WESTHOFFEN

Un premier lieu de prières existait à Westhoffen dès 1626. Par la suite,
une synagogue datant de 1760 s'avèra être trop petite, et nécessita des
réparations vers le milieu du 19ème siècle.

En 1860, le maire, "pour le bon équilibre", à la suite de la construction
d'une nouvelle égliee et de l'agrandissement du presbytère protestant,
estima nécessaire la construction d'une nouvelle synagogue. Elle sera
inaugurée en août 1868. Le bâtiment a été épargné lors de l'occupation
allemande, mais l'intérieur a été saccagé et n'a pas été réaménagé, la
communauté ayant pratiquement disparu.

Westhoffen était siège d'un rabbinat jusqu'en 1924.


WESTHOFFEN
Texte publié par l'Office du Tourisme - 1972

La communauté juive de Westhoffen est l'une des plus anciennes et fut longtemps la plus importante de Basse-Alsace. On n'y mentionne aucune persécution lors des événements du 14ème siècle. Mais n'étant que tolérés, les juifs devaient payer chaque année un droit de manance et des impôts spéciaux. Il ne faut cependant pas penser qu'ils étaient spécialement pressurés : deux textes de l'époque semblent au contraire démontrer que certains jalousaient leur régime fiscal. Jusqu'à la Révolution, les juifs n'étaient autorisés à exercer aucun métier manuel en dehors de celui de boucher rituel. Ils étaient donc obligés de consacrer toute leur activité au commerce et à la finance. Le métier de boucher se cumulait d'ailleurs normalement avec celui de marchand de bestiaux. Les fonctions de rabbin, de chantre, de maître d'école, etc... étant peu ou point rémunérées, étaient également complétées par le négoce.

La synagogue en 1975
Il y avait de grandes différences de richesse au sein de la communauté. Plusieurs de ses membres étaient très riches, et apparaissaient souvent dans des contrats de prêt ou de commerce dans toute la région. C'est d'ailleurs sans doute grâce à leur facilité de trésorerie qu'on peut attribuer pour une large part la protection des comtes de Hanau-Lichtenberg à leurs manants juifs. En 1808, par ordre de Napoléon, chacun dut adopter un nom et un prénom. Pour Westhoffen, comme pour beaucoup de communes du Bas-Rhin, le registre des changements de nom est conservé.

Tout au long du 19ème siècle, les juifs de Westhoffen s'intégrèrent toujours davantage dans la société villageoise. Les rapports entre les juifs et les non-juifs étaient bons. L'entraide entre les communautés était réelle : des chrétiennes faisaient le tour des familles juives, le vendredi soir et la samedi matin, pour ranimer le foyer, et alimenter la lampe à huile. Les jeunes filles pauvres travaillaient comme couturières, lingères ou femmes de ménage dans des familles juives, avec qui elles entretenaient des rapports de grande proximité. Parfois, elles faisaient même réciter aux jeunes enfants leur prière hébraïque avant qu'ils ne s'endorment.

La synagogue en 1995 : ses abords ont été aménagés par la Municipalité...
Un signe des relativement bonnes dispositions qui ont régné à l'égard de la communauté juive est l'autorisation qu'elle a obtenue d'ériger un "erouv", moyennant finances, près de chaque porte de la ville. Il s'agit d'une porte symbolique, très discrète, constituée par deux barres de fer d'environ un mètre de haut, érigées de part et d'autre de la rue pour évoquer les montants de la porte, tandis qu'un fil de fer-tendu au niveau de l'étage des maisons représente son linteau. A l'intérieur de l'enceinte ainsi délimitée, la ville est assimilée à un lieu clos où la loi talmudique autorise les juifs à porter même pendant le Shabath des objets tels que livres de prières, aliments, ... et en cas de nécessité, seaux d'incendie.

A la fin du siècle, la pauvreté contraint les enfants à quitter très tôt le foyer parental : nombre d'entre eux doivent partir en Amérique. Comme ils n'avaient pas les moyens de payer la traversée, ils partaient "auf die fünfte Reise" (selon le régime du cinquième voyage) : ils avaient quatorze ou quinze ans, leurs parents pouvaient tout juste prendre en charge leur voyage jusqu'à Calais ; ils s'engageaient alors pour servir dans les soutes ou les cuisines du navire. A l'issue de la cinquième traversée, ils s'étaient acquittés de leur dette, et pouvaient ainsi, au bout de trois années, rester en Amérique. Les premiers envoyèrent de l'argent à leurs parents restés en Alsace, et contribuèrent à l'édification et à l'entretien de la synagogue du village.

Aucune mention antérieure à la fin du 17ème siècle ne donne de précisions quant au nombre d'habitants juifs de Westhoffen.
En 1682, la population juive, en voie d'accroissement rapide, est composée d'environ 100 personnes. Elle n'augmente plus que lentement au cours du 18ème siècle. En 1785, on dénombre 282 juifs ; c'est l'époque où la population juive aura été la plus nombreuse. Pendant les 19ème et le 20ème siècles, l'affaiblissement a été constant : en 1820, 215 personnes juives habitent Westhoffen, en 1861 elles ne sont plus que 180, et en 1910, 147.
Aujourd'hui (1972), il ne reste plus qu'une quinzaine de personnes, et l'éventualité d'une disparition complète de la communauté dans un avenir peu éloigné n'est pas à écarter. Tel a d'ailleurs été le sort de nombreuses communautés israélites rurales en Alsace.

Les ancêtres paternels de deux hommes politiques français, Léon Blum et Michel Debré, sont issus de cette communauté, et l'on cite un ancêtre de Karl Marx, rabbin à Westhoffen de 1663 à 1713.

La synagogue

...Aujourd'hui ses vitraux ont été restaurés.
La première synagogue de Westhoffen remonte à 1626, puis une deuxième a été construite en 1760.

La synagogue actuelle, en grès des Vosges, a été érigée en 1865 : la commune a affecté 35 000 F aux travaux, la communauté israélite s'engageant à fournir le terrain et à détruire à ses frais l'ancienne synagogue.

L'ensemble du bâtiment donne une impression de grandeur et de richesse dans l'exécution, caractéristique des constructions édifiées à Westhoffen au 19ème siècle. De proportions un peu trapues, la nef composée de quatre travées précédées d'un porche fait appel au style orientalisant, parfois choisi à cette époque pour établir une distinction entre les édifices cultuels juifs et chrétiens. Ce style apparaît particulièrement au niveau des baies et du portail d'entrée en arc outrepassé. En outre, le portail possède un chambranle oblique, évoquant sans ambiguïté les portails de l'ancienne Egypte.

Comme on le constate souvent, "l'Aron Hakodesh" ou arche sainte, contenant les rouleaux de la Loi, reprend une structure analogue. Elle est surmontée des tables de la Loi. Située devant cet ensemble, la "Bima" ou estrade de lecture où se tenait l'officiant a été préservée. Il en est de même pour la tribune des femmes qui longe la façade intérieure sur trois côtés.
La synagogue, y compris l'aménagement intérieur (tribune des femmes, "Aron Hakodesh", et "Bima"), est classée à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 30/10/1990. Elle est aujourd'hui désaffectée.

Sources : Pays d'Alsace - Robert LUTZ - SHA Saverne - 1972
Westhoffen : Traditions et Temps présent - La communauté juive -


Intérieur de la synagogue

Photographies : © Michel Rothé

Westhoffen

SAUVETAGE DES SYNAGOGUES EN ALSACE
Un projet des étudiants de l’Université de Wiesbaden,
Faculté d’Architecture d’Intérieure.

Abandonnés et à la merci d'écroulement - ainsi se présentent les synagogues en Alsace. C'est à la fois étonnant et incompréhensible, s'agit-il d'un patrimoines et d’éléments de culture perdus à jamais ?
Un groupe d'étudiants de l'Université de Wiesbaden s'est engagé de toute urgence dans la mission de leur sauvetage et ils ont pris les initiatives nécessaires à la conservation des ces bâtiments. Cependant - un soutien et l'assistance financière de"sponsors" seront indispensables pour la réalisation de ce projet.

Fachhochschule Wiesbaden
Fachbereich Gestaltung
Unter den Eichen 5

65195 Wiesbaden
Fon: +49.611.1880.183
Fax: +49.611.1880.173
e.brueck@gestaltung.fh-wiesbaden.de
Les étudiants de l'Université de Wiesbaden ont déjà mené à bonne fin le projet "MEMO 38" : la résurrection visuelle de la Synagogue de Wiesbaden, incendiée en 1938, ce qui a représenté plus de douze mille heures de travail .

Le projet "Synagogue Westhoffen", patronné par le Professeur Dr. Falk Krebs et Edgar Brück de l'Université de Wiesbaden, a comme but susciter l'intérêt pour cette entreprise ambitieuse et créative qu'est le sauvetage des patrimoines en Alsace.


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