En quarante ans de vie mulhousienne, que de chemins parcourus avant l'intégration communautaire !
Chassés de leurs terres natales (Algérie, Maroc, Tunisie) les premiers arrivants connurent les vicissitudes réservées aux déracinés, et notamment l'incompréhension.
Les tensions, les conflits entre les autochtones et les rapatriés ne sont malheureusement pas l'apanage de Mulhouse. Nos ancêtres les ont vécus aussi bien en Afrique du Nord que dans d'autres contrées européennes.

Un oratoire séfarade à Mulhouse

Historiquement les autochtones ont toujours fait preuve de sentiments ambigus envers leurs frères. En effet d'un côté le sentiment d'appartenir tous au peuple d'Israël, les incitaient à leur venir en aide, de l'autre, la crainte de perdre leurs privilèges les conduisaient à retarder l'intégration communautaire.

Dans tout déplacement de population avec choc culturel, une génération est "sacrifiée". Mais les enfants à la recherche des leurs racines raniment la flamme qui faillit d'éteindre. Dans les années 60, cela n'a pas empêché les nouveaux arrivants de s'organiser pour pratiquer leur culte traditionnel dans leurs propres appartements (Famille Sellam et Partouche).

Dans les années 70, après le départ de M. Charles Perez, directeur du Centre Communautaire, les séfarades mulhousiens souhaitèrent prendre en main leur destin autour d'un rabbin séfarade comme guide spirituel.
L'opposition à cette demande des autorités consistoriales et rabbiniques du Haut-Rhin ont conduit à des conflits incessants qui ont perduré plusieurs années. Le choc culturel en Alsace des deux rites, source essentielle, à mon avis des conflits, est bien analysée par le Pr. Freddy Raphaël qui voit une communauté Ashkénaze "plus engoncée dans le monde bourgeois de l'avoir" et une communauté séfarade vivant un judaïsme "spontané et enthousiaste". (Regards nouveaux sur les juifs d'Alsace Editions DNA 1980).

Dans les années 80-90, la venue d'autres jeunes juifs séfarades universitaires et les revendications légitimes des enfants des premiers arrivants, ont conduit à une évolution réciproque des esprits.

Un tournant historique eut lieu avec l'élection de Monsieur Rémy Heymann à la présidence de la communauté qui fit venir à Mulhouse le Rabbin Mardochée Amar en 1989.
Au début des années 90, le Comité Séfarade fut créé permettant une représentativité séfarade, par cooptation, au sein de la commission administrative de la communauté. Ce comité présidé par le Dr Alain Fedida, se chargea d'élaborer le règlement intérieur des juifs séfarades mulhousiens qui fut approuvé par le Président Heymann et les membres fondateurs des statuts le 9 octobre 1994.

Les premières élections au Comité Séfarade eurent lieu le 20 novembre 1994. Après un premier quinquennat, de nouvelles élections eurent lieu le 14 février 1999. Depuis sa création, le Comité Séfarade œuvre au sein de la Commission Administrative pour une éducation juive de qualité, pour le respect des traditions culturelles séfarades, le maintien d'un office quotidien, pour la paix et l'harmonie entre tous les membres de notre communauté.

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