Jean Halpérin est un grand ami d’André Neher de longue date – amitié faite d’affection autant que d’échanges intellectuels. Ils partagent de nombreuses préoccupations et leur coopération est active dans beaucoup de domaines : Colloques des intellectuels juifs de langue française, dialogue judéo-chrétien, défense d’Israël…
Le renouvellement et le rajeunissement des membres du Comité préparatoire des Colloques des intellectuels juifs de langue française demeure pour André Neher un souci constant depuis quelques années. C’est une relève difficile à assurer, comme il l’explique à Jean Halpérin, président des Colloques à sa suite.
Strasbourg, le 20 juillet 1970
Cher Jean,
[…] Parmi l’équipe montante des Colloques [des intellectuels juifs de langue française], parmi tous les "nouveaux" recommandés par les uns ou les autres, il y en a, au fond, très peu qui soient en mesure d’imprimer aux Colloques de l’avenir la note de spiritualité que l’équipe des aînés a essayé de leur insuffler depuis le début. […] par conséquent, si on n’y veille pas, les Colloques de l’avenir se perdront dans des débats politiques ou idéologiques, non enracinés dans la tradition.
Parmi les jeunes, il y en a deux qui nous semblent avoir cet esprit "global" de l’équipe première. D’une part Draï (1), qui a été présenté par Éliane [Amado Lévy-Valensi], mais qui est encore très jeune et loin d’avoir terminé ses études, d’autre part Freddy Raphaël, qui a, ces deux ou trois dernières années, acquis une maîtrise et une stature très remarquables. Il faudrait absolument susciter en lui l’envie de se "donner" aux Colloques et pour cela, il faut qu’il s’y sente accueilli avec sympathie, sans réticence. Nous sommes d’ailleurs persuadés que, au cours du Colloque lui-même, vous sentirez sa valeur et qu’on pourra lui faire une place dans l’équipe préparatoire de l’année prochaine, bien que ce soit toujours difficile pour quelqu’un qui habite la province, qui est surchargé de travail et a de lourdes charges de famille. Mais il serait prêt à surmonter ces obstacles s’il sent parmi l’équipe préparatoire actuelle un désir sincère et amical de l’intégrer.
Merci de tout ce que vous avez fait et ferez, merci de votre amitié, et vous savez avec quelle ferveur nous pensons à vous.
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