ICI HABITAIT HERSCH JAKUBOWICZ NÉ 1881 ARRETÉ 9.10.1942 INTERNÉ MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉ 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉ 11.11.1942 |
ICI HABITAIT ZLATA JAKUBOWICZ NÉE URSTEIN 1885 ARRETÉE 9.10.1942 INTERNÉE MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉE 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉE 11.11.1942 |
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ICI HABITAIT
FAJGA CHMILIENSKI NÉE JAKUBOWICZ 1905 ARRETÉE 9.10.1942 INTERNÉE MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉE 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉE 11.11.1942 |
ICI HABITAIT
JULES CHMILIENSKI NÉ 1929 ARRETÉ 9.10.1942 INTERNÉ MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉ 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉ 11.11.1942 |
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ICI HABITAIT
MARCEL CHMILIENSKI NÉ 1933 ARRETÉ 9.10.1942 INTERNÉ MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉ 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉ 11.11.1942 |
ICI HABITAIT
MARTHE CHMILIENSKI NÉE 1936 ARRETÉE 9.10.1942 INTERNÉE MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉE 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉ 11.11.1942 |
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ICI HABITAIT
SALA FERNBACH NÉE JAKUBOWICZ 1908 ARRETÉE 16.7.1942 INTERNÉE MULSANNE-ANGERS DÉPORTÉE 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉE 25.07.1942 |
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HUGO FERNBACH NÉ 1900 ARRETÉ 16.07.1942 INTERNÉ MULSANNE-ANGERS DÉPORTÉ 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉ 03.10.1942 |
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ICI HABITAIT
RICKA FERNBACH NÉE 1939 ARRETÉE 9.10.1942 INTERNÉE MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉE 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉE 11.11.1942 |
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ICI HABITAIT
ANNA JAKUBOWICZ NÉE RAJCHMAN 1914 ARRETÉE16.7.1942 INTERNÉ MULSANNE-ANGERS DÉPORTÉE 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉE 25.07.1942 |
ICI HABITAIT
SYLVIA JAKUBOWICZ NÉ 1936 ARRETÉE 9.10.1942 INTERNÉE MULSANNE-DRANCY DÉPORTÉE 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉE 11.11.1942 |
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ICI HABITAIT
SALOMON JAKUBOWICZ NÉ 1923 ARRETÉ 16.07.1942 INTERNÉ MULSANNE-ANGERS DÉPORTÉ 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉ 25.07.1942 |
ICI HABITAIT
HERSCH JAKUBOWICZ NÉ 1881 ARRETÉ16.07.1942 INTERNÉ MULSANNE-ANGERS DÉPORTÉ 1942 AUSCHWITZ ASSASSINÉ 01.10.1942 |
Tout commence par la découverte d'un nom Jules CHMILIENSKI.
Ce jeune homme est né en 1929 à Mulhouse, son destin l'emmène, comme des milliers d'autres enfants, dans le camp de la mort d'Auschwitz. En retraçant le cours de sa trop courte vie, on rencontre d'autres destins, d'autres tragédies ! A ces horreurs en succède une autre, l'oubli !
Ce n'est pas uniquement l'histoire de Jules, c'est l'histoire de ces Juifs polonais venus chercher refuge en Alsace, c'est l'histoire de jeunes français stigmatisés et assassinés au nom d'une idéologie, mais c'est surtout l'histoire de notre Nation qui, parfois, a préféré oublier. Le souvenir de Jules ne le sera plus, puisque je viens d'obtenir pour lui la mention "Mort pour la France", car notre nation actuelle se doit non seulement de reconnaître la culpabilité d'un régime qu'elle a connu, mais surtout de reconnaître le sacrifice de ses enfants, TOUS ! Si on ne lui donnait pas cette mention, ce serait à nouveau une injustice...
Voici son histoire et celle de sa famille
Il est le fils de CHMILIENSKI Max [Maksymilian], né à Bełchatów en Pologne le 7 mars 1902, qui unit sa destinée à JAKUBOWICZ Fajga née à Lodz, également en Pologne le 15 août 1905. Le couple fuit l'antisémitisme polonais et vient se réfugier en Alsace dès l'année 1921, puis à Mulhouse à partir du 27 septembre 1924. Max est commerçant de peaux de lapins à Mulhouse. Le couple a trois enfants nés à Mulhouse, Jules l'aîné, est né le 29 mai 1929, le cadet prénommé Marcel est né le 29 août 1933 et la benjamine Marthe, Maria est née le 20 février 1936. Lorsque la guerre éclate en 1939, Max s'engage comme volontaire dans l'armée française, mais il est réformé pour maladie et renvoyé dans ses foyers. Lui et sa famille sont expulsés par le décret du Gauleiter Wagner de juillet 1940, ils quittent Mulhouse le 18 juillet 1940 et trouvent refuge à Tuffé, rue Grande, dans la Sarthe, dès le 3 août 1940.
Ils ne quittent pas Mulhouse seuls et sont accompagnés par les parents de Fajga, les Jakubowicz qui habitent 130 rue Anna Schoen et qui sont arrivés en France et à Mulhouse avec leur gendre Max Chmilienski et leur fille Fajga. Il y a Hersch Hermann, son épouse Zlada née Urstein, et leurs deux fils Salomon et Maurice. Une fois installés à Tuffé, ils sont rejoints par Sala, leur fille, épouse de Fernbach Hugo et leur petite-fille Ricka née en 1939 qui vit à Paris. Hersch est bonnetier. Le couple a encore deux fils : David, l'aîné, prisonnier de guerre au stalag 3B et Henri, lui aussi prisonnier de guerre au stalag 12E. Tous deux, soldats de l'armée française, sont fait prisonniers lors de la débâcle et envoyés dans des camps de prisonniers de guerre en Allemagne. Paradoxe de l'Histoire, leur statut de prisonniers de guerre les sauve de la déportation et de l'extermination, ils seront rapatriés en mai 1945 et découvriront le destin des leurs.
A Tuffé, dès le 26 décembre 1940 leurs commerces respectifs, celui de vendeur ambulant (forain) de peaux de lapins de Max et de vendeur ambulant (forain) de bonneterie de Hersch sont jugés inutiles et les biens mis sous administration sans pouvoir exercer. L'état de santé de Max se dégrade et il est admis à l'hôpital du Mans où il décède le 10 septembre 1941, laissant une veuve et trois enfants.
Les familles vivent de l'aide aux réfugiés et sont régulièrement soumis au contrôle du recensement des Israélites auxquels ils répondent. Les enfants sont scolarisés à Tuffé. Jules et Marcel, placés dans une colonie à Moissac dans le Tarn-et-Garonne sont ramenés le 7 février 1941 à Tuffé.
A partir du 6 juin 1942, tous reçoivent leur étoile jaune qu'ils doivent porter désormais.
Le 16 juillet 1942 à 20h les autorités allemandes procèdent dans le département de la Sarthe, à la Ferté Bernard, à Tuffé et à Ecommoy à l'arrestation d'israélites étrangers, qui sont conduits au camp de Mulsanne et envoyés le 17 juillet à 15h30 vers Angers. Parmi les Juifs arrêtés il y a Sala et Hugo Fernbach, ainsi que Salomon et Maurice Jakubowicz. Non déclarée à Tuffé, Anna Jakubowicz, l'épouse du prisonnier de guerre David Jakubowicz est également arrêtée, sa fille échappe à la rafle et reste avec ses grands- parents. Ils sont déportés le 20 juillet par le convoi n°8 au départ d'Angers à destination d'Auschwitz. Hugo Fernbach est tatoué, il meurt d'une pneumonie le 3 octobre 1942 à Auschwitz. Son épouse Sala, est sélectionnée pour les chambres à gaz et exterminée à son arrivée au camp le 25 juillet 1942. Salomon connait le même sort que sa soeur et il est exterminé dès son arrivée à Auschwitz ainsi qu'Anna Jakubowicz, l'épouse de David. Maurice est tatoué et meurt le 1er octobre 1942 d'une méningite au camp d'Auschwitz.
Aucun des déportés de la famille de juillet n'est plus vivant lorsque le 9 octobre1942, tous les autres sont arrêtés par les autorités allemandes et internés, à leur tour au camp de Mulsanne. Ricka Fernbach, Sylvie, Hersch et Zlada Jakubowicz, Marthe, Marcel, Jules et Fajga Chmilienski sont internés à Mulsanne jusqu'au 18 octobre et transférés à Drancy d'où ils sont déportés le 6 novembre 1942 vers le camp d'extermination d'Auschwitz où ils sont tous exterminés dès leur arrivée, le 11 novembre 1942.
Tuffé n'a pas oublié cette famille de réfugiés et des plaques ont été installées, une rue de la ville porte le nom de Sylvie Jakubowicz, déportée à l'âge de 6 ans. C'était la fille du prisonnier de guerre David, qui s'est démené pour le souvenir des siens.
Que reste-t-il de leur passage à Mulhouse ? Leurs noms figurent sur le monument aux morts à l'intérieur du cimetière israélite, inaccessible aux regards et réservé à la seule communauté. Quel Mulhousien peut se souvenir de ces enfants, de ces femmes et ces hommes qui ont été des Mulhousiens ? En obtenant le statut de "Mort pour la France", Jules entre dans la communauté des citoyens, son nom doit être cité au-delà des murs du cimetière communautaire, il n'appartient plus uniquement au souvenir de l'extermination raciale des Juifs de France, il entre de plein pied dans celle des victimes de la seconde guerre mondiale et des totalitarismes.
Le monument du cimetière israélite indique Chmielnietzky Jules, Marcel et Marthe et Jacubowitsch Hentz, Hoa, Feha, Sola, Maurice, Anna et Sylvie.
Voici la liste des victimes des familles Chmilienski-Jakubowicz :
Inscriptions sur le Monument des Déportés au cimetière de Mulhouse - © M. Rothé |
Le Monument des Déportés au cimetière de Mulhouse - © M. Rothé |
Suite à l'obtention de la mention "Mort pour la France" de Jules Chmilienski, je vais demander officiellement à la Mairie de Mulhouse, l'autorisation de poser des pavés de mémoires, Stolpersteine, pour les treize victimes de ces familles devant leur domicile mulhousien de 1924 à 1940, c'est à dire au 28 rue de la Passerelle et au 130 rue Anna Schoen, pour que leur mémoire puisse revivre dans l'espace urbain duquel ils ont été arrachés par l'idéologie nazie.
En ces périodes de rejets, de montée de l'antisémitisme et des nationalismes, il est plus que nécessaire de rappeler à nos concitoyens où ont mené les dérives idéologiques. C'est en "montrant" les conséquences, en rappelant au quotidien dans notre espace de vie, qu'ici habitaient les victimes d'un génocide perpétré il y a un moins d'un siècle, que nous pourrons éveiller les consciences des plus jeunes.