Pour Claude Vigée,
l'écriture est une nécessité vitale. Son parcours - de
l'enfance alsacienne aux années noires de la Shoah, du difficile exil
américain à l'installation en Israël et au retour à
Paris revêt une dimension particulière: s'y donne à lire
l'étonnant mystère qui transforme un destin en œuvre littéraire.
Au cours de ses entretiens avec Sylvie Parizet, il évoque les figures
bibliques qui ont marqué son imaginaire - Jacob, Job, Jonas... - et revient
sur son " art poétique ", qui est aussi un art de vivre. Dans
son judan, recueil de textes écrits ces dernières années,
se côtoient des réflexions sur le judaïsme, une étude
sur Joseph, un essai sur Mozart et une " chronique des jours ", le
Cahier parisien.
Ce poète, qui se dit " croyant, au sens premier d'émounah
", c'està-dire de " confiance placée, sans poser de
conditions préalables, dans la bonté si énigmatique, si
imprévisible d'En-haut ", montre ce que peut être l'espérance
lorsqu'elle survit, " malgré nous, malgré tout ", auau
lucide et terrifiant constat de la " démence meurtrière»
des hommes. L'œuvre littéraire est alors au service d'une aventure
qui la dépasse infiniment: transmettre la vie.
Sylvie Parizet enseigne la littérature comparée à l'université de Paris X-Nanterre. Spécialiste du mythe de Babel, qui afait l'objet de sa thèse de doctorat, elle poursuit ses recherches en étudiant l'influence de l'inspiration biblique sur la littérature contemporaine.