Weill FernandTémoignage de Claudine Weill, petite-fille de Fernand Weil. Mon grand-père Fernand est né à Mulhouse en 1878. Il y a épousé Agathe Lehmann. Ils eurent 2 enfants: ma tante Yvonne Geissmann et mon père René. Ils ont vécu à Mulhouse et tenaient un commerce de tissus, dans lequel mon père a travaillé pendant quelques années.
Un jour de novembre 1943, grand-père est parti à Vichy, en bicyclette bien sûr, pour voir un ami; c’est là qu’il a été pris lors d’une rafle, et transféré à Drancy. Il a fait partie du convoi n° 64 du 7.12.1943, en direction d’Auschwitz. Du train, il nous a fait parvenir deux cartes postales dans lesquelles il disait: "le cultivateur va bien, il est en voyage". Le reste de la famille est demeuré à Puy Guillaume; ma grand-mère voulait qu’il sache où nous retrouver. Cependant, nous avons dû, à plusieurs reprises, et pour des périodes prolongées, nous cacher en disparaissant dans la nature. Épilogue: après la guerre, le propriétaire de la ferme a poursuivi ma grand-mère en justice pour réclamer les fermages impayés depuis la déportation de mon grand-père. Il a gagné en première instance. Les attendus du jugement font allusion à l’incapacité des Juifs aux métiers manuels et agricoles. Outré, mon père a fait appel, pour l’honneur. Il a eu gain de cause: le jugement a été annulé, et il a touché 1 franc en dommages et intérêts. |