Malgré l’installation définitive d’André Neher à Jérusalem, la Section française du Congrès Juif Mondial n’a pas accepté qu’il démissionne, comme il le souhaitait étant donné son éloignement. C’est donc toujours en tant que président de la Section française du C.J.M. qu’après les premières semaines de la guerre de Kippour, il adresse un message à ses amis du C.J.M. en France.
L’attaque égyptienne en pleine journée de Yom Kippour a profondément ébranlé André Neher, qui demande à la Diaspora bien plus que des collectes d’argent : "une action, entière et totale, au service du peuple juif".

Profondément ému dans ma conscience juive d’avoir vécu cette guerre en Israël, en plein cœur de notre peuple, je pense intensément à vous qui la vivez en France la conscience déchirée.

En ces heures où s’instaure un cessez-le-feu dont l’avenir nous dira s’il est ou non précaire, il ne suffit pas de faire des vœux pour la paix, ni de collecter de l’argent pour la reconstruction.

Il faut que chacun de nous dans le plus profond de sa conscience, après cette guerre du Yom ha-kippourim, fasse en sincérité absolue un bilan de ses actes efficaces en faveur du peuple juif, mais aussi de ses indifférences et de ses démissions.

Demain sera fait uniquement de ce que nos énergies tendues en feront. Ne nous laissons pas, une nouvelle fois, reprendre au piège du confort et de la bonne conscience qui conseille tranquillement depuis Paris. C’est l’heure des choix : pour vous-mêmes, pour vos enfants.

Ces jours où les combats s’arrêtent nous permettent de reprendre en nous-mêmes la méditation intérieure interrompue en ce dramatique Yom Kippour non par le schofar mais par les sirènes hurlant les alertes. Cette méditation doit déboucher sur l’action, entière et totale, au service du peuple juif ; sur une alya du plus grand nombre possible ; sur une décision sincère et durable de ne pas relâcher l’effort, comme après 1967, dès que les choses ont l’air d’aller mieux.

Quand retentira le schofar du Yom Kippour prochain, puisse chacun d’entre nous avoir une conscience pure.

• Alya : litt. "montée"  ; désigne l'immigration en Israël.
• Schofar : corne de bélier dans laquelle dans laquelle souffle le rabbin pendant l'office du nouvel an et à la fin de l'office de Yom Kippour.
• Yom ha-kippourim : nom hébreu de Yom Kippour - Jour de[s] expiation[s].

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