Cette brochure (33 pages) a été rédigée en 1945 par un rescapé du Struthof
Vous pouvez la télécharger en cliquant ici - collection © A. & M. Rothé

LE CAMP DU STRUTHOF
Alain Kahn

Le Struthof a été un camp de concentration parmi le millier qui existait sous le pouvoir hitlérien. Il a également servi comme camp expérimental d'extermination. Il est difficilement imaginable qu'à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg, près de Schirmeck, sur le site de la belle vallée de la Bruche, en plein massif vosgien, les meurtriers nazis ont sévi dans toute l'horreur de leur projet infâme.

1. Un camp de concentration

Dans une Alsace annexée depuis juin 1940, Himmler décide le 3 mars 1941 de créer à proximité du camp d'internement de Schirmeck un "camp de travail" réservé aux "criminels notoires et asociaux". Prévu pour 2000 détenus, il en contint jusqu'à 8000 à l'automne 1944 !

La première raison invoquée pour le choix du Struthof fut l'existence à 1 km de cet endroit d'une carrière de granit d'où les forçats devaient extraire les pierres destinées aux besoins des Allemands. Par la suite les déportés furent affectés à des travaux de terrassement et d'aménagement de routes. Les malheureux étaient laminés jusqu'à l'épuisement total.

Le camp du Struthof sur une carte postale de l'époque - © M.&A. Rothé

L'effroi

La vie dans le camp, selon le témoignage des survivants, était rythmée par les réveils dans la nuit, les appels interminables, les travaux insurmontables, la faim qui tenaillait les corps affaiblis, la promiscuité de tous les instants, la vermine envahissante et les sévices incessants. L'effroi était quotidien à l'ombre des potences bien en vue en haut du camp. Ce traitement a anéanti plusieurs milliers d'êtres innocents.

Le camp comprenait 17 baraquements en bois étagés en 9 plates formes à flanc de coteaux communiquant par des escaliers. Il était entouré par un double réseau de barbelés et surveillé par 8 miradors. A l'extérieur, furent installées d'autres baraques et des ateliers tandis qu'une villa fut réquisitionnée pour le commandant.

Les prisonniers qui arrivaient en train jusqu'à la gare de Rothau devaient effectuer à pied les huit kilomètres qui les séparaient du Struthof, sous les coups et les hurlements d'une horde de SS. Il s'agissait d'abord de prisonniers de droit commun allemands puis de déportés de diverses nationalités (Polonais, Russes, Hollandais, Français, Allemands, Norvégiens...).

2. Un camp d'extermination expérimental

Dans le cadre de la "solution finale" réservée au peuple juif lors de la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942 un traitement spécial devait être mis au point dans la phase finale de l'entreprise d'extermination systématique. Ainsi au Struthof, une dépendance d'un hôtel situé à proximité du camp fut transformée en chambre à gaz qui servit épisodiquement durant l'été 1943, époque au cours de laquelle fut également édifié un four crématoire.

Suite à la promulgation du fameux décret du 2 Février 1942 dit "Nacht und Nebel" (Nuit et Brouillard), désignant les prisonniers qui devaient disparaître au cours de leur détention, de tels convois arrivèrent au camp en juillet et décembre 1943.

Les martyrs
Entre le 11 Août et le 19 Août 1943 furent également amenés 87 juifs détenus à Auschwitz. Ils furent gazés au Struthof pour enrichir la collection de squelettes dont avait besoin le professeur Hirt de l'Université de Strasbourg entre les mains du pouvoir nazi. Au cours de ce même mois un convoi de femmes juives a été gazé et les corps martyrisés ont servi à d'ignobles expérimentations anatomiques. De plus, dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, 106 membres du réseau de résistance "Alliance" furent exécutés d'une balle dans la nuque.

Le 30 août 1944 avait commencé l'évacuation du camp vers celui de Dachau. Il sera finalement libéré par l'armée française le 23 novembre de la même année.

Aujourd'hui, le Struthof est devenu un lieu de mémoire pour que, d'une part, le souvenir des quelques 12000 martyrs qui y ont trouvé la mort par l'épuisement ou par les massacres, soit perpétué de génération en génération, et pour que, d'autre part, chaque visiteur puisse lancer en toute connaissance de cause cet appel : "Plus jamais çà !".


VISITE DU CAMP

Le site visible aujourd'hui dans sa structure d'origine, comprend :

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Autres informations concernant le secteur :
Groupement Touristique Haute-Bruche - 147 Grand'Rue - 67130 Schirmeck Tél. 03 88 97 86 20 - Fax 03 88 97 09 59,


Photographies : © M. Rothé

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