Bien que notre témoin, Henry Schumann, soit né après la guerre en 1947, il a subi les conséquences des drames vécus par sa famille. Il vit une enfance qu'il qualifie de "ni heureuse ni malheureuse' aux côtés d'un père détruit par cette guerre.
Le père de M. Schumann, né en Pologne en 1904, était venu vivre en France qu'il considérait comme le pays des "Droits de l'Homme". Selon l'expression employée à l'époque, il voulait être "heureux comme un Juif en France". Naturalisé français en 1925, il effectue un service militaire de trois ans puis est mobilisé en 1939. Prisonnier en 1940, il est incarcéré au stalag IV/B dans le nord de l'Allemagne jusqu'à la fin de la guerre. Dans son malheur il a eu la chance d'être arrêté et détenu par la Wehrmacht, armée allemande, qui traitait correctement ses prisonniers contrairement aux SS dans les camps de concentration.
 Photos du père de M. Schumann quand il était prisonnier de guerre. Il a servi d'interprète |
 Carte de rapatrié du père de M. Schumann |
 Carte d'identité française de la maman de M. Schumann avec la mention "JUIVE" |
 Carte de combattant du père de M. Schumann |
La mère de Monsieur Schumann, réfugiée dans un village près d'Angers, y a passé toute la guerre sans jamais être inquiétée tout en étant recensée comme juive. Elle y a élevé seule sa fille née en 1938. Bien qu'ayant une fausse carte d'identité, elle a traversé l'Allemagne en train en présentant ses vrais papiers et en portant l'étoile juive pour aller voir son mari ! Ce n'est qu'après la guerre qu'elle a pris conscience des risques qu'elle avait courus et n'a jamais compris comment elle avait pu accomplir ce trajet.
Le père de M. Schumann, à son retour de captivité, a appris que ses parents, restés en Pologne, après avoir été enfermés dans le ghetto de Cracovie, étaient morts en déportation. Il en est resté traumatisé et a effectué pendant plusieurs années des séjours en hôpital psychiatrique.
