Le premier mouvement de Samuel a été de refuser. La motivation donnée
par les Anciens: "Nous voulons être, nous aussi, comme tous les autres
peuples" est particulièrement
scandaleuse. Le peuple hébreu a-t-il été choisi par Dieu et
a-t-il reçu la Thora pour être comme les autres? Sans doute la Thora
avait-elle prévu linstauration de la royauté, mais elle avait
également tracé les limites du pouvoir royal (Deut. 17, 14-20), et semblait indiquer
que la royauté nétait pas, à ses yeux, l'autorité
politique idéale. Déjà Gédéon, en refusant la couronne
qui lui avait été offerte, avait objecté au peuple hébreu
que celui-ci ne devait avoir dautre roi que Dieu seul. Cest le
thème qui est repris maintenant dans un émouvant dialogue prophétique
entre Dieu et Samuel. "Cest Moi quils dédaignent
comme souverain, et non pas toi !"
La demande formulée par les Anciens nest pas uniquement
politique ; elle a une
motivation théologique. Un désir démancipation religieuse,
de rupture de lAlliance sy fait jour. Mais Dieu condescend à
cette demande. Il souffre avec une poignante résignation les infidélités
de son peuple et lui permet de courir cette nouvelle chance dun régime
de royauté. Samuel est donc autorisé par Dieu à choisir un roi.
Encore doit-il auparavant rappeler les principes énoncés par
la Thora relativement à la royauté.
Ainsi Samuel indique-t-il aux Anciens tous les dangers que représente lautorité absolue dun roi pour la paix individuelle. Sa soif inextinguible de richesses et de puissance peut amener les pires catastrophes si le trésor dont il peut disposer nest pas limité; de même, sa sensualité et son plaisir peuvent lavilir dans unevie de harem si, là aussi, des limites ne sont pas prévues. Malgré tous ces avertissements, le peuple tient bon. Le voeu dun roi est lexpression des aspirations les plus profondes de tous ces hommes devant la situation politique, économique et sociale. Avec un acharnement entêté, ils ne lâcheront pas pied, ils ne quitteront pas Samuel que celui-ci ne leur ait promis daccéder à leur demande.