Dire la Shoah, ou pointer l'indicible
Pour que jamais il ne réapparaisse !
Ce terme doit chasser cette détresse
En ayant l'innommable comme cible.

Dire la Shoah ou crier dès l'apparition
De cette même haine qui a permis,
Au maudit processus d'extermination,
D'être mené avec fureur par les nazis.

Que chaque signe appelant au pire
Puisse provoquer cette réaction
Afin d'alerter toujours l'opinion
Et empêcher les criminels de sévir !

Pourrait-on demeurer les bras croisés
Si un peuple était à nouveau menacé ?
Les juifs n'ont-ils pas payé cher le prix
De cette spirale sanglante du mépris ?

Le moindre mot, la moindre action,
Tendant à favoriser toute exclusion,
Devront bien être pris au sérieux !
Qui donc pourra fermer les yeux ?

Dire la Shoah, c'est ne pas oublier
Ces camps et ces gens martyrisés,
Exterminés sans la moindre pitié !
Paix pour ces innocents suppliciés !

Dire la Shoah, c'est réagir à temps
Pour éviter le retour de l'immonde
En criant si fort à la face du monde :
Gare au moindre recommencement !

Se souvenir de la Shoah
Est une vraie nécessité.
Personne n'a le choix :
Il en va de l'humanité !

C'est elle qui désigne
La pire dérive humaine.
Qu'elle soit ce signe
S'élevant contre la haine !

Un Etat l'a organisée,
Il l'a mise en place
Avec un cœur de glace.
Personne pour la briser !

De grâce, qu'aujourd'hui
Chacun lutte contre l'oubli.
Il a été voué aux gémonies
Ce peuple qui a été tant haï !

Alors, que retentisse ce cri :
Halte au recommencement !
Lutter contre l'ébranlement
En disant ce qui a été détruit !

La barrière contre l'innommable
A un tel socle incontestable :
Le souvenir incontournable
Tracé par son histoire véritable !

Celle de cette spirale infernale
Qui a conduit tant d'innocents
Aux pires affres dans le sang
Au nom de la solution finale !

Chambres à gaz, fours crématoires :
Autant de signes dans l'histoire
Pour permettre à chacun de voir
Qu'il s'agit là bien d'un devoir !

                                              Alain Kahn