André Neher a toujours témoigné une grande admiration pour l’œuvre du philosophe marxiste Ernst Bloch. Il a notamment lu avec beaucoup d’intérêt son célèbre livre Das Prinzip Hoffnung – Le Principe Espérance (1)– comme le montre cette lettre qu’il adresse à Ernst Bloch pour son quatre-vingt cinquième anniversaire (2).

Cher Ernst Bloch,

J’ajoute mes félicitations et mes vœux à ceux de tous vos admirateurs pour votre quatre vingt cinquième anniversaire.

Permettez-moi de marquer la reconnaissance que je vous dois, moi, Juif croyant et pratiquant, en vous faisant parvenir mon dernier livre qui vient de paraître aux éditions du Seuil sous le titre : L’exil de la parole. Du silence biblique au silence d’Auschwitz.

Vous verrez que la seconde partie de mon livre est presque entièrement construite sur les thèmes de votre pensée si stimulante, brillante et vraie (3).
J’ai d’ailleurs consacré à votre œuvre, en automne dernier, une série de cours que j’ai faite comme Professeur associé à l’Université de Tel-Aviv, en Israël, et j’ai rencontré un grand écho auprès des étudiants.

En gratitude et en fidélité,

1. Ernst Bloch, Das Prinzip Hoffnung, 1954-1959, trad. fr. Françoise Wuilmart : Le Principe Espérance, 3 volumes, Paris, Gallimard, 1976, 1982, 1991.
2. Quelques années plus tôt, André Neher écrivait déjà à Ernst Bloch :
   "Cher Ernst Bloch, vous ne trouverez certainement pas étrange qu’un Juif croyant et pratiquant saisisse l’occasion de Roch ha-chana pour vous dire, très simplement, son admiration pour votre œuvre, dont les grandioses et stimulantes perspectives lui ont permis de mieux se situer dans le champ ouvert de l’Espérance. André Neher" (lettre du 13.9.1966, © Archives André Neher).
   Et quelques années plus tard, André Neher, sollicité pour participer aux Mélanges en hommage au quatre vingt dixième anniversaire d’Ernst Bloch, rédigera l’étude "Job dans l’œuvre d’Ernst Bloch", qui paraîtra dans Utopie, Marxisme selon Ernst Bloch (Mélanges publiés par Gérard Raulet, Paris, Payot, 1976).
3. André Neher fait explicitement référence à Ernst Bloch aux pages 156-157 de L’exil de la parole.

© : A . S . I . J . A.