La leçon de choses

Lorsque j'ai découvert dans la poche de son caddy
trois trognons de radis
jaunes et rabougris aux racines flétries,
aujourd'hui j'ai compris ce qu'avec son beau, grand sourire,
Evy ne m'avait jamais dit :
la fin du week-end, tous les achats finis,
on commence à mourir
dans la nuit grise qui unit
le dernier dimanche au lundi.

24 février 2007

L'adresse égarée
"Je rumine l'implacable."
Chaque soir j'attends encore,
en retenant mon souffle,
le léger frôlement de la porte qui s'ouvre
comme elle fait tous les soirs, chez nous,
depuis soixante années,
dans la pénombre amie du corridor.
Mais rien ne bouge là-dehors,
Evy ne revient plus chez nous, à la maison ;
en vain j'écoute encore un peu,
chaque soir, en silence.
Comme c' est étrange : les morts de l'ancienne saison ~
oublient donc de rentrer ?
Ont-ils perdu l'adresse ? différé le retour ?
Seraient-ils donc distraits, au point de ne plus vivre ?

Malgré mon désarroi d'enfant abandonné,
tous les matins sa place au petit déjeuner,
à table devant moi, dans la clarté muette,
reste une chaise, dos au mur : sans bouger, vide et nette.

4-5 mars 2007, Paris

Un coup de fil du voisin

" Maintenant qu'Evy est partie,
comment t'en sors-tu dans la vie?
Que fais-tu, tout seul, chaque jour? "
" Rien de spécial. J'attends mon tour. "

5 avril 2007

Ces poèmes ont paru dans la Revue Temporel n°3


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