67. à Walter EYTAN, Ambassadeur d’Israël en France

Au moment où cette lettre est écrite, Israël vit dans une tension extrême mais la guerre des Six Jours n’a pas encore éclaté. Cette tension qui grandit en Israël est très fortement ressentie dans le monde juif en Diaspora. À Strasbourg, de nombreuses manifestations de solidarité avec Israël ont eu lieu, dont plusieurs dirigées par André Neher. C’est dans ce contexte qu’il propose à Walter Eytan, Ambassadeur d’Israël en France, une campagne destinée à inciter des cadres militants à apporter leur aide à Israël pendant les vacances. Lui-même, avec sa femme, décide de consacrer à Israël leurs trois mois de vacances universitaires. Cet appel, encore en temps de paix, à des volontaires, trouvera un écho après la fin de la guerre, lorsque de nombreux volontaires partiront apporter leur soutien en Israël au courant de l’été 1967.


Strasbourg, le 30 mai 1967

Cher Monsieur l’Ambassadeur,


Indépendamment de l’action en faveur d’Israël que j’essaie de mener, de toutes mes forces, sur le plan régional et national, j’ai décidé de m’inscrire – et ma femme également – pour un service civique en Israël, durant toute la période de nos vacances universitaires (du 1er juillet au 1er octobre 1967).


Je tiens à vous le signaler pour deux raisons.

D’abord, parce que je pense que notre exemple devrait être suivi et pourrait s’inscrire dans le cadre d’un vaste appel pour le "Don des vacances 1967 à Israël".

Ensuite, parce que nous souhaitons, ma femme et moi-même, que notre geste ne restât ni platonique, ni inefficace. Sans doute sommes-nous à la disposition d’Israël pour toute tâche dont on décidera de nous charger. Mais nous pensons, sans présomption, qu’un couple comme le nôtre doit pouvoir trouver une mission précise lui permettant, compte tenu de son âge mais aussi de son potentiel intellectuel et moral, de donner toute la mesure de son apport à la lutte actuelle d’Israël pour son existence.


C’est à vous demander votre conseil et votre aide pour la définition d’une telle éventuelle mission que tend ma lettre, qui vous apporte en même temps, cher Monsieur l’Ambassadeur, avec l’assurance de notre vive amitié, celle de notre fervente et entière solidarité avec Israël.

Professeur André Neher



© : A . S . I . J . A. judaisme