Après la Guerre (1918-1937) .

Jacob Kaplan M. le Rabbin Blum eut la joie de connaître en 1918, le retour de l’Alsace à la France. Exténué par les années d’épreuves, il prit sa retraite en 1922. Il fut remplacé par M. le Rabbin J. Kaplan, né à Paris en 1895, ancien combattant, décoré de la croix de guerre, qui venait de sortir de l’Ecole Rabbinique de Paris. La Communauté pansait ses blessures. Sous la direction d'hommes dévoués tels que MM. Emile Lantz, qui fut longtemps président du Consistoire du Haut-Rhin, Loup-Dreyfus, Armand Bloch, Emrnanuel Schwab, Dr. Ernest Meyer, Fernand Dreyfus, Léopold Lévy, Aron Moock, fils de l'ancien rabbin, Max Lazare, actuel Président de la Communauté, Lazare Schwob-Heim et bien d’autres, que l’on voudrait pouvoir nommer ici, elle reprit son essor.

Une filiale du Chema Israël de Paris, la Jeunesse Juive de Mulhouse, un secteur d’Eclaireurs Israélites (1928) furent successivement créés. Une Société pour les Pauvres de passage, l’Ezrass Achim, se fondait (1927) . Les oeuvres déjà existantes reprenaient leur religieuse et philanthropique activité. En dehors de celles dont nous avons déjà parlé, citons: la Société des Dames, la Société des Vivres, la Hevra Hamitharim des messieurs et celle des dames, la Hevra Araunauss. Lorsque, en 1929, M. le Rabbin Jacob Kaplan fut appelé à diriger l’un des Temples les plus importants de Paris, la Communauté de Mulhouse, prospère, connaissait une vie juive particulièrement intéressante.

Rene Hirschler C’est au signataire de ces lignes qu’échut l’honneur de succéder à M. le Rabbin J. Kaplan. Il ne lui appartient pas de dire quelle fut son activité. Mais il doit témoigner sa reconnaissance à tous ceux qui permettent à la Communauté de Mulhouse de continuer et développer l’oeuvre du passé.

En 1930, l’Hôpital Israélite était transporté dans une grande villa, au milieu d’un parc magnifique,à proximité de Mulhouse, à Pfastatt. La même année, une souscription permettait de financer l’érection d’une "chapelle"israélite dons la crypte du Monument National de l’Hartmanswillerlcopf (Vieil-Armand), chapelle construite d’après les plans de MM. Danis et Patriarche, architectes des Monuments de l'Etat, avec la collaboration du rabbin de Mulhouse, qui, chaque année, y célèbre, avec les représentants des autres cultes, une cérémonie du Souvenir. En 1931, l’Abri, grâce au dévouement des jeunes filles de la communauté que présidait Mme Camille Dreyfus, inaugurait son home d’enfants, dans la vallée de Wesserling, à Moosch. Un journal, "Kadimah", pendant cinq ans (1930-1935), stimulait l’activité générale. Des conférences organisées par le Chéma Israël, la Jeunesse Juive, puis par l’Union Juive de Mulhouse qui réunit les deux anciennes organisations; le travail des E.I.F.; un Cercle d’Etudes (1934) pour jeunes gens, des cours pour enfants et jeunes gens jusqu’à l’âge de 17 ans, qui sous la direction de cinq professeurs, réunissent aujourd’hui près de 200 élèves hors des Etablissements scolaires officiels (1930), des offices pour la jeunesse des séances régulières d’Oneg Schabbat suivis par près de cent cinquante enfants de 10 à 15 ans, la réinstauration de l’Initiation religieuse (1936), la création d’une Loge des Bene-beriss (1932, les conférences de l’Organisation Sioniste, la fondation d’une section mulhousienne de Ghaleï, société sioniste de dames (1935), témoignent de la diversité et de l’ardeur de la vie culturelle juive qui ne le cède plus en rien à la vie philanthropique de la Communauté Israélite de Mulhouse.

Cette dernière fut particulièrement active lors des événements de 1933. Dès le mois d’avril, un foyer d’Accueil et d’Assistance, le premier en France, était institué pour héberger, soutenir et diriger les réfugiés d’Allemagne, dont le nombre dépassait de façon presque permanente la centaine. Malgré la crise économique particulièrement dure à Mulhouse, des som mes considérables furent recueillies et dépensées, Surtout le dévouement personnel de beaucoup des membres de la Communauté, hommes et femmes, ne saurait être assez loué. Depuis 1935, le "Foyer" a disparu, mais son oeuvre est continuée par l’Ezrass Achim, réformée sur des bases élargies.

Devant de telles possibilités d’action, dans une Communauté à la jeunesse nombreuse, aux oeuvres si vivantes, et dont l’activité n’est ici qu’à peine esquissée, il fallait un centre, une Maison commune. On y songeait depuis quelques années. Justement l’ancien Bain Rituel tombait en ruines. On se décida à construire une Maison de la Communauté où seraient réunis Bain Rituel et Centre Culturel. Cette maison, maintenant achevée, a été l’oeuvre de l’année 1937. Et déjà l’on s’étonne que si longtemps la communauté ait pu en être dépourvue. Les services rendus par cette Institution nouvelle sont considérables. Elle a permis tout particulièrement de centraliser, développer et stimuler l’activité de la jeunesse. Séances d’études, soirées récréatives, conférences, offices religieux, Oneg Schabbat s’y succèdent à un rythme régulier. Une Bibliothèque y a trouvé place. Un journal pour la jeunesse, fait par des jeunes : "Itoneinou" (Notre Journal) y est entièrement composé par des jeunes.

A l’ombre de la synagogue se développe ainsi une génération joyeuse et forte, une génération qui devra continuer l’histoire de la Communauté Israélite de Mulhouse et qui, dans les tristes temps que nous vivons, est notre consolation en même temps que notre espoir.

MULHOUSE, JUIN 1938.

Nous tenons à témoigner ici notre reconnaissance à Messieurs M. Moeder et Werner, historiens érudits et archivistes de la Ville de Mulhouse, qui ont bien voulu nous assister de leurs conseils et qui ont accepté de revoir ce bref aperçu de l'Histoire des Juifs à Mulhouse.

BIBLIOGRAPHIE

  • Documents aux Archives de la Ville de Mulhouse, de la Sous-Préfecture, du Tribunal de Mulhouse, du Bureau des Statistiques de Mulhouse, de la Communauté Israélite de Mulhouse.
  • Theodoricus Hackspan, Liber Nizachon Rabbi Lipmanni, conscriptus anno a christo MCCCXCIX... oppositus Christianis, Sadducacis atque aliis, Noribergae, anno MDCXLIV.
  • Les Collections du Mülhauser Bercht-Blatt (1798), de l'Industriel Alsacien, de l' "Univers israélite", de la "Tribune Juive" de Strasbourg ; de "Kadimah" (Nous n'avons pu retrouver aucun exemplaire du "Lien d'Israël".)
  • G. GIDE : Uebersicht der Geschichte der Juden in Mülhausen. Guebwiller, 1898 (à consulter avec prudence).
  • G. GIDE : Fischlein, le Juif de Schweighausen, Bulletin du Musée Historique (1894) (travail romancé sur un fait divers historique).
  • S. ADLER : Ger Juden in Mülhausen i.e. Mulhouse, 1914 (devenu malheureusement à peu près introuvable, la presque totalité de l'édition ayant disparu avant même d'être livrée au public. S. Adler, comme Gide, s'arrête au seuil de la période moderne.)
  • E. MEININGER : Histoire de Mulhouse, Mulhouse 1925.
  • M. MOEDER : Mulhouse, Ville Impériale. Bulletin du Musée Historique de Mulhouse (années 1935-1936). (On y trouvera une étude définitive sur le Document de 1290.)
  • CH. EDMOND : Plan de la Ville de Mulhouse, 1844.
  • ELIAS, Dr. : L'Ecole israélite de travail de Mulhouse, Mulhouse, 1904.
  • ELIE SCHEID : Histoire des Juifs d'Alsace, paris, 1887. - Joselmann de Rosheim dans R. E. J. T. XIII (Paris 1886).
  • KRACAUER (Dr.) : Rabbi Joselmann de Rosheim dans R. E. J. T. XIV (Paris 1888).
  • AD. NEUBAUER : Le Memorbuch de Mayence (à propos de la persécution de 1338), R.E.I. n° 7 (1882).
  • M. GINSBURGER : Die Namen der Juden im Elsass, Guebwiller, 1904.
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    A la mémoire de Lazare Lantz, Guebwiller 1909.
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  • L. BERMANN : Histoire des Juifs de France, Paris, 1937.
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  • N. LEVEN : Cinquante ans l'Histoire (1860-1910), Paris, 1911.
  • H. DUTRAIT-CROZON : précis de l'Affaire Dreyfus, paris, 1924.
  • ARMAND CHARPENTIER : Les côtés mystérieux de l'Affaire Dreyfus, Paris, 1937.
  • J. REINACH : Histoire de de l'Affaire Dreyfus, Paris, 1901.
  • SYLVAIN HALFF : La Fidélité Française des Israélites d'Alsace et de Lorraine (1871-1918), Paris, 1931.
  • M. BLOCH : L'oeuvre scolaire des Juifs Français depuis 1789, R.E.J. T. XXVI (1893).
Les photographies contenues dans cette plaquette ont été réalisées par le STUDIO ROGER, Mulhouse.

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