Henri-Léon CHAMPANE (dit "Champagne")
1898 - 1948
Le grand-rabbin Henri-Léon Champane, dit Champagne, est né à Varsovie le 21 avril 1898.
Sa famille émigre en France en 1900.
Il entre au séminaire Israélite de Paris en 1916, où il obtient le diplôme de rabbin en décembre 1921. Il est naturalisé francais en 1922.
Châlons-sur-Marne sera son premier poste (1921-1925).
Il sera successivement rabbin de Lunéville (1925-1927), de Belfort (1927-1936) puis à partir de 1936, rabbin du Consistoire Israélite de Paris, à la synagogue de la rue Chasseloup-Laubat d’abord, et finalement à la synagogue de la rue des Tournelles en 1938.
Il est nommé aumônier militaire au 17e corps d’Armée en 1935 et élevé au grade d’officier dans l’ordre des Palmes académiques cette même année.
Durant la deuxième guerre mondiale, affecté à la 9ème région militaire à Châteauroux en juillet 1940, il est démobilisé en octobre. Il exerce son ministère à Châteauroux puis à St-Etienne, d’où il voyage fréquemment à Lyon où est replié le Consistoire Central.
Il effectue un travail considérable dans la région du Forez, et ses mérites sont reconnus par le gouvernement qui dès mars 1946 le nomme Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.
A la libération il retrouve son poste au Grand Temple de la rue des Tournelles, poste qu’il occupera jusqu’à son décès, le 28 août 1948.
Sa personnalité a été bien évoquée dans cet éloge funèbre :
"Le mot de souvenir peut, certes, prendre le sens de regret lorsque nous l'attachons à la mémoire du Grand Rabbin Henri Champagne.
Le Grand Rabbin Champagne a été rappelé à Dieu bien prématurément, le 28 août, en plein épanouissement de ses facultés. Une douloureuse maladie l'a brutalement arraché à l'affection des siens, à l'amitié et au respect de sa communauté de la rue des Tournelles, à l'estime - je dirai même : à l'admiration - de ses collègues du Rabbinat.
Ce qui attirait et captivait, en premier lieu, dans sa belle figure toujours calme, c'est la douceur du regard, et l'on comprenait, dès l'abord, l'action bienfaisante qu'il pouvait exercer sur les malheureux. Et puis, lorsque cette figure s'éclairait encore davantage pour annoncer la parole, lorsque les mots, - les mots éternels ou les mots éphémères - étaient prononcés, c'est le charme d'une voix bien posée et d'un timbre séduisant qui opérait, une voix prête à consoler ou convaincre. Et enfin, lorsque la pensée était exprimée, on la sentait parfaitement claire, profondément sincère et toujours émouvante.
Mais cet homme sage et avisé, ce guide spirituel si intensément dévoué à ses administrées et si passionnément attaché au service de Dieu, ce pasteur d'Israël possédait un trait de caractère qui doit être souligné : il avait à l'exemple de Moïse, devant Dieu et devant les hommes, l'humilité des âmes nobles. Pour lui, pas de distinction entre les grandes et les petites tâches. Du moment qu'il s'agissait de son ministère rabbinique, il était toujours prêt, sans hésiter, sans ménager sa peine, sans classer ses efforts, Partout om l'on avait besoi de lui - ou d'un autre - il se présentait...
Humble et noble, tel il était à ses débuts à Chalons-sur-Marne, à Belfort, puis à Paris, au temple de la rue Chasseloup-Laubat, et enfin au temple de la rue des Tournelles. Tel il traversa les périls de la guerre, aumônier militaire, aumônier des champs, rabbin à Châteauroux et à Saint-Etienne. Tel il resta, après la Libération, travaillant à rassembler, reconstruite la communauté des Tournelles si durement éprouvée.
A ce pasteur éminent, les Consistoires ont tenu à décerner le titre de Grand Rabbin.
Au cours de ses obsèques solennelles, dans son temple, son chef et ami, le Grand Rabbin de Paris, et le Président du Consistoire ont pris la parole pour rendre au disparu le juste hommage qui lui était dû..."