1. La fête de Pessa’h
Plats de Séder en étain (1)
Un des très rares métiers artisanaux qu'un Juif pouvait pratiquer était celui de Il est très difficile de déterminer l'origine et l'antiquité d'une telle gravure. |
Plat de Séder en étain - dessin à la plume Martine Weyl |
Pessa’h est la fête de famille par excellence. Réunis autour de la table familiale, les juifs se souviennent de leur servitude en Egypte, et des miracles accomplis par l'Eternel pour les délivrer. L'ordre de la cérémonie (Séder) est minutieusement décrit dans un petit livre, la Hagada, et consiste essentiellement en un récit, entrecoupé de louanges, d'actions de grâce et de psaumes, mais aussi de quelques gestes symboliques. Et c'est pour accomplir ces gestes que l'on a disposé le plat du "Séder" au milieu de la table.
Sur le plat du Séder, généralement en étain richement décoré, on place d'abord trois pains azymes, trois matsoth, séparés par des napperons, puis un certain nombre d'objets, fixés par la tradition, ayant chacun la valeur d'un symbole.
Un vase avec du persil, et un autre rempli de vinaigre ou d'eau salée, de la laitue et une racine de raifort. Ces herbes amères rappellent l'amertume de l'esclavage. Une coupe, parfois une brouette d'argent chargée du 'harosset, masse ayant la consistance et la couleur de la terre glaise, faite de pommes râpées, d'amandes de cannelle et de vin, évoque l’argile dont les hébreux faisaient les briques pour pharaon. Un os garni de viande rôti au feu, représente l'agneau pascal, et enfin un œuf dur, symbole de deuil et d'espérance.
Le plat du Séder a permis au talent et à l'imagination de petits artisans de s'exercer. Beaucoup de plats deSéder présentent en leur centre le même sujet, traité d'une manière absolument identique, ce qui pourrait faire croire à l'existence d'un atelier important, diffusant sa production dans de nombreuses régions. En fait, un même modèle a pu inspirer de nombreux artisans. En l'occurrence, il s'agit d'un bois gravé de la célèbre Hagada d'Offenbach. |
le centre des plats de Séder |
Bois gravé,. Hagada d'Offenbach, 1800 |
Plat de Séder datant de 1790 - M.Weyl |
Au centre, autour de la table du Séder, la famille, six personnes, est réunie. Sur le marli, les initiales I.I.E. et la date 1790. Enfin les thèmes principaux du |
Services de table en faïence
A côté de la vaisselle en étain on trouve également des services en faïence. Ainsi cet ensemble de vaisselle daté du début 19ème siècle, provenant de diverses manufactures de l’Est, à décor bleu, que l’on utilisait pendant les jours de Pessa'h. On trouve aussi une assiette faisant partie d'un service de table pour les huit jours de Pessa'h, exécuté pour une famille juive par la :anufacture des Islettes. En son centre : un bouquet de roses finement exécuté. Tout autour, les noms des époux, Méir et Keila, ainsi que le mot Pessa'h figurent sur le marli (vers 1750-1760). |
Vaisselle de Pessa'h provenant de diverses manufactures de l’Est. Début du 19e, Musée Lorrain Nancy. Dessin à la plume Martine Weyl |
Assiette de Pessa'h. Les Islettes. 18e siècle. Reproduction à la gouache Martine Weyl |
2. La fête de Pourim
Plats et assiettes en étain
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Chaque famille juive d'Alsace avait son plat de seder, pièce centrale de la Pour commémorer l'événement, les Juifs, suivant à la lettre les instructions L'artiste graveur choisit généralement un thème en rapport avec la fête, |
A côté de ces plats richement décorés, on trouvait des étains beaucoup plus modestes faisant partie de la vaisselle ordinaire. L'interdiction trois fois répétée dans la Torah de cuire le chevreau dans le lait de sa mère (Exode 23:19 et 34:26 ; Deut. 14:21) conduit la femme juive à posséder plusieurs vaisselles : la "Milchtig" pour les repas dans lesquels entraient le lait et ses dérivés, la "Fleichtig" pour les repas avec viande. A celles-ci s'ajoute la vaisselle utilisée pour les huit jours de Pessa'h, qui comportait naturellement la même distinction entre aliments carnés et de laitages. Pour éviter les confusions, on prit l'habitude de marquer la vaisselle, d'un ב pour bassar, "viande", ou d'un ח pour 'halav, "lait". |
Plat ovale de Pourim en étain - dessin à la plume M. Weyl. Au centre deux poissons serpentiformes et un animal fantastique la gueule grande ouverte, ailé, avec griffes et cornes et une queue de scorpion. |
Des services de table entiers en faïence
Pour une clientèle juive aisée, les manufactures de Niederwiller, des Islettes et de Saint-Clément créèrent des services de table entiers.
Le plus beau de ces services est certainement celui qui sortit de la Faïencerie de "Les Islettes" en Lorraine, et qui représente Aman, à pieds, conduisant par la bride le coursier royal chevauché par Mardochée, revêtu des vêtements royaux, sceptre à la main, et l'inscription : "C'est ainsi qu'est traité l'homme que le roi veut honorer" (Esther 6:9). Sur le marli on peut lire : "d'envoyer des présents l'un à l'autre et des dons aux pauvres" (Esther 9:22). Sous les personnages les noms : Mardochée et Aman.
Les mêmes motifs sont repris sur le plat et les assiettes (2) avec toutefois quelques modifications dans le décor des arbres et des fleurs ainsi que dans les détails et les couleurs des personnages, ajoutant ainsi fra[icheur et naïveté dans la manière de représenter la scène.
Assiette de Pourim Les Islettes, 18e siècle. Aman conduisant Mardochée dans un décor de verdure MAHJ. Dessin à la plume M. Weyl |
Détail d’une assiette de Pourim Les Islettes. 18e siècle. MAHJ. Reproduction à la gouache M. Weyl |
Détail d’un plat de Pourim Les Islettes. 18e siècle. MAHJ. Reproduction à la gouache M. Weyl |
Notes
© Copyright de toutes les illustrations : Martine Weyl