122. au Grand rabbin CHOUCHENA
        Directeur du l'École Rabbinique de France Rabbinique de France

Adressée au Directeur du Séminaire rabbinique de France, le grand rabbin Chouchena, cette lettre dit la grande tristesse d’André Neher : des élèves de l’École Rabbinique de France ignorent jusqu’à son nom. Il en exprime sa déception au Directeur, dans une lettre dont seul le brouillon a été conservé – il y manque la formule de politesse finale et la signature.


Jérusalem, le 2 décembre 1979

Monsieur le Grand Rabbin et cher ami,


Vous avez dû recevoir par un service de presse mon récent (et vingtième) livre : Ils ont refait leur âme.

Si j’ai tenu à vous faire le service de ce livre, c’est évidemment d’abord pour vous donner un signe d’amitié, mais c’est aussi pour la raison grave que voici :

Le soir de Souccot dernier, j’ai eu l’occasion de rencontrer à Jérusalem un de vos élèves de l’École (études déjà avancées). Il ne connaissait ni mon nom ni celui de ma femme, ni le titre d’aucun de nos livres qu’il n’avait naturellement jamais eus en main, et dont, me disait-il, ses professeurs de Bible ou de Philosophie juive ne lui avaient jamais parlé.

Vous conviendrez avec moi que, s’agissant d’Amos, de Moïse, de Jérémie, du prophétisme, de l’Histoire juive en général, il est plus que regrettable qu’un élève rabbin de France ignore les titres, les auteurs et, bien sûr, le contenu de livres qui, soit dans l’original soit dans leurs nombreuses traductions, sont lus et étudiés un peu partout dans le monde. D’autant plus qu’il s’agit, vous le savez, d’ouvrages dans lesquels science et tradition sont inséparablement liés, ce qui est assez rare mais me paraît répondre aux besoins formatifs des rabbins de France (1).

Notes :
  1. Cette lettre est restée sans réponse, de même qu’un rappel envoyé six mois plus tard.


© : A . S . I . J . A. judaisme