Le grand mufti de Syrie est considéré comme un défenseur du dialogue interreligieux de son pays. Dans sa visite de ce jour, il était accompagné de dirigeants d'autres religions et notamment de l'Evêque Antoine Odo, président de l'Episcopat chaldéen de Syrie.
Le grand mufti de Syrie a rappelé qu'il était originaire d'une
région qui a accueilli toutes les religions monothéistes.
"Il n'y a qu'une seule civilisation. Les cultures ont enrichi la civilisation
humaine", a-t-il affirmé. "Dans notre région, nous
ne croyons pas au choc des civilisations car la civilisation est unique. Cependant,
les cultures sont différentes", a-t-il ajouté, "et
la civilisation se heurte, de nos jours, à l'ignorance et au terrorisme".
La religion "donne à la civilisation une morale et des valeurs",
"les religions diffèrent mais il existe un seul Dieu auquel nous
sommes soumis".
"Il ne devrait pas y avoir de guerre sainte car seule la paix est sainte".
Il a ensuite placé l'être humain au cœur de son discours
: "Lorsqu'ils sont détruits, les lieux saints peuvent être
reconstruits, lorsqu'un homme est mort, rien ne peut le ressusciter".
Aussi, "la civilisation doit-elle se fonder sur des bases humaines et
non pas religieuses", a-t-il ajouté.
Pour favoriser la paix dans le monde, "il faut commencer par la Palestine,
terre de la paix", a estimé le grand mufti de Syrie. "Il
faudrait détruire les murs, construire des écoles et y amener
Palestiniens et Israéliens à vivre en paix". "En Syrie,
nous voulons une paix réelle", a-t-il affirmé faisant référence
aux déclarations du Président Bachar al-Assad. "Nous croyons
que nous pouvons vivre en une seule famille, juifs, musulmans, chrétiens
et laïcs (...) Le monde musulman a toujours voulu la paix mais des injustices
ont créé des tensions et favorisé l'extrémisme.
La religion a été créée pour la paix, pas pour
tuer", a-t-il indiqué.
De plus, le grand mufti de Syrie a demandé à rencontrer le grand
rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, René Gutman. Les deux dignitaires
religieux se sont entretenus pendant une heure et demi "dans une ambiance
sereine, marquée par un sentiment de confiance réciproque",
a dit le grand rabbin René Gutman. Celui-ci a présenté
à son interlocuteur la liste des prisonniers
israéliens dans les pays arabes (depuis 1982 et les plus récents)
dont il lui a fourni les noms, en demandant qu'il intervienne aupres du president
Assad pour que les familles aient enfin de leurs nouvelles. Ahmad Bader Hassoun
a évoqué la possibilité d'inviter le grand rabbin Gutman
en Syrie pour que celui-ci évoque la contribution juive à la
culture arabe.