Il s'engage en 1939 dans l'Armée de l'air et suit des cours de pilotage pour servir dans le personnel navigant. Il est incorporé à Bron en mars 1939, puis affecté à Ambérieu où il est breveté pilote le 3 juillet 1939. Il poursuit sa formation à Etampes et Agen, puis il gagne les écoles d'Evreux (EAP n°17) puis d'Etampes où il sert comme sergent instructeur.
Pierre Uhry est libéré du service actif le 26 janvier 1941 alors qu’il se trouve à Toulouse-Francazal.
Réengagé le 15 octobre 1942 il demande à servir comme tirailleur et se trouve affecté au 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens où il obtient une croix de guerre pour des combats contre les Allemands en Tunisie.
Affecté au dépôt d’aviation de Blida le 7 février 1943, il est réintégré au printemps 1943 dans le personnel navigant et rallie la 3e compagnie de l’école de pilotage de Rayak (Syrie) le 23 mai.
Il est nommé sergent à compter du 1er octobre puis, il rejoint les forces aériennes en Afrique du Nord le 10 novembre 1943.
Pierre Uhry est nommé sergent-chef le 1er septembre 1944 ; il est affecté le 25 septembre au Groupe de Chasse 1/5 "Champagne" alors basé au Vallon.
Il exécutera des missions de guerre sur le front d'Italie pour l’appui des troupes terrestres puis lors du nettoyage de la poche de Colmar.
Le 4 février 1945, au retour d’une mission de bombardement avec le commandant Marin le Meslée, son avion est abattu au-dessus de la forêt de la Hardt, à Rustenhart, à bord de son P-47 Thunderbolt. Les deux aviateurs n’ont pas survécu.
Depuis lors, l’Association nationale des sous-officiers de réserve de l’armée de l’air (ANSORAA) et l’Amicale des anciens de l’armée de l’air et sympathisants (AAAAS) rendent chaque année hommage au jeune pilote enterré à la Nécropole militaire de Sigolsheim au côté de 1500 soldats tombés pour la libération de la France et de l’Alsace. L'un d'eux, Patrick Kautzmann, de Bischwiller, témoigne : "C’était un très grand pilote de chasse qui avait combattu contre l’AfrikaKorps en Tunisie, exécuté plus de quinze missions de guerre sur les fronts d’Italie et de l’Ouest. Il avait été repéré par le commandant la Meslée, un des aviateurs les plus prestigieux de l’armée de l’air français !"
Sources :
- http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=110155
- DNA, 23 mars 2019
Pourtant Pierre Uhry naissait dans une Alsace libérée de l’occupation allemande, une saison d’espoir et d’insouciance, dans la communauté juive de Bischwiller. Une communauté qui allait payer dans sa chair et dans son cœur l’attachement à sa foi et ses convictions religieuses. Pierre Uhry sera un révolté contre cette barbarie, emporté par le tourbillon de l’histoire, très vite il a compris, après la défaite de 40, alors qu’il n’avait que 20 ans, que l’exode, les arrestations, puis la déportation, l’industrie de la mort devait être combattus au péril de sa vie. Sa vie il l’a donnée pour un idéal celui de la liberté, en s’engageant dans les Forces Françaises Libres. Sa vie il l’a vécu dans la fraternité au nom d’une certaine idée de la France considérée comme une terre d’espoir et d’unité. Sa vie il l’a offerte au nom de l’égalité en luttant contre les discriminations racistes, dans le respect des convictions de chacun, s’engageant dans l’union, porté par un élan pour lutter contre la barbarie.
Pierre Uhry portait en lui ces valeurs, nous sommes là pour rendre à lui et à ses de ses compagnons d’armes l’hommage plus que mérité de la ville de Bsichwiller, exprimer notre reconnaissance aux Forces Françaises Libres dont il fut un héros. Nous sommes aussi là pour témoigner à tous les habitants de la ville, et aux générations futures de la mémoire d’un homme qui a contribué par son sacrifice à la construction de la grandeur de France. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est à des hommes comme Pierre Uhry que nous le devons. A travers lui nous portons la mémoire de tous ceux qui se sont levés et se lèvent encore aujourd’hui pour se battre contre la barbarie fasciste et l’ostracisme. Rien ne peut justifier le rejet de notre prochain, et l’actualité nous le rappelle quotidiennement, comme me le disait il y a deux semaines, un autre Bischwillérois persécuté sous le joug nazi, Claude Vigée, un copain de Pierre Uhry, "Ils n’ont rien retenu de l’histoire".
Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribués à la mémoire de cette page d’histoire de notre Ville, à l’Ansoora, Patrick Kautzmann, Georges Aleczéievich, le Souvenir Français Guillaume Noth et Maurice Bartholomé, les amis du musée de la Laub et Jeanine Hirtler.
Pierre Uhry ton nom est inscrit dans le granit, pour l’immortalité mais pour nous, ton nom et ton engagement sont inscrits dans notre coeur, comme le dit André Malraux : " Le tombeau des héros est le coeur des vivants."