Francine
Mayran-Hertzog, peintre et psychiatre née après la deuxième guerre mondiale,
présente dans l'exposition de ses peintures et textes, intitulée "La Shoah et
son ombre" un travail de mémoire, marquant les traces d'un passé horrifiant.
Elle peint ce qu'elle n'a pas vécu. Elle ressent profondément ce qu'elle n'a
pas connu. Elle réinterprète ce qu'elle a vu, lu et entendu tant dans les films
d'archives que dans les témoignages.
Sa peinture interroge le visiteur sur
la responsabilité des hommes témoins de l'Histoire. Elle essaie de transmettre
une réflexion sur l'indifférence face à la Shoah mais aussi face à d'autres
génocides.
Dans ses peintures de groupes de déportés, l'individu émerge pour
transmettre un regard d'Homme, pour énoncer une parole qui n'a pu être dite, ni
être entendue, pour que ces morts soient aussi considérés, comme des hommes, des
femmes et des enfants avec leur propre histoire, leur propre
individualité.
La peinture d'abord, les écrits ensuite, sont là pour tenter
de sortir les victimes de leur statut, leur permettre de réintégrer leur statut
d'Homme, de Femme, les rendre à nouveau présent face à nous, pour demander à
chacun de nous de ne plus jamais fermer les yeux, de ne plus jamais nous
comporter comme si la réalité n'existait pas, de ne plus jamais permettre qu'un
drame humain puisse se dérouler près ou loin de nous grâce à notre
indifférence.
Dire, écrire, peindre, sont des petits cailloux sur la tombe
des morts, des paroles de soutien aux survivants pour leur permettre de lâcher
leur fardeau de culpabilité, de responsabilité. La mémoire de la tragédie ne
doit pas disparaître avec l'individu qui en porte les traces. Il faut des
porteurs de mémoire, pour transmettre un espoir en l'avenir, un espoir en un
homme meilleur, qui empêche les haines, qui s'enrichit des différences, pour
dominer le mal.
C'est une peinture qui veut unir les hommes par delà les
frontières, qui veut allier sensibilité et réflexion en associant peintures et
écrits, comme une exposition qui se ferait en deux temps, le premier pour être
interpelé et pour ressentir, le deuxième pour entendre, écouter et réfléchir.
Ainsi, la Shoah ne sera pas qu'une histoire lue, racontée, mais aussi une
histoire ressentie grâce à l'émotion transmise par les peintures, une histoire
qui pourra s'inscrire dans les fibres sensibles de chacun, pour qu'une trace
mnésique subsiste en nous, pour que le vécu de l'autre soit intégré à notre
propre vie.
Il faut que les générations à venir puissent s'appuyer sur ceux
qui sont partis, pour que les hommes n'acceptent plus jamais d'être témoins de
la souffrance d'un peuple.
Ce travail a permis l'organisation de
l'exposition
"Témoins
passifs, témoins coupables?", au Conseil Régional d'Alsace en Juin 2008,
ainsi que l'exposition
"Survivre
ou les traces de la deshumanisation" en Janvier 2009 à la galerie Maison
d'Art.
Un chemin de mémoire s'est mis en place jusqu'en 2011, au travers
de sept expositions :
- "La Shoah et son ombre" au Centre Culturel Franco-Allemand de Karlsruhe,
du 7 Septembre au 9 Octobre 2009
- "Empreintes du passé, transmission de mémoire" au Mémorial
d'Alsace-Moselle de Schirmeck, du 15 Novembre 2009 au 3 Janvier 2010
- Au camp d'Osthofen (en Allemagne) de Janvier à mi-février 2010
- Au Centre Mondial de la Paix à Verdun de mi-Février à fin Avril 2010
- Au Centre Européen du Résistant Déporté au Camp du Struthof de Septembre à
Décembre 2010
- Au Centre de la Tolérance Gaon de Vilna à Vilnius de Janvier 2011 à Mars
2011, où l'exposition sera dédiée à la journée internationale de la
déportation
- Et au Fort de Breendonk en Belgique de Mai à Septembre 2011.
Le livre "La Shoah et son ombre", reproduisant ses
peintures et ses textes (traduits également en anglais et en allemand), sera
disponible dès Septembre en librairie ou chez l'éditeur Arthénon.
Le diaporama du livre
Consulter le travail et trouver les
textes attenants aux toiles de Francine
Mayran-Hertzog