91. à Pierre LEGENDRE

Dans leur séjour de repli à Lanteuil (Corrèze) pendant la seconde guerre mondiale, les frères Neher ont préparé au baccalauréat quelques élèves juifs et quelques élèves non-juifs de la région, dont les parents redoutaient que dans un lycée de Brive, ils fussent recrutés pour le STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne). Parmi ces derniers, Marcel Legendre. Celui-ci s’engage dans le maquis de Corrèze au début de l’année 1944 ; il est arrêté et fusillé par les Allemands le 18 mars, au cours de représailles contre ce maquis. Sa mort a profondément affecté André Neher (1) qui, depuis, ne manque pas d’écrire chaque année à Pierre Legendre, le frère de Marcel Legendre, à la date anniversaire du décès de celui-ci.


Strasbourg, le 18 mars 1971


Je ne pouvais pas vous écrire l’an dernier : j’étais en clinique (infarctus du myocarde, dont je ressens encore les séquelles – j’étais hospitalisé près de trois mois). Mais j’étais en pensée auprès de vous le 18 mars comme je le suis, cette année, dans le souvenir de Marcel, qui ne s’effacera jamais – bien au contraire, d’année en année, je le sens plus proche de moi.


En fraternelle sympathie,

André Neher (2)

Notes :
  1. André Neher dédie son premier livre, Amos. Contribution à l’étude du prophétisme (paru en 1950), "À la mémoire de mes amis, mes camarades d’études, élèves, fusillés par les Allemands ou morts en déportation", parmi lesquels figure Marcel Legendre.
  2. Dans les archives d’André Neher, la copie de cette lettre porte la mention suivante : "J’ai écrit tous les 18 mars jusqu’à cette date".


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