Si l'Eglise, en ses plus hauts responsables (catholiques comme protestants d'ailleurs), a multiplié les gestes et les paroles favorisant ces nouvelles relations (et comment ne pas souligner le rôle exceptionnel de Jean-Paul II en ce domaine ?), il faut reconnaître qu'ils sont loin d'avoir atteint l'ensemble des chrétiens.
C'est pour aider ces derniers à progresser dans la connaissance et l'estime de leurs "frères aînés" que l'Eglise leur propose chaque année de célébrer un "Dimanche du judaïsme". Créée en Italie en 1988, cette journée de sensibilisation a été rapidement étendue à plusieurs pays d'Europe, chaque Eglise locale la plaçant au moment qui lui paraissait le plus favorable. En 1992, poussés par l'Amitié judéo-chrétienne de France, les évêques de notre pays choisirent la période des fêtes juives d'automne. De catholique, cette initiative devint œcuménique, et, chaque été, des groupes ou des personnes s'en font le relais pour leur région.
En Alsace, ce fut longtemps le cas de la seule Association Charles-Péguy, du fait de la participation de sa présidente, Jacqueline Cuche, au Service National des Evêques de France pour les Relations avec le judaïsme (ancien Comité Episcopal), mais depuis quelques années les groupes de dialogue judéo-chrétien d'Alsace ont constitué un réseau aux liens de plus en plus étroits et se sont réparti les différents secteurs de la région. Quant aux instances diocésaines de l'Eglise catholique d'Alsace, elles y prennent elles aussi une part de plus en plus grande.
Il ne faut pas se leurrer : le dimanche du judaïsme est encore loin d'être connu et célébré par toutes les paroisses, mais le nombre de celles qui sont contactées croît chaque année, et la multiplication des acteurs "de terrain" est riche de promesses.
Les groupes locaux enrichissent parfois eux-mêmes ce dossier. C'est le cas en Alsace, où, depuis plusieurs années, le pasteur Bernard Keller commente les lectures protestantes du jour, de nombreuses paroisses protestantes prenant, à la différence de leurs sœurs du reste de la France, le cycle de lecture des Eglises luthériennes mondiales. On y trouve aussi depuis peu une présentation des différents groupes ou associations de dialogue judéo-chrétien de la région (*), l'adresse de leur tout nouveau site internet (www.dialogue-jca.org) ou encore d'autres documents qu'ils jugent propres à favoriser le dialogue.
Jointes à ce dossier, différentes propositions sont également suggérées aux paroisses, dans le but de les aider à créer ou élargir des relations avec les communautés juives environnantes ou à susciter une réflexion chrétienne plus approfondie : visite de synagogue, organisation d'une conférence sur un thème juif, création d'un groupe d'étude, invitation d'un intervenant juif à participer à un groupe déjà existant, ou toute autre rencontre qui puisse permettre de créer des liens, d'abattre le mur d'ignorance ou de préjugés qui sépare encore si souvent les juifs et les chrétiens. C'est ainsi que deux paroisses de Strasbourg ont plusieurs fois invité, en ce Dimanche du Judaïsme, un membre de la communauté juive à venir prendre la parole à la fin d'une messe ou d'un culte. Cet acte courageux (il n'est pas évident pour un juif d'entrer dans une église, encore moins de "prêcher" devant une communauté chrétienne…) lui a permis d'établir de profonds liens d'estime sinon avec les paroissiens du moins avec leurs pasteurs.
* À Strasbourg : l'Amitié
judéo-chrétienne, l'Association Charles-Péguy, le Groupe
d'études bibliques interconfessionnel, les Sœurs de N.D. de Sion
et "Etude du Judaïsme"
À Colmar : "Juifs et chrétiens pour se
mieux connaître"
À Mulhouse : l'Amitié judéo-chrétienne
et l'association Bible
et Culture
A Blotzheim (près de Saint-Louis) : le groupe Menora
Et deux instances régionales d'Eglise : la Commission diocésaine
pour les relations avec le judaïsme (catholique) et la toute jeune Commission
protestante de dialogue avec le judaïsme.
Relations judéo-chrétiennes | ||