Un premier lieu de prières existait à Westhoffen dès 1626. Par la suite, une synagogue datant de 1760 s'avèra être trop petite, et nécessita des réparations vers le milieu du 19ème siècle. En 1860, le maire, "pour le bon équilibre", à la suite de la construction Westhoffen était siège d'un rabbinat jusqu'en 1924. |
La communauté juive de Westhoffen est l'une des plus anciennes et fut longtemps la plus importante de Basse-Alsace. On n'y mentionne aucune persécution lors des événements du 14ème siècle. Mais n'étant que tolérés, les juifs devaient payer chaque année un droit de manance et des impôts spéciaux. Il ne faut cependant pas penser qu'ils étaient spécialement pressurés : deux textes de l'époque semblent au contraire démontrer que certains jalousaient leur régime fiscal. Jusqu'à la Révolution, les juifs n'étaient autorisés à exercer aucun métier manuel en dehors de celui de boucher rituel. Ils étaient donc obligés de consacrer toute leur activité au commerce et à la finance. Le métier de boucher se cumulait d'ailleurs normalement avec celui de marchand de bestiaux. Les fonctions de rabbin, de chantre, de maître d'école, etc... étant peu ou point rémunérées, étaient également complétées par le négoce.
Tout au long du 19ème siècle, les juifs de Westhoffen s'intégrèrent toujours davantage dans la société villageoise. Les rapports entre les juifs et les non-juifs étaient bons. L'entraide entre les communautés était réelle : des chrétiennes faisaient le tour des familles juives, le vendredi soir et la samedi matin, pour ranimer le foyer, et alimenter la lampe à huile. Les jeunes filles pauvres travaillaient comme couturières, lingères ou femmes de ménage dans des familles juives, avec qui elles entretenaient des rapports de grande proximité. Parfois, elles faisaient même réciter aux jeunes enfants leur prière hébraïque avant qu'ils ne s'endorment.
Aucune mention antérieure à la fin du 17ème siècle
ne donne de précisions quant au nombre d'habitants juifs de Westhoffen.
En 1682, la population juive, en voie d'accroissement rapide, est composée
d'environ 100 personnes. Elle n'augmente plus que lentement au cours du 18ème
siècle. En 1785, on dénombre 282 juifs ; c'est l'époque
où la population juive aura été la plus nombreuse. Pendant
les 19ème et le 20ème siècles, l'affaiblissement a été
constant : en 1820, 215 personnes juives habitent Westhoffen, en 1861 elles
ne sont plus que 180, et en 1910, 147.
Aujourd'hui (1972), il ne reste plus qu'une quinzaine de personnes, et l'éventualité
d'une disparition complète de la communauté dans un avenir peu
éloigné n'est pas à écarter. Tel a d'ailleurs été
le sort de nombreuses communautés israélites rurales en Alsace.
Les ancêtres paternels de deux hommes politiques français, Léon Blum et Michel Debré, sont issus de cette communauté, et l'on cite un ancêtre de Karl Marx, rabbin à Westhoffen de 1663 à 1713.
La synagogue actuelle, en grès des Vosges, a été érigée en 1865 : la commune a affecté 35 000 F aux travaux, la communauté israélite s'engageant à fournir le terrain et à détruire à ses frais l'ancienne synagogue.
L'ensemble du bâtiment donne une impression de grandeur et de richesse dans l'exécution, caractéristique des constructions édifiées à Westhoffen au 19ème siècle. De proportions un peu trapues, la nef composée de quatre travées précédées d'un porche fait appel au style orientalisant, parfois choisi à cette époque pour établir une distinction entre les édifices cultuels juifs et chrétiens. Ce style apparaît particulièrement au niveau des baies et du portail d'entrée en arc outrepassé. En outre, le portail possède un chambranle oblique, évoquant sans ambiguïté les portails de l'ancienne Egypte.
Comme on le constate souvent, "l'Aron Hakodesh" ou arche
sainte, contenant les rouleaux de la Loi, reprend une structure analogue. Elle
est surmontée des tables de la Loi. Située devant cet ensemble,
la "Bima" ou estrade de lecture où se tenait l'officiant
a été préservée. Il en est de même pour la
tribune des femmes qui longe la façade intérieure sur trois côtés.
La synagogue, y compris l'aménagement intérieur (tribune des femmes,
"Aron Hakodesh", et "Bima"), est classée
à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis
le 30/10/1990. Elle est aujourd'hui désaffectée.
Sources : | Pays d'Alsace - Robert LUTZ - SHA Saverne - 1972 Westhoffen : Traditions et Temps présent - La communauté juive - |
Abandonnés et à la merci d'écroulement - ainsi se présentent
les synagogues en Alsace. C'est à la fois étonnant et incompréhensible,
s'agit-il d'un patrimoines et déléments de culture perdus
à jamais ?
Un groupe d'étudiants de l'Université de Wiesbaden s'est engagé
de toute urgence dans la mission de leur sauvetage et ils ont pris les initiatives
nécessaires à la conservation des ces bâtiments. Cependant
- un soutien et l'assistance financière de"sponsors" seront
indispensables pour la réalisation de ce projet.
Fachhochschule Wiesbaden Fachbereich Gestaltung Unter den Eichen 5 65195 Wiesbaden Fon: +49.611.1880.183 Fax: +49.611.1880.173 e.brueck@gestaltung.fh-wiesbaden.de |
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