En hiver dernier,
mon ami Alfred Dott m'a envoyé une admirable série de photographies
en noir et
blanc d'arbres dénudés, prises en novembre 2002, au coeur
du Ried alsacien, le long des marais brumeux et des rives mortes du Vieux
Rhin gelé. J'ai été ému par la lutte de ces
troncs de saules mutilés, de ces branchages géants mais brisés,
leur effort pour survivre, revivre - comme fait chacun de nous - en affrontant
le temps qui les mine ou les ronge à même leurs racines.
Dédale brièvement revisité au soir de ma vie, les textes
nouveaux et anciens réunis dans cet ouvrage reflètent à
leur manière la somme de mes écrits et de mes amis. Puissent
ils restituer au lecteur la pulsation unique dont chaque poème est
né en moi au cours de mon existence, et dont j'ai désiré
transmettre l'écho à qui veut l'écouter vibrer dans
les instants du bon silence ou l'on renaît à soi comme à
autrui. Pourvu qu'ils restent ouverts un peu de temps encore sur le monde,
nos yeux se rempliront de la splendeur des vieux cerisiers en fleurs autant
de joie de gagnée sur l'emprise aveugle du néant !