À plusieurs reprises depuis 1973, André Neher a envoyé des "lettres de lecteur" et des articles à des journaux français à propos des événements d’Israël. Mais aucun de ces textes n’a jamais paru dans la presse et ce, sans que la rédaction de ces journaux ne lui en ait donné la moindre explication. Il a donc renoncé à ces vaines tentatives et préfère, même s’il sait qu’il n’atteindra qu’un public assez restreint, envoyer, avec sa femme, une lettre circulaire à une centaine d’amis en France, en leur demandant de la faire parvenir à leur tour à d’autres amis. La lettre ci-dessous a eu un assez grand écho puisqu’elle a finalement été publiée dans La Terre Retrouvée (septembre 1980), dans L’Arche-Marseille (octobre 1980) et dans Kehilaténou(Bruxelles, sept.-oct. 1980).
Chers amis,
Les pressions qui s’exercent ces derniers mois sur Israël pour qu’Israël tende la main à Arafat et accepte la création d’un État palestinien dirigé par l’O.L.P. en Judée, Samarie et dans la bande de Gaza, les pressions aussi concernant Jérusalem, tout cela s’accentue de semaine en semaine. L’opinion publique mondiale peut jouer un rôle certain pour intensifier ces pressions ou, au contraire, pour s’y opposer.
C’est à ce niveau que chacun de nos amis peut jouer un rôle dans son cercle personnel pour informer et éclairer, et c’est pourquoi je vous écris.
Il est vrai qu’en Israël aussi la situation est difficile. Jusqu’à ce que vous ayez cette lettre, je ne sais où en sera le gouvernement, déchiré en querelles personnelles, au lieu de n’avoir en vue que le seul intérêt du Pays. Les querelles personnelles existent tout autant dans les partis d’opposition.
Les critiques sont faciles, et personne ici (ni dans la Gola) ne se fait faute d’en présenter les bilans démoralisants.
Mais c’est justement contre cette démoralisation que nous voulons lutter. Ne vous laissez pas entamer par une dépression qui, dans certains cercles, se proprage à l’allure d’une épidémie. Une épidémie, cela fait des dégâts terribles. Mais ce qu’il faut, c’est lutter de toutes ses forces pour l’enrayer. C’est ce qu’on fait en Israël aussi.
On continue en Israël à vivre, à se développer, à éduquer les jeunes dans l’espoir de l’avenir, à faire fleurir et fructifier les champs et les jardins et à veiller sur nos frontières. Les mères sourient à leurs nourrissons, en souhaitant qu’à leur âge adulte les crises soient dépassées et l’avenir de notre peuple bien affermi. En attendant, elles élèvent leurs enfants avec amour, persuadées qu’ils portent en eux la flamme des générations passées.
Israël en ce moment ne va pas bien. D’ailleurs, quand le monde entier est malade, d’une maladie qui s’appelle pétro-violence, comment serait-il possible, si l’on veut être réaliste, qu’Israël ne soit pas lui aussi contaminé ?
Que fait-on quand un être cher ne va pas bien ? Que faites-vous lorsque votre mère ne va pas bien ? Ce n’est ni le moment de l’abandonner, ni de l’avalancher de reproches, ni de lui dire : c’est bien fait, tu aurais dû éviter ceci, cela, et tu ne serais pas tombé malade.
La seule action positive est de l’aimer plus que jamais, de lui rendre visite, de l’aider à guérir par l’ingéniosité de nouveaux remèdes et de nouvelles marques d’affection.
C’est à cela que nous vous convions.
Chalom chaleureux de Jérusalem,
© : A . S . I . J . A. |