Starck Maurice

Témoignage de Jean-Pierre Roth, Colmar.

Maurice Starck            Moïse, Léon, surnommé Riri par sa famille et ses amis, est né le 26 mai 1924 à Colmar, Haut-Rhin, 16 rue Roesselmann (Clinique Saint Joseph).
Fils de Starck Ernest - commerçant et négociant bestiaux, né à Horbourg (Haut-Rhin) et de Madame Starck née Bloch Marie Adrienne, née à Guebwiller (Haut-Rhin)

            La famille Starck a habité, jusqu’en juin 1940, dans la demeure familiale, 27 Grande rue à Horbourg. Grande maison de deux étages, à deux corps, l’un étant les étables avec greniers à foin et à paille, l’autre l’habitation vaste, le tout séparé par une grande cour pavée.
Maurice Starck avait une soeur aînée Clémence, surnommée Poupoule, mariée à un Docteur Lévy à Paris. Il avait également un frère aîné, Jean, surnommé Hansi, marié à une personne de Colmar.
Maurice a fréquenté l’école primaire de Horbourg, et ensuite le Lycée Bartholdi, de la sixième à la troisième. Il a été mon condisciple et mon ami pendant ces quatre années de jeunesse, mon camarade de jeu, des rencontres hebdomadaires du jeudi, de sport, et autres distractions.
Il est devenu Bar Mitzwah à la Synagogue de Horbourg. Riri était un beau garçon, aux yeux bleus tous clairs et limpides, le regard franc et droit, le cheveu blond bouclé, une raie sur le côté, la peau claire avec quelques taches de rousseur, le nez légèrement busqué ; il était grand, fort, robuste, musclé, sportif, calme mais déterminé.

            Mes parents, ma famille et moi, avions rencontré la sienne durant l’exode, en juin 1940, à un arrêt au bord d’une route. Les haltes étaient fréquentes en raison de l’incroyable encombrement des routes, du désordre et de la pagaille qui y régnaient. Les voitures chauffaient, les radiateurs étaient en ébullition.
C’est la dernière fois que j’ai vu Riri.

            J’ai échangé quelques lettres avec lui pendant que j’étais interne dans une école en zone dite libre. Il m’avait étonné par la fougue de ses écrits, dans lesquels il s’était,  une fois, clairement exprimé de son désir de rejoindre l’Angleterre. (Le courrier était surveillé et la censure sévissait). J’ai su, en 1943, qu’il avait réussi à franchir la frontière suisse, d’où il a ensuite été refoulé.
Au printemps 1944, il a été arrêté : il garnissait les boîtes à lettre, à Lyon, de tracts de la Résistance. Il a été battu et torturé, d’une manière abominable. Sa mère, Madame Starck, a assisté à son supplice. Elle a eu la vie sauve.

            Maurice Starck est mort le jour de son anniversaire de 20 ans, le 26 main 1944 à Vienne (Isère). Son patronyme figure sur le monument aux morts de la ville de Horbourg-Wihr.

Extrait de "Hommage aux morts de la guerre 1939-1945" publié par le Lycée Bartholdi, Colmar

Né le 26 mai 1924 à Colmar. Élève du Lycée de 1933 à 1940. En 1940 trouve un domicile de refuge à Vienne (Isère) où il poursuit ses études. Il s'engage dans la Résistance et, le 25 mai 1944, est arrêté en même temps que sa mère, avec les chefs du mouvement et quelques membres, une vingtaine au total. Tous sont transférés au Fort Monluc à Lyon où sa mère peut les revoir quelques heures. On retrouve les corps mutilés de tout le groupe mais celui du jeune Starck manque; on ne peut que faire des conjectures sur son sort.

 

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