Le vendredi 27 janvier 2023 je me rendu à Dijon pour assister à la cérémonie de présentation de l'ouvrage et du film Des parcours uniques vers une mémoire collective. Ce projet a été réalisé autour des douze juifs qui avaient été arrêtés dans la ville le 26 février 1942. J'ai ainsi pu participer à la finalisation du travail effectué par les élèves des classes de première et terminale au lycée international Charles-de-Gaulle, sous la direction de leur professeur d'histoire, Dimitri Vouzelle (par ailleurs chargé du service éducatif des Archives départementales), et leur enseignante en lettre, Frédérique Margarito.

Le but de ce projet : retracer le parcours de vie des douze juifs dijonnais victimes de la rafle du 26 février 1942. Cette rafle "est à ce jour totalement occultée dans l'histoire locale et n'est présente que partiellement et parfois de façon erronée dans les mémoires familiales de descendants marqués et traumatisés par cet épisode". Elle possède pourtant une particularité : c'est la seule rafle d'otages juifs à Dijon.

Trois élèves, Laurine Eve et Jasmine, m'avaient écrit par l'intermédiaire de leur professeur Dimitri Vouzelle pour me demander des détails sur la famille Lichtenstein, propriétaire du Studio Roger à Mulhouse, et plus particulièrement sur Jacques-Roger Lichtenstein dont elles ont suivi le parcours, à travers de nombreux documents qu'elles ont pu consulter. Grâce à leur travail de recherche très approfondi j'ai pu découvrir une face de la famille Lichtenstein que j'ignorais totalement. Mis à part les documents que j'ai pu leur fournir, elles ont restitué un certain visage à cette fratrie, et de la sorte elles ont permis qu'elle ne soit pas oubliée. En effet, ils sont restés sans descendance…

Le projet :

Vingt-six élèves en classes de première et terminale au lycée Charles-de-Gaulle, à Dijon, ont participé au projet Des parcours uniques vers une mémoire collective autour de la Shoah. Ils ont ainsi produit un livre et un film pour nourrir le devoir de mémoire.

Un livre de 210 pages a été composé ; il a été édité grâce au soutien financier de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, le Souvenir français et le ministère des Armées. Il retrace de parcours de vie des douze juifs dijonnais victimes de la rafle du 26 février 1942.

La méthode de travail a consisté en une étude des documents des Archives départementales, ainsi que des recherches généalogiques pour retrouver les familles des déportés, puis la rencontre avec ces familles qui leur ont donné accès à des archives privées, et donc inédites, principalement des lettres et des photos. "Ces hommes disparus, nous voulions leur redonner un visage, les retrouver vivants, se souvenir qu'ils aimaient se déguiser ou tout simplement être en famille. Pour plusieurs d'entre eux, nous avons ainsi retrouvé la dernière lettre à leur famille" dit Dimitri Vouzelle.

Enfin, les élèves ont effectué un voyage de terrain, en Pologne, à Varsovie, Treblinka et Auschwitz. "Tout devient alors très concret, les baraques, les chambres à gaz. On se rend vraiment compte de l'horreur" dit Laurine, une des lycéennes participantes.
Avec ses camarades, Eve et Jasmine, elles ont réalisé le film qui complète le livre.
Eve et Jasmine ont compris qu'elles faisaient partie de la dernière génération qui pourrait rencontrer des témoins de la Shoah. "Grâce à ce projet, nous avons grandi, et nous sommes devenues plus tolérantes".

Les membres des familles des personnes déportées, qui étaient présentes à la cérémonie, ont félicité les élèves pour la production du livre et du film, qu'elles ont totalement approuvés.

Laurine Eve et Jasmine avec Michel Rothé

Dimitri Vouzelle

Couverture du livre

© A . S . I . J . A .