92. de Elie WIESEL, Jérusalem, à André Neher

L’amitié entre André Neher et Elie Wiesel se nourrit des échanges de leurs œuvres. Dans L’exil de la parole, paru en 1970, André Neher aborde le thème du silence et de la Shoa, comme l’exprime le sous-titre du livre : "Du silence biblique au silence d’Auschwitz".. Avec un certain retard, il a fait parvenir son livre à Elie Wiesel, qui y est largement évoqué. Celui-ci, après lecture, l’en remercie chaleureusement.
Cette lettre est traduite de l’hébreu.


Jérusalem, le 6 juillet 1971


Cher ami,


Je viens de lire par deux fois votre Exil de la parole : il s’agit là d’une œuvre très profonde, qui est en même temps une valeur littéraire.

J’ai parlé de vous – et bien entendu aussi de votre livre – avec Heschel. J’ai l’intention d’écrire quelque chose dans un journal américain et français. Il faut que votre voix se fasse entendre et pénètre les cœurs des deux côtés de l’océan.


Inutile de vous dire que les chapitres qui concernent la Shoa – et qui sont directement ou indirectement liés à mon travail (1) m’ont fait frémir : ils sont rares ceux qui, comme vous, ont le courage d’aller voir ce qui se passe dans les coulisses, et d’écouter le silence qui vient de là.


J’espère votre guérison proche et que vous retrouviez vos forces : vos disciples et vos admirateurs (ils sont nombreux, et fidèles) vous attendent.

Avec mon admiration profonde.

Votre

Elie Wiesel

Note :
  1. Cf. en particulier les pages 228 à 245 de L’exil de la parole.


© : A . S . I . J . A. judaisme