Hirschler René et Simone
Extrait de"“Hommes de Dieu dans la tourmente - L’histoire des rabbins déportés" de Paul Lévy.
René Hirschler naît le 8 octobre 1905 à Marseille, dans une famille à la double origine, comtadine et alsacienne.
En octobre 1921, il est admis à titre provisoire à l’école rabbinique et définitivement en 1922. Il obtient son diplôme de rabbin le 12 juillet 1928.
En 1929, René Hirschler n’a pas tout à fait 25 ans lorsqu’il est nommé rabbin de Mulhouse en remplacement de Jacob Kaplan. René Hirschler poursuit la tâche entreprise par ce dernier auprès des mouvements de jeunesse Chemah Israël et des E.I. En 1931 il crée le Home d’enfants, et en 1937 construit la maison de la communauté où sont célébrés les premiers oneg chabbat.
Il développe la communication intracommunautaire avec le journal Itoneinou et l’organe communautaire, Kadimah. Il épouse Simone Lévy, de Mulhouse, son élève et collaboratrice. Trois enfants naissent dans la famille du grand rabbin, Myriam en 1933, Jocelyne en 1935 et Alain en 1938.
En 1939, René Hirschler remplace à Strasbourg Isaïe Schwarz, nommé grand rabbin de France. Son installation se déroulant le dimanche 2 juillet, il n’a pas vraiment le temps de prendre ses fonctions deux mois plus tard il endosse l’uniforme d’aumônier du 14ème corps d’armée.
Dès la déclaration de guerre, les Alsaciens sont transférés vers les départements d’accueil de Dordogne et de Haute-Vienne. Malgré ses fonctions d’aumônier, René Hirschler leur rend visite à plusieurs reprises. Il est aidé sur place par les rabbins Victor Marx et Élie Cyper à Périgueux et Abraham Deutsch à Limoges.
À la même époque est créée, par René Hirschler, l’Aide sociale israélite des populations repliées d’Alsace et de Lorraine, ayant son siège social à Périgueux.
Dès septembre 1939, l’hospice Elisa est installé à Sarlat, le Nid et l’orphelinat des jeunes filles à Vélines, alors que la clinique Adassa, transformée en asile pour vieillards, est logée aux Eyzies.
Le 30 octobre 1940, à Marseille, sous l’égide du grand rabbin de France, se forme la CCOJA, René Hirschler en est nommé secrétaire général. La Commission centrale des organisations juives d’assistance oriente ses efforts vers l’aide aux internés.
Le 15 mars 1942, le grand rabbin de France et le Consistoire central créent l’Aumônerie générale et nomment à sa tête René Hirschler. Ce dernier nomme six aumôniers régionaux qui, à leur tour, nomment, parmi les internés, des aumôniers auxiliaires accrédités directement auprès des camps.
Au mois de mars 1942, Simone Hirschler met en place un système de parrainage des internés.
Au cours de l’été 1942, des relations s’établissent entre Gilbert Lesage, responsable du SSE, et René Hirschler; le "réseau d’alerte" est mis en place. Sous l’impulsion des deux hommes, le SSE devient un précieux auxiliaire des réseaux clandestins.
Pendant les années 1943-1944, dans les GTE (Groupements de travailleurs étrangers), il nomme près de 150 internés aumôniers auxiliaires, ce qui évite à certains la déportation.
Il entretient des contacts fréquents avec la Résistance. À la fin de l’année 1941 et en août 1942, deux responsables de la Résistance, Max Hymans et Jean Bader, le sollicitent pour les aider à sauver des Résistants internés ou sur le point de se faire arrêter.
A Marseille, il soutient "le service André", l’une des filières de sauvetage les plus efficaces. Le 22 janvier 1943, dans cette même ville, lorsque 786 Juifs sont arrêtés, parmi lesquels 570 de nationalité française, Hirschler proteste auprès des autorités. Protestations renouvelées lors des rafles importantes organisées par la Gestapo dans la nuit du 8 au 9 avril 1943.
Le 23 décembre 1943, toujours à Marseille, la Gestapo arrête René Hirschler et sa femme, qui sont déportés dans le convoi n° 67 du 3 février 1943. À Auschwitz, tous deux sont sélectionnés pour le travail forcé. Simone Hirschler est gazée en avril 1944. René Hirschler, devenu le matricule 121627, est employé à décharger les wagons de charbon livrés à une usine. Le 17 janvier 1945, à l’approche des soviétiques, les Allemands décident d’évacuer le camp. René Hirschler participe à cette longue marche dans le froid et la neige. Vers la fin février 1945, mourant, le matricule 121627 est transféré à Ebensee, près de Salzbourg, où il décède en mars ou avril. |