Certains que les journaux ne se feraient pas l’écho de leur position face aux calomnies déchaînées contre Israël après les massacres de Sabra et Shatila, les Neher ont de nouveau recours à une lettre ouverte, qu’ils adressent à leurs amis français. Écrite à la veille de Yom Kippour, où l’une des principales prières est une reconnaissance collective des fautes commises (vidouï), dans laquelle revient en leitmotiv la formule "le péché que nous avons commis », cette lettre est délibérément intitulée "Le péché que nous n’avons pas commis ». Elle a finalement touché un assez large public et a eu un grand impact en France.
Le péché que nous n’avons pas commis…
Chers amis,
Yom Kippour nous appelle à faire notre examen de conscience. La liturgie juive nous demande de scruter nos fautes au pluriel : non pas "j’ai menti, j’ai calomnié", mais "nous avons menti, nous avons calomnié". C’est une forte affirmation de solidarité collective. La société dans son ensemble porte la responsabilité des erreurs ou des fautes commises en son sein par les individus. Il y a interaction entre la conduite de chacun et l’état moral des sociétés en général.
Aujourd’hui, ce sentiment très pur de haute moralité débouche sur un complexe de culpabilité morbide. Certains Juifs revendiquent publiquement la responsabilité de la tragédie abominable des camps de Sabra et de Shatila. Il n’en faut pas plus pour que le monde entier utilise ces prétextes pour intensifier une explosion de haine contre Israël qui trouve ces jours-ci son point culminant, après une campagne ininterrompue de quatre mois et plus.
Non, aucun soldat de l’armée d’Israël n’a massacré les femmes, les enfants, les vieillards des camps palestiniens de Sabra et Shatila. Ce sont des Libanais d’une milice ou d’une autre qui les ont assassinés, exaspérés par le meurtre du Président élu, Béchir Gemayel (1). Tout Israël sans aucune exception condamne ce massacre avec horreur.
Non, on n’a pas retrouvé, et sans doute pas même sérieusement recherché les assassins de Béchir Gemayel et de son état-major. Ce meurtre se situe dans le climat de haine, de vengeance et d’assassinats qui règne au Liban depuis de longues années et qui n’a guère secoué l’indifférence générale. Les chefs d’État occidentaux ainsi que le Pape se sont tus pendant les sept années d’une implacable guerre au Liban entre l’O.L.P., les diverses factions libanaises et les Syriens. Le sang de 100 000 victimes de toute obédience (mais surtout un très grand nombre de Chrétiens) a giclé sur toutes les mains, depuis avril 1975, début de la guerre civile, jusqu’à la veille de la campagne israélienne. Les médias et les leaders politiques de l’Occident n’ont tiré à boulets rouges ni sur les Syriens, ni sur Arafat, ni sur les chefs des multiples factions libanaises, chrétiennes, musulmanes et druzes. Mais c’est commode d’oublier toutes ces tragédies pour propulser la suivante au flash des médias et en faire porter la responsabilité exclusive sur Israël, le bouc émissaire idéal et d’ailleurs séculaire.
Non, Arafat n’est pas un chef auquel il faut rendre les honneurs dus à un chef d’État, comme on l’a fait tout récemment à Athènes, à Rome et même au Vatican. Il est à la tête de criminels sans scrupules et fortement armés, pour qui le mensonge, la haine et le meurtre sont pain quotidien. Mais on accuse Israël pour avoir voulu en débarrasser ses frontières, pour avoir voulu les extirper du Liban. Les gouvernements masquent leur impuissance à prévenir et à punir les actes de terrorisme en accusant Israël d’en être la cause directe.
Le monde vit dans un état permanent de guerre, guerres chaudes ou guerres froides. Pas un seul pays au monde dont l’histoire ne soit jalonnée de guerres, d’atrocités, d’injustices. Croire qu’avec la création d’un état palestinien entre Israël et la Jordanie, et avec l’affaiblissement d’Israël, la paix règnerait en Asie, en Afrique et ailleurs, c’est un aveuglement aussi insensé que d’avoir cru que le partage du Vietnam apporterait une paix durable et juste en Extrême-Orient.
Rendre Israël, seul, responsable des calamités du Proche-Orient est une calomnie insupportable qui a un seul précédent dans l’Histoire : l’explication que donnait le Moyen Âge des épidémies meurtrières semant la mort en Europe. C’était, disait-on alors, les Juifs qui empoisonnaient les puits et propageaient ainsi la terrible peste noire.
Le monde repose sur trois piliers, disent de manière imagée nos Sages : la Vérité, la Justice et la Paix. Depuis Hitler, les mensonges (dont les mensonges contre les Juifs) n’ont jamais autant travesti la vérité qu’en ces tous derniers mois.
Il est urgent de crever les mensonges pour restituer au monde son pilier de Vérité, afin que puissent apparaître la Justice et la Paix.
© : A . S . I . J . A. |