En 1978 Marc Petit, qu’André Neher ne connaît pas du tout, lui envoie son premier roman : La grande cabale des Juifs de Plotzk (1). Il perçoit que la lecture de ses œuvres a influencé Marc Petit, qui le lui confirmera par la suite. André Neher l’en remercie et lui exprime son enthousiasme pour ce livre.
Avec La grande cabale des Juifs de Plotzk, vous êtes pour moi, Marc Petit, quoi que vous en pensiez vous-même (p. 182) (2), le prochain Goncourt. Mais même si vous ne l’étiez pas (le prochain), vous êtes déjà pour moi l’un des auteurs les plus empoignants, les plus vrais, les plus détecteurs d’étincelles perdues – dans les idées, dans les mots, dans l’histoire, dans le rêve – qu’il m’ait été donné de connaître. Et j’en connais beaucoup. Merci de votre Cabala , de m’avoir lu et compris (je l’aurais senti même si vous ne m’aviez pas salué et dit Chalom explicitement, p. 116) (3), de m’avoir transmis, avec tant d’autres, avec vous-même, avec vos héros, dans leur simplicité et leur grandeur, dans leur complexité et leur évidence, avec votre amour du peuple juif, avec votre Procès de Dieu (p. 154-155), l’un des tableaux les plus grandioses et ramassés parmi, derechef, les nombreux que je connais, y compris ceux que j’ai dressés (esquissés) moi-même.
Mais merci n’est pas la fin.
J’aurais beaucoup à vous dire encore, tant votre livre m’interroge – pourtant, le jour est bref, la tâche est longue ; mieux valent deux paroles ou deux silences en tête-à-tête que des missives où l’on se perd.
Alors : si vous venez à Jérusalem – bien sûr que vous y viendrez un jour – ayez la gentillesse de me téléphoner, et de venir me voir. Si vous venez seulement l’An prochain à Jérusalem, je ne serai plus 6 rue Alkalaï mais, à partir d’août 1978, 14 rue Ussishkin (téléphone encore inconnu).
Je devine sous votre nom de plume un autre, plus authentique, plus GRAND que PETIT (4). Dites-moi si je me trompe. Rien ne vous oblige à me répondre sur ce point. Il me suffit de votre livre, de votre dédicace, de votre promesse de venir me voir à Jérusalem (vous me l’avez promis tout à l’heure, n’est-ce pas, en lisant mon invite ?).
Chalom, Chalom,
Bravo pour le tir à boulets rouges sur Larousse. Laqueur, souvent cité par vous depuis le motto jusqu’à la p.145, ne me paraît pas recommandable. Pas seulement à cause du plan un peu (beaucoup) confus (5) ; mais parce que sur l’Histoire du Sionisme qu’il prétend écrire, il pratique la même méthode que Larousse sur l’histoire juive : des tranches entières, des hommes et des femmes ayant joué un rôle éminent dans l’histoire du sionisme sont tout simplement "oubliés" par Laqueur (en général parce qu’ils étaient "religieux" ou non alignés sur le schéma préétabli de l’auteur).
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