Aron André
Témoignage de Denise Bloch, sœur d’André Aron.
Andre Aron a 7-8 ans
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André Aron est né le 28 mai 1921 à Strasbourg. La famille était originaire du Bas-Rhin, Mommenheim du côté paternel et Soultz-sous-Forêts du côté maternel.
Il passa sa prime enfance à Neuf-Brisach où notre père était domicilié.
Il passait ses vacances chez ses grands parents maternels à Soultz-sous-Forêts.
Une petite anecdote: à 3 ans, il alla seul à la gare de Neuf-Brisach dans l’espoir de prendre le train pour Soultz-sous-Forêts. Il était très en avance pour son jeune âge, il savait compter à 3 ans.
En 1924, mes parents déménagèrent à Colmar où mon père créa une petite entreprise de vente de machines agricoles. André entra au Lycée Bartholdi où il fit de bonnes études. Mes parents le destinèrent selon les usages de l’époque au métier de commerçant. À 12 ans, il changea d’établissement scolaire et fréquenta l’E.P.S. (actuellement Collège Lamartine). Il passa son certificat d’études primaires fort honorablement. Ensuite, il fréquenta le collège pour faire des études de comptabilité.
Voilà les faits marquants de son enfance.
En 1940, à l’âge de 19 ans, nous quittâmes à la débâcle notre ville et faute de moyens de transport, nous partîmes à pied, mes parents, mon frère et moi avec nos bagages jusqu’à Pfaffenheim. La police colmarienne nous fit reculer et nous rentrâmes en voiture à Colmar. Nous partîmes définitivement le 14 juillet 1940 pour Gérardmer où nous trouvâmes sur les hauteurs de Gérardmer un petit logement.
Leopold et Andre Aron devant le magasin familial
22 Rue du Nord a Colmar - 1938
En août, une lettre de la mairie de Gérardmer nous enjoignit de quitter la petite ville, ce que nous fîmes. Nous avions opté pour Dijon où nous retrouvâmes les cousins Wormser. André trouva du travail dans un magasin de tapis.
Après une certaine période de tranquillité, les rafles commencèrent, c’était la zone occupée. Mes parents décidèrent de partir à nouveau en mars 1942 pour la zone dite libre. Après un voyage fort pénible, nous passâmes la ligne de démarcation à Seurre (Côte d’Or), le train nous déposa à Lyon où nous espérions rester.
André trouva du travail à Lyon comme employé dans une école privée par correspondance. Le travail lui plut. À Lyon, la situation se détériora rapidement. La capitale de la Résistance vécut les rafles de plus en plus nombreuses. André avait pour habitude de déjeuner à midi Cours Lafayette, dans un centre alsacien. Le 20 juillet 1944, une rafle eut lieu dans cet établissement; la Gestapo voulait arrêter des évadés réfractaires alsaciens au service armé. Hélas, ils arrêtèrent aussi des Juifs qui furent emprisonnés au Fort Montluc de sinistre mémoire.
Début août 1944, nous sûmes par un mot tombé sur la voie du chemin de fer qu’il avait quitté Lyon: "destination inconnue". Nous n’eûmes plus aucune nouvelle, ni pendant, ni après la guerre. Nous pensons qu’il n’a pas survécu au voyage horrible, ou que la sélection lui fut fatale.
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