19. à Edmond FLEG, Paris

André Neher voue une grande admiration mêlée de respect à Edmond Fleg pour sa valeur humaine, sa personnalité juive et son œuvre littéraire. Celui-ci estime également beaucoup André Neher et ils sont liés d’une solide amitié intellectuelle. Extraites de leur correspondance, les deux lettres ci-dessous donnent un aperçu de leurs échanges. Dans la première, André Neher répond à Edmond Fleg, qui lui a adressé ses félicitations pour la création d’une chaire de "Littérature juive ancienne et moderne" à la Faculté des Lettres de Strasbourg – André Neher vient d’en être nommé le premier titulaire. La seconde illustre combien Edmond Fleg et André Neher apprécient mutuellement leurs travaux respectifs, qu’ils ne manquent jamais de s’envoyer l’un à l’autre dès parution.


Strasbourg, le 12 novembre 1955

Cher Monsieur,


Votre lettre m’a profondément touché et je suis très ému que vous ayez pensé à moi, que vous m’ayez exprimé votre amitié, votre confiance, en des termes si chaleureux, au moment où je commence à l’Université un travail qui m’impose tant de responsabilités. Je souhaite, trop ambitieusement sans doute, que cette chaire de Littérature juive ancienne et moderne puisse contribuer non seulement à la recherche historique et scientifique, mais aussi à l’élaboration d’une pensée et d’une théologie, qui soient sources de vie (1). De vous savoir si proche de moi par la pensée et par la sympathie m’encourage à espérer que je ne décevrai pas trop les espoirs que l’on fonde sur mon travail. Je l’entreprendrai avec la conviction stimulante d’être approuvé et guidé par le Maître que vous êtes dans le domaine de la littérature créatrice autant que dans celui de l’érudition militante.


Je vous prie, cher Monsieur, de croire à l’assurance de mon attachement très fidèle.

André Neher


Note :
  1. Le 28 octobre 1955, André Neher, sur le même sujet, écrit à Moché Catane:
    "[…] Merci de votre lettre à l’occasion de ma nomination à la Fac. […] Il s’agit d’une Maîtrise de Conférences de Littérature juive ancienne et moderne. Le travail qui m’attend ne concerne donc pas seulement l’hébraïsme moderne ; mais, évidemment, il ne l’exclut pas. Je m’efforcerai de développer également ce secteur, tout en accordant l’essentiel de mes préoccupations immédiates à ce qui me paraît urgent en pays de langue française et qui, de plus, est dans mes cordes intimes : continuer à créer une pensée juive, tant sur le plan doctrinal et philosophique que sur le plan scientifique. Programme ambitieux peut-être mais l’Université m’offre les moyens de le réaliser, et j’espère atteindre certains objectifs dont pourra profiter encore notre génération actuelle. […]" (© Archives André Neher)

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