Belfort - lieux de vie


Barres

L'ancienne synagogue située 10, rue des Barres, figure sur le cadastre du quartier, comme une enclave dans la caserne de Cavalerie. Cependant, les Archives départementales ont trouvé l'acte d'acquisition par Isaac Blum daté de 1809, d'une maison qui devint la synagogue et du terrain. Plus tard le terrain fut vendu à un particulier, qui a son tour le vendit à l'armée.
Ainsi, la synagogue à l'origine seule occupante du terrain, se trouva enclavée dans la caserne de Cavalerie qui vint s'installer ultérieurement.

Un autre document (1) mentionne la synagogue sous le terme "d'édifice" existant lors de la guerre de 1814. Qu'il existât des propriétaires de stalles dans l'ancienne synagogue préjuge de son importance relative. Aucune photographie n'a été retrouvée.
En 1852, la Communauté israélite de Belfort acquit le terrain de M. Juteau, aux 4-6-8 de l'ancienne rue des Barres, et actuelle rue de l'As de Carreau, pour y faire construire l'édifice actuel.

Mikwé - bain rituel

Cejourd'hui dix neuf novembre mil huit cent soixante un, nous soussignés.
Lu Jodock Feldkirch ancien maître maçon propriétaire à Belfort, d'une part.
Et nous Salomon Block et Salomon Lehmann Président et membre de la Commission administrative de la Communauté Israélite de cette ville, pour laquelle nous nous portons fort d'autre part.
Ayant contracté ce qui suit.
Moi Jodock Feldkirch devenus à titre de bail à loyer à la Communauté israélite qui l'accepte, le rez-de-chaussée de ma maison, situé rue de l'Etuve n°7 (2). Servant depuis de longues années et devant servir de nouveau de salle de bain de purification à l'usage de la communauté pourra faire telles réparations et aménagement qu'elle jugera utile et convenable ; de même qu'elle aura les facultés de prendre de l'eau dans le puits qui se trouve au fond de l'allée de ma susdite maison, au moyen d'une pompe placée à l'intérieur de la salle de bain et d'un tuyau d'appel placé dans le puits et traversant sous le dallage du corridor le tout à ses frais.
Le présent bail est fait pour la durée de vingt années consécutives, moyennant un loyer annuel de cent vingt cinq francs, payable la moitié le vingt quatre décembre et l'autre moitié le vingt quatre juin de chaque année comme ci-devant.
Il est entendu que tout le matériel servant de l'aménagement de ces bains sera la propriété de la communauté qui pourra en disposer en tous temps comme elle le jugera convenable de même à l'expiration du présent bail. (...) (3).

Ainsi, les archivistes départementaux ont-ils mis la main (en 2007) sur la preuve de l'existence du mikwé rue de l'Etuve ; un contrat de bail de location de 1861, pour vingt ans renouvelables.

A. Corret (4) mentionnait bien dans son chapitre sur les Bains publics, avec force détails subtils, le bain de purification des dames juives.
Et l'idée qu'il n'avait jamais existé semblait tout aussi improbable. Aujourd'hui la preuve est faite que le mikwé était bien situé rue de l'Etuve, comme la rumeur communautaire le faisait entendre.

Jusqu'à quand a-t-il servi ? Le bail est postérieur à la construction de la synagogue, ce qui fait supposer que le mikwé n'avait pas été prévu en un autre lieu, et qu'il était bien situé, près des lieux de vie juive, dans la vieille ville. Par ailleurs, l'importance attachée à l'usage d'un mikwé dans la loi juive ne permet pas de penser que la Communauté juive de Belfort se soit défait de son mikwé de sa propre initiative. Des éléments extérieurs ont dû perturber l'usage qui en était fait à cet emplacement précis.
Pourrait-on penser que ce mikwé existait depuis le moyen âge, époque où furent installés des bains publics à cet emplacement même ?
Aujourd'hui, une investigation ciblée serait nécessaire pour le démontrer, et remonter au rapport des fouilles qui eurent lieu dans les années 1980, par Mr Rillot de la Société belfortaine d'émulation.

Vieille ville de Belfort

Mezouhah place d'Armes.
Enseigne du restaurant casher
Vieille Ville : Place de l'Etuve et rue de la Grande Fontaine - Faubourg de France - Faubourg de Montbéliard anciennement rue Voltaire.
Ces trois secteurs de la ville ont concentré la population juive de Belfort ; lieux de vie dans la vieille ville pour les Juifs qui s'implantent, une épicerie kasher est signalée place de la Grande Fontaine, le mikwé place de Fauve, l'auberge rue de l'Eglise, une boucherie kasher, divers ateliers de couture dans les maisons d'habitation, divers commerçants et artisans, comme le coiffeur Céléminski place de la République ; toutes époques confondues.Une mézouzah a subsisté, place d'Armes, entre le bar des Maronniers et la librairie. La trace d'une autre est visible, rue de la Grande Fontaine, vers les remparts.Le faubourg de France abrite le premier lieu de prière, les négociants qui propèrent s'installent sur ce faubourg, près de la place de la bascule, du relais des postes et diligences, puis à proximité de la gare, le coeur économique de la ville.

Le faubourg de Montbéliard et la rue Thiers, sont réputés concentrer les Juifs alsaciens qui ont prospéré, une mezouzah a là aussi subsisté, au n°46.
Un restaurant kasher et une boucherie y étaient situés avant guerre.

Rénovations

Rénovation des escaliers de la synaogue par Dimitri Filippovet
et Sergueï Spiridonov
En novembre 1953, la démolition d'une construction vétuste est ordonnée par le Préfet, elle sera remplacée par la maison communautaire actuelle financée par les indemnités de dommages de guerre complétées d'un crédit. Prévue à l'origine pour être destinée à usage d'un oratoire, elle changera de destination lorsque l'oratoire "René Blum" sera décidé dans sa fonction en définitive. Ainsi, des soirées de fiançailles, mariage et autres fêtes purent s'organiser dans la salle communautaire. Une rénovation de la dite maison communautaire aura lieu en 1973, sous la présidence de Roger Ullman, financée par des dons exceptionnels de membres de la Communauté, et commandée à Mr Bissantz, décorateur, à qui l'on doit le décor en lambris et la ménorah murale bois et lumières.

Rénovation de la façade de la Synagogue et divers travaux de zinguerie, en 1963, financés par "des acquisitions d'indemnités de dommages de guerre" dont tous pouvoirs à Jacob Guguenheim et René Wormser pour agir au nom de la Communauté israélite.Le ravalement de la façade de la synagogue et de la maison communautaire furent effectué sous la présidence de Alain Picard avec le concours technique de Eric Lévy.

En 2007, sont entrepris des travaux de rénovation du cimetière, de la synagogue et de la maison communautaire, sous la présidence de Laurent Hofnung, sous la direction technique de Djamchid Sénéhipour, entouré d'une équipe de russophones conduite elle-même par Sergueï Spiridonov.

A noter, des donations et legs importants, notamment des soeurs Gradwohl et de Lucien Dreyfus, l'un pour l'achat du terrain côté cour à l'Automobile club, l'autre pour compléter le financement de la construction de la Maison communautaire, avec pose dune plaque de bronze à la mémoire de Emma Dreyfus, épouse de Lucien, morte en déportation en 1944.


Plaque à la mémoire de Emma Dreyfus

Notes :

  1. Feuillet manuscrit apposé à la page de garde du registre des adjudications de la nouvelle synagogue.    Retour au texte.
  2. A peu près à l'emplacement du n°3 actuel.    Retour au texte.
  3. Extrait du Registre des baux, Archives Départementales du Territoire de Belfort. Réf. : 69 art. 341 et 112 art. 520.     Retour au texte.
  4. Histoire de Belfort et de ses environs, 1855.    Retour au texte.

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