Madeleine SchickDrancy, le 15 Février 1943 Mes biens chers, Envoyez-moi je vous prie, le colis vestimentaire (exactement ce que je vous demande) que je vous demande car naturellement je n’ai rien. Prenez l’argent que j’ai laissé dans ma valise et envoyez-moi : 1° 50F régulièrement, 2° des colis réguliers je vous en prie svp car vous comprenez qu’ici c’est encore pire que chez Tante Mathilde. Prenez mes cartes que j’avais et envoyez-moi tout ce que vous pouvez. (pain, biscottes, fromage, pâtes etc.…., beurre etc.… . Demandez à tous les amis, aux parents de Roger ; faites passer mes cartes à Roger svp. Envoyez mes colis alimentaires à la mère et l’enfant 120 , Bvd de Belleville Paris 2ème pour M. Schick escalier 13, Chambre 3 Camp de Drancy. PS : Roger Meyer était le fiancé de Madeleine, il a été fusillé par les Allemands à Talluyers
Dimanche 8 février avait lieu, comme chaque année, la cérémonie commémorative de la rafle de la rue Sainte Catherine de Lyon, à l’initiative commune de la municipalité et du CRIF Rhône-Alpes. Le 9 février 1943, le siège de L’UGIF (Union Générale des Israélites de France) situé au 12 de la rue Sainte-Catherine, a fait l’objet d’une descente de la gestapo de Klaus Barbie. Cette rafle fut suivie d’une souricière destinée à ramasser le maximum d’employés de ce bureau d’assistance juive et de personnes qui s’y présenteraient. 86 Juifs, âgés de 13 à 60 ans, furent raflés, deux d’entre eux s’échappèrent, 84 furent transférés à Drancy et 80 furent déportés. Il n’y eut que 3 survivants. Une centaine de personnes ont assisté à la très émouvante cérémonie de commémoration de cette terrible rafle, élus, notables et personnalités communautaire juives de Lyon. Parmi elles, Evelyne Haguenauer, adjointe au maire chargée de la mémoire et des anciens combattants, Marcel Dreyfuss, président du consistoire de Lyon, France Palmer, présidente des Bâtisseuses de la Paix Rhône-Alpes et Charles Suissa, délégué du Keren Kayemet Leisrael. Première à prendre la parole après que les gerbes aient été déposées, Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon, a évoqué les témoignages poignants des survivants de la rafle de la rue Sainte Catherine, entendus lors du procès de Klaus Barbie en 1988 à Lyon, et a rappelé comment « la mécanique implacable des théories antisémites, a été facilité par l’indifférence d’une partie des nations européennes. Aussi commémorer, … c’est faire toucher du doigt, aux plus jeunes d’entre nous notamment, comment les mécaniques du rejet et de la haine se mettent en place et peuvent aboutir à ces catastrophes… Nous devons sans cesse exercer notre regard pour voir dans l’autre un membre de notre commune humanité et faire reculer la barbarie. » Charles Sultan, vice président du CRIF Rhône-Alpes, a fait part de l’indignation du CRIF face au négationnisme et de son espoir de réconciliation nationale : « …Certains pensaient que les évènements terribles de la shoah étaient inscrit à jamais dans la mémoire collective… Mais, aujourd’hui, prolifère toute une catégorie d’individus, d’horizons très divers qui se rejoignent très naturellement autour de la négation de la Shoah… Mesdames et messieurs, toutes les personnes qui ont été raflées ici et déportées dans les camps nazis sont morts innocents, et les négateurs de leur tragique destin veulent les assassiner une seconde fois. Alors, oui, notre présence ici est essentielle… On reconnaît au CRIF le droit et le devoir de commémorer et de se recueillir, mais que n’a-t-on pas entendu à son sujet ces dernières semaines ? Ainsi le CRIF ferait l’apologie des crimes de guerre et serait l’importateur du conflit entre Israël et le Hamas en France. Ainsi le CRIF serait le porte-parole du gouvernement israélien. Non. Le CRIF n’est, auprès des autorités de la République, que le porte parole du judaïsme français, et cela est déjà bien suffisant. Ses missions sont : la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie ; le devoir de mémoire ; la défense des droits de l’homme et des valeurs républicaines ; et le soutien à l’Etat d’Israël, dans son désir de pérennité et dans la paix… Le CRIF a toujours été le moteur d’un rapprochement intercommunautaire et interreligieux, notamment avec la communauté musulmane, avec qui nous avons tissé des liens forts… Notre souhait le plus profond est celui de voir le dialogue renaître. » Enfin, Richard Wertenschlag, grand rabbin de Lyon, a dérogé aux habitudes protocolaires, faisant précéder sa prière d’un discours remarquable et virulent, rappelant les atrocités auxquelles la haine antijuive à conduit par le passé : « Dieu du ciel, vois avec quel mépris nous avons été traité au milieu des peuples. Ils nous ont considéré comme un troupeau mené à la boucherie, nous ont voué à la mort et à l’ignominie. Mais, malgré tout nous n’avons pas oublié ton nom. Souviens-toi de nous à ton tour. Tes ennemis disent que notre espoir est vain… Ne nous abandonne pas aux mains des hommes cruels », a-t-il conclu, traduisant les paroles du roi David.
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