Rencontre du Grand Mufti de Syrie
et du Grand Rabbin de Strasbourg
à Strasbourg, le 15 janvier 2008

Le grand mufti de Syrie (à dr.) offre au grand rabbin de Strasbourg une boîte contenant des confiseries de Damas
Dans le cadre de l'année européenne du dialogue interculturel le Parlement européen a décidé d'inviter une série de personnalités représentant les diverses cultures et religions du monde. Le premier invité était Le Grand Mufti de Syrie, Ahmad Bader Hassoun, qui s'est adressé aux députés lors d'une séance solennelle. Il a placé le respect de la dignité humaine au cœur de son discours.

Le grand mufti de Syrie est considéré comme un défenseur du dialogue interreligieux de son pays. Dans sa visite de ce jour, il était accompagné de dirigeants d'autres religions et notamment de l'Evêque Antoine Odo, président de l'Episcopat chaldéen de Syrie.

Le grand mufti de Syrie a rappelé qu'il était originaire d'une région qui a accueilli toutes les religions monothéistes.
"Il n'y a qu'une seule civilisation. Les cultures ont enrichi la civilisation humaine", a-t-il affirmé. "Dans notre région, nous ne croyons pas au choc des civilisations car la civilisation est unique. Cependant, les cultures sont différentes", a-t-il ajouté, "et la civilisation se heurte, de nos jours, à l'ignorance et au terrorisme".
La religion "donne à la civilisation une morale et des valeurs", "les religions diffèrent mais il existe un seul Dieu auquel nous sommes soumis".
"Il ne devrait pas y avoir de guerre sainte car seule la paix est sainte". Il a ensuite placé l'être humain au cœur de son discours : "Lorsqu'ils sont détruits, les lieux saints peuvent être reconstruits, lorsqu'un homme est mort, rien ne peut le ressusciter". Aussi, "la civilisation doit-elle se fonder sur des bases humaines et non pas religieuses", a-t-il ajouté.
Pour favoriser la paix dans le monde, "il faut commencer par la Palestine, terre de la paix", a estimé le grand mufti de Syrie. "Il faudrait détruire les murs, construire des écoles et y amener Palestiniens et Israéliens à vivre en paix". "En Syrie, nous voulons une paix réelle", a-t-il affirmé faisant référence aux déclarations du Président Bachar al-Assad. "Nous croyons que nous pouvons vivre en une seule famille, juifs, musulmans, chrétiens et laïcs (...) Le monde musulman a toujours voulu la paix mais des injustices ont créé des tensions et favorisé l'extrémisme. La religion a été créée pour la paix, pas pour tuer", a-t-il indiqué.

De plus, le grand mufti de Syrie a demandé à rencontrer le grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, René Gutman. Les deux dignitaires religieux se sont entretenus pendant une heure et demi "dans une ambiance sereine, marquée par un sentiment de confiance réciproque", a dit le grand rabbin René Gutman. Celui-ci a présenté à son interlocuteur la liste des prisonniers israéliens dans les pays arabes (depuis 1982 et les plus récents) dont il lui a fourni les noms, en demandant qu'il intervienne aupres du president Assad pour que les familles aient enfin de leurs nouvelles. Ahmad Bader Hassoun a évoqué la possibilité d'inviter le grand rabbin Gutman en Syrie pour que celui-ci évoque la contribution juive à la culture arabe.


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