pays d'origine pour des raisons économiques, politiques ou d'antisémitisme vont évidemment essayer de se regroupe et une des manifestations de leur sociabilité est la création de colonies de vacances pour leurs enfants, car bien que leur désir d'intégration était fort, ils n'en avaient pas moins le désir de transmettre leur judaïcité, c'est-à-dire la langue yiddish, les chansons yiddish, la pratique ou l'absence de pratique religieuse, l'orientation politique socialisante de l'époque.

Ont donc été créées dès 1933 des colonies de vacances dans les Vosges aux équipements rudimentaires faute de moyens: paillasses à la place de lits, sanitaires réduits à leur plus simple expression, etc..etc.. L'organisation portait le nom de Kulturverein puis les Amis de l'Enfant en 1936. L'encadrement était fourni par des étudiants chassés de leur pays d'origine souvent roumains, du fait du numerus clausus dans les universités ou par leur activisme politique. Des parents bénévoles prenaient part aux activités matérielles. L'atmosphère qui y régnait était chaleureuse, dominée par la croyance en un idéal commun le socialisme qui devait transformer le monde et régler le problème juif.

Colonie de Val-de-Villé, 1936

Ces colonies groupaient de 50 à 100 enfants venus de Strasbourg Metz et Nancy pendant les grandes vacances, à Saint-Gall en 1933-1934, Val de Villé en 1935-1936, Chatenois en 1937 et Neuve-Église en 1938-1939.

Colonie de la Salcee, 1949

Après la catastrophe et le retour des survivants à Strasbourg, l'U.J.R.E. organisation issue de la Résistance va reprendre la tradition des colonies de vacances mais surtout pour accueillir des enfants de déportés et de fusillés. C'est ainsi qu'a été fondée la colonie de la Salcée, près de Bourg-Bruche à 60 kms de Strasbourg. La direction était assumée par Madame Jeanne BLOCH assistée par le comité local de l'U.J.R.E. A la colonie de la Salcée qui va fonctionner de 1946 à 1952, on continue à cultiver le patrimoine juif et yiddish par les chansons, la poésie et surtout par l'évocation de la déportation, 1a liste et les photos des victimes affichées sur les murs.

Plusieurs raisons vont contribuer à la disparition de l'œuvre : recul de l'idéal socialiste, embourgeoisement et élévation du niveau social de, la population juive. Le bâtiment sera cédé au Consistoire Israélite du Bas-Rhin qui le vendra à une fabrique de confitures.

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