suivi des animaux échappés au déluge il but le vin nouveau de sa vigne sauvée De Babel à New-York brûle mon arc en ciel moi qui m'obstine dans la claire angoisse de l'exil et ne possède d'autre patrie que la vie je veux lever un miroir de pierres jusqu'à mes cils pour détourner le soleil vers ma fontaine tarie. Quand le sang des images de Dieu se dessèche en nous l'éclat des eaux ravive le feu dans l'âme inconstante une attraction brusque rend nos genoux semblables aux vagues dans la nuit éternellement bondissantes : l'antique parenté renaît du débordement marin nos écumes se mêlent en tournant sur les écluses ouvertes : lourds astres éclatés dans le gel du matin qui soutenez le ciel entre vos mains inertes arbres réels et noirs qu'enchaîne seulement le cercle des oiseaux rayonnant sur la neige votre lait sourd violemment dans la fraîcheur du vent où l'homme se retrempe et de la nuit s'allège. Extrait de La lutte avec l'ange, Ed. Les Lettres, 1950.
© : A . S . I . J . A. |