Paul Roitman
est né en 1920 à Tarlow en Pologne, au sein d'une petite
communauté ‘hassidique. Cinq ans plus tard, poussée par
les difficultés économiques, sa famille émigre en France
et s'installe à Metz,
où elle demeurera jusqu'à la guerre.
En 1935, âgé de 15 ans, Paul Roitman fonde avec quelques amis le groupe du Brith Hanoar de Metz. En 1936, il dirige avec Moché Scheinbach, chef du groupe de Strasbourg, son premier camp d'été.
En 1945, il épouse Léa Schleider, une jeune assistante sociale
qui a travaillé à ses côtés dans la Résistance.
Le couple s'installe à Paris.
Renonçant à reprendre ses études de médecine, Paul
Roitman décide alors de consacrer sa vie au peuple juif et à sa
reconstruction. Il entre à l'Ecole rabbinique de la rue Vauquelin,
dans l'intention de travailler comme aumônier de la jeunesse.
C'est finalement dans le cadre de l'Agence juive qu'il exercera
son action militante, puisqu'il y occupe jusqu'en 1970 le poste,
créé pour lui, de directeur de la Section religieuse du département
de la jeunesse pionnière, pour l'Europe et l‘Afrique du Nord.
Sous son égide, le Bné Akiba de France, suite naturelle du Brith hanoar, voit ses effectifs grandir et son emprise s'étendre à l'ensemble du territoire. Parallèlement à son action nationale, Paul deviendra "rabbin itinérant" dans la plupart des villes d'Europe où selon les cas il renforce les centres existants ou en crée de nouveaux. De train en train, il parcourt ainsi la Scandinavie, l'Italie, le Bénélux, la Suisse, l'Autriche, la Grèce, le Portugal… Partout, il implante des structures, insuffle un esprit de renouveau. Parallèlement, il ouvre son action aux pays d'Afrique du Nord, où il se rend régulièrement, et qu'il connaît de très près, jusque dans ses plus petites communautés.
En 1958, avec l'arrivée des premiers juifs réfugiés d'Algérie, il lance une vaste opération de secours et de regroupement des "rapatriés" arrachés à leurs communautés d'origine et dispersés dans les banlieues parisiennes. Pour les retrouver, il mobilise à lui tout seul, et contre l'avis de l'establishment, plusieurs centaines de jeunes intellectuels juifs (jusque là souvent détachés de toute structure communautaire) qu'il envoie "prospecter" chaque dimanche dans les banlieues. Le mouvement de Thora Vezion retrouvera ainsi et réinsérera dans la vie juive française près de 100.000 frères déracinés. Au milieu des années soixante, Paul Roitman crée pour cette jeunesse des banlieues un mouvement de jeunesse indépendant, Tikvaténou.
En 1970, il émigre avec sa famille en Israël. A Jérusalem, il reprend son travail inlassable, et fonde avec quelques étudiants bénévoles le correspondant israélien de Thora Vezion : c'est Thora Bezion, mouvement éducatif et social à caractère sioniste et religieux, orienté vers la jeunesse des quartiers défavorisés, dans les grandes villes d'Israël et les régions en voie de développement. Il comprend la nécessité sociologique d'offrir à ces enfants de partir en vacances et de renforcer leur identité nationale et communautaire. C'est ainsi qu'il fonde Tzedek, la branche cadette de Thora Bezion, qui a accueilli dans ses camps plus de 20.000 enfants, dont des émigrants éthiopiens et russes.
Paul Roitman était officier de la légion d'honneur au titre de la Résistance, décoré de la médaille de la Ville de Paris, lauréat du prix de Jérusalem de l'Agence Juive, citoyen d'honneur de la ville de Jérusalem, élevé par le Consistoire de Paris au titre de grand rabbin.
Paul Roitman est décédé à Jérusalem le 21 août 2007 (21 eloul 5767).
Camp de Laversine, 1953 |
Cours de scoutisme au séminaire de Djerba, 1957 |
P. Roitman à Milan, mars 1960 |
P. Roitman à BeerSheva (années 1980) : rencontre avec des enfants de Sderoth |