Sasia Erlich (1), avocate, est membre très active du Comité culturel de la WIZO de Paris et elle est aussi impliquée dans les rencontres judéo-chrétiennes. Des amis de Jérusalem lui ont écrit pour dire qu’ils avaient été scandalisés par une conférence du Père Marcel Dubois. Celui-ci, invité par la section francophone de la WIZO de Jérusalem à parler des relations judéo-chrétiennes, avait laissé entendre qu’un jour les Juifs finiraient par croire en Jésus. Le Père Dubois étant présenté comme un ami d’Israël, Sasia Erlich, pressée par les Wizéennes (2) de protester contre cette conférence, ne sait plus que penser et s’en ouvre à André et Rina Neher. Ceux-ci ne sont pas vraiment choqués ; ils expliquent à Sasia Erlich à quoi il faut s’attendre si l’on invite un conférencier comme le Père Dubois.
Chère Sasia,
[…] Ce qu’il nous paraît bon de rappeler, c’est que les Juifs doivent savoir, aussi bien en France qu’en Israël, que la théologie chrétienne a, dans ses fondements-mêmes, le souhait de voir les Juifs reconnaître leur "erreur" séculaire et se convertir au christianisme en reconnaissant Jésus.
C’est se leurrer très gravement de penser qu’on peut honnêtement demander à un Chrétien, et surtout à un théologien chrétien avec des responsabilités dans l’Église, de dire le contraire de ce qu’il croit. Au mieux, on peut lui demander d’accepter une longue patience et de ne pas faire de missionarisme en attendant. C’est à ce prix que nos rapports sont excellents avec le Père Dubois comme avec bien d’autres religieux de toutes obédiences chrétiennes qui habitent et vivent à Jérusalem et y prêchent la foi chrétienne.
C’est à nous de savoir tirer nos conclusions d’une théologie que nous devons connaître et ne pas pousser des cris d’horreur quand nous entendons un Chrétien déclarer qu’il souhaite qu’un jour les Juifs se convertissent à sa foi. Notre débat avec lui peut seulement jouer sur l’appréciation de quand sera ce jour et nous avons le droit et le devoir de nous rebiffer s’il veut prendre des mesures d’urgence pour nous forcer ou nous inciter à la conversion immédiate. C’est ce qui a entraîné en Israël un projet de loi "anti-mission" car trop de jeunes désorientés étaient poussés à la conversion par des appâts matériels […].
Edmond Fleg disait avec son doux sourire :
"Nous, nous l’attendons encore. Vous, vous croyez qu’il est déjà venu et que c’est le même qui reviendra dans sa gloire. À la fin des temps, la réalité fera voir qui aura eu raison, de vous ou de nous."
Les Chrétiens d’Israël ont beaucoup de mal à reconnaître la valeur prophétique que nous attachons à notre retour massif sur cette terre et à la réalisation en Erets Israël d’un État souverain juif. À nous de le leur faire comprendre sans trop nous irriter de trouver en face de nous des hésitations et des doutes.
Évidemment, tout cela serait plus facile à expliquer de vive voix : ce sera pour votre prochaine visite. La dernière, chère Sasia, est encore toute fraîche dans notre mémoire et nous a procuré beaucoup de joie.
Bien affectueusement de nous deux,
© : A . S . I . J . A. |