La haute figure de Mgr Elchinger
est non seulement inséparable de l'Alsace mais aussi de la Communauté
juive dont il fut, aux heures dramatiques du Concile Vatican II, le défenseur
obstiné, face aux églises orientales qui avaient tenté
d'empêcher tout aggiornamento de la part du Vatican vis-à-vis
des juifs.
Mais c'est lui aussi qui imposa le projet papal d'une "déclaration en faveur des juifs" qui avait failli tomber aux oubliettes sous la pression des églises du monde arabe. En France, alors qu'il présidait l'Assemblée des évêques, il donna à l'Eglise une impulsion considérable dans ses relations avec le judaïsme grâce à sa célèbre Déclaration du Comité épiscopal français pour les relations avec le judaïsme qui fut diffusée la veille de Pessah 1973. Ce texte est remarquable à tous points de vue. Il ne se contente pas comme la déclaration conciliaire de Vatican II de s'élever contre l'antisémitisme. Il cherche à en extirper toutes les racines, religieuses ou non, à en dénoncer toutes les formes. Il tient en même temps à faire savoir aux chrétiens que le peuple juif a une vocation permanente et il n'hésite pas à souligner à ce propos la mission sacerdotale du peuple juif dont il dit qu'elle consiste à sanctifier le nom de Dieu dans le monde et qu'elle "fait de la vie et de la prière du peuple juif une bénédiction pour toutes les nations de la terre".
Mais il y a plus encore. Il prend fermement position pour le droit d'Israël de revenir et de se réunir sur sa terre, "cette terre que Dieu lui a donnée" et il affirme que "la conscience universelle ne peut refuser au peuple juif, qui a subi tant de vicissitudes au cours de l'Histoire, le droit et les moyens d'une existence politique propre parmi les nations". Jusqu'alors, l'amitié entre juifs et chrétiens nous semblait se fonder sur leur appartenance commune à l'humanité, au monde moderne. Certes, dans la perspective juive, le christianisme se justifiait ; il portait le monothéisme aux gentils (Maïmonide sur les lois royales) mais qu'était donc le judaïsme dans la vision chrétienne ? Une prophétie qui survit à son accomplissement ? Le témoignage incarné d'un échec ? La vierge aux yeux bandés sculptée sur la cathédrale de Strasbourg ? Un résidu, une survivance, une relique ? Ou bien une pièce à conviction ? Et voilà que Mgr Elchinger - inspiré en cela par sa proximité avec le grand rabbin Warschawski -, nous a rendu aux yeux des chrétiens du monde une signification dans l'avenir et la vie. Transformant ainsi le sens même des relations judéo-chrétiennes.
BIOGRAPHIE de Mgr ELCHINGER
Léon Arthur Elchinger, est né le 2 juillet 1908 à
Soufflenheim dans le Bas-Rhin. Né allemand, il aura, comme tous
ses contemporains, changé quatre fois de nationalité.
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