L'Empire et l'école communale.
Napoléon emprunta aux assemblées .de la révolution l'idée de se charger de l'instruction des enfants. Il semble en ce qui concerne l'école, qu'au temps de l'Empire un vent nouveau soufflait à Pfastatt, et, on fit bon accueil aux circulaires préfectorales à ce sujet. Les circulaires cherchaient à appliquer intégralement les idées de l'empereur qui voulait, d'après ses propres paroles, faire de l'enseignement "un des blocs de granit sur lesquels il établirait les assises de la société nouvelle". Le contrat entre la municipalité d'une part et Monsieur Trapp d'autre part arrive à son terme en 1808. Et au cours de la séance du conseil municipal du 8 novembre 1808, le maire signale aux conseillers la vacance de l'emploi d'instituteur, et déclare qu'un nouveau instituteur peut être embauché. Le conseil cherche surtout à s'assurer la collaboration. d'un instituteur "reconnu", c'est-à-dire, ayant son brevet élémentaire.
Mais faute de candidat et se référant à la loi du 10 Florial de l'an 10, à la circulaire préfectorale du 22 Nivose de l'an 11 et enfin celle du sous-préfet du 1.9.1908 décide de maintenir provisoirement Monsieur Trapp à son emploi. Il ordonne ce qui suit :
Sur le chemin de l'école - image de Hansi |
D'après cette délibération municipale on remarque que dorénavant les questions relatives à l'école communale ont un caractère officiel et sont subordonnées au contrôle et aux décisions des administrations préfectorales voire impériales. On constate également que le conseil municipal de ce temps semblait être bien disposé pour l'école.
Après de longues années d'enseignement, M. Trapp, très âgé, quitta l'école pour la vie privée. Il fut remplacé par un autre fils de Pfastatt, descendant d'une vieille famille, M. Augustin Spony. Ce dernier était en possession de son brevet élémentaire.
Dans sa séance du 25 août 1833, le conseil fixa le traitement de l'instituteur à 745 Fr, et observa à cet égard que les parents voulant tirer parti de leurs enfants, quelquefois même en bas âge, les envoient travailler soit dans les manufactures, soit dans la campagne et les privent de l'instruction pendant des mois entiers, ce qui réduit la rétribution qui doit être payée à l'instituteur à la somme de 120 Fr. Le conseil est d'avis que la commune doit avoir l'instituteur à elle seule.
En 1833, 6 enfants indigents sont gratuitement admis à l'école.
En 1836, le traitement de l'instituteur est fixé à 795 Fr.
7 enfants indigents sont admis à l'école. Le chapitre 36bis de l'état, relatif à l'entretien de l'instituteur pour l'année 1837, prévoyait la somme de 120 Fr. pour rémunérer les services de sacristain et d'organiste, mais le préfet refusa d'approuver cette somme sauf à justifier l'insuffisance du budget de la fabrique de l'église. Vu ce budget qui présenta un déficit, le conseil ouvrit un crédit spécial de 120 Fr. pour l'exercice 1837, et 8 enfants furent admis gratuitement à l'école.
Après une activité de 25 ans à l'école communale. M. Augustin Spony était démissionnaire, et le conseil se rassembla le 28 février 1839, pour désigner son successeur. Il ne semble pas que l'instituteur démissionnaire ait rempli ses fonctions à l'entière satisfaction, d'après la façon de voir du conseil, car ses membres déclarèrent que :
"Considérant le besoin d'améliorer l'instruction primaire dans la commune qui jusqu'à ce jour a été assez négligée, espérant de trouver un remède salutaire à cet état de choses,
Vu le brevet du sieur Dellinger François-Xavier, ainsi que les certificats de moralité délivrés par les Maires de Mussig (canton de Marckolsheim) et de Châtenois (canton et arrondissement de Sélestat),
Vu les articles 4 et 21 de la loi du 28 juin 1833, nomme le sieur Dellinger F.-X. instituteur primaire de la commune de Pfastatt. De l'accord établi entre le nouveau maitre d'école et la commune, sont surtout à mentionner les § 6 et 7.
6° Il tiendra une école de nuit pour les enfants fréquentant les fabriques, la rétribution en est fixée à 15 centimes par semaine et par élève.
7° Il s'engage d'après la loi du 28 juin 1833 de recevoir tant à l'école du jour qu'à celle du soir, les enfants pauvres désignés par le conseil municipal, ce nombre ne pouvant cependant pas dépasser huit.
Le traitement de M. Dellinger s'élève à 846 Fr. dont 500 Fr. de fixe.
En 1839, le traitement total est de 900 Fr. et se compose comme suit :
Traitement fixe
500 Fr.
Secrétaire de mairie
100 "
chauffage (16 stères de bois)
120 "
logement (valeur locative)
80 "
rétribution scolaire
100 "
-------
900 Fr.
Un an plus tard, le 17 mars 1841, la construction de la nouvelle école est décidée, étant donné que l'ancienne ne pouvant plus contenir tous les élèves.
Pour l'exécution, la commune disposait des fonds suivants :
Fonds disponibles de la caisse communale | 2.424,17 Fr. |
Prix de cession des terrains de la ligne de chemin de fer Strasbourg à Bâle (forêt communale) |
14.000,--" |
Produit d'une coupe extraordinaire dans la forêt de Graffenwald (au delà de la ligne de chemin de fer) |
3.0000,--" |
-------------- 19.424,17 Fr. |
En 1852 la nouvelle école est construite. Dans sa séance extraordinaire du 5 avril 1853, M. le président dit que suivant l'article 51, la loi sur l'enseignement impose à toute commune dont la population excède 800 âmes, la création d'une école spéciale de filles, il fait remarquer au conseil municipal les avantages d'un enseignement mieux approprié à chaque sexe et en particulier la nécessité pour les filles d'être élevées par une femme et d'apprendre d'elle tous les travaux d'aiguille indispensables dans le ménage; il engagea le conseil municipal d'entrer dans ses vues, d'adopter les propositions et de voter le crédit nécessaire pour suffire à l'établissement et à l'entretien de l'école dont il s'agit. Considérant qu'aucune plainte ne s'est jamais élevée contre l'école dirigée par le sieur Dellinger, lequel a fait tout son possible durant les 14 ans qu'il est resté en fonction dans cette commune pour communiquer autant qu'il était en lui aux enfants des deux sexes réunis jusqu'à ce jour les connaissances élémentaires; que néanmoins, malgré tout le zèle qu'il déployait continuellement, cet instituteur ne pouvait donner l'instruction néces sexes sont séparés, la commune pourra espérer encore plus de progrès de la part des garçons et filles.
Le conseil vota le crédit nécessaire afin que l'école de filles soit créée le plus tôt possible.
1. | pour un mur de séparation dans la classe d'école | 200 Fr. |
2. | pour une indemnité de logement à l'institutrice | 100 " |
3. | pour élever la rétribution scolaire à la somme exigée de 400 Fr. | 140 " |
4. | pour matériel d'école | 150 " |
------- 590 Fr. |
L'école sous administration allemande.
Au moment de la mise en place de l'administration allemande après 1871, Pfastatt possédait une école primaire florissante. Dans l'école même, deux salles de classes étaient réservées aux filles et une aux garçons. Dans l'actuel hôpital se trouvait une seconde salle de classe réservée aux garçons, mais souvent classe mixte.
L'heureuse activité de l'école a profondément influencé la pénétration de la langue française au village. En famille, en société, au travail, dans le commerce, les diverses classes de la société parlaient français. Les instituteurs nommés par le ministère de l'Intérieur enseignaient sous l'autorité du conseil municipal. L'école appartenait à la commune et le conseil la gérait consciencieusement. L'administration allemande la confisque purement et simplement et annonce que les cours se feront dorénavant en allemand. L'usage de la langue française à l'école est formellement interdit. Et malgré les protestations du maire et du conseil local, filles et garçons apprennent l'allemand à l'école.
Le choc est violent, la population est révoltée par l'insolence de la nouvelle administration qui ordonne cette mesure scandaleuse. Tandis, que de nombreuses familles aisées ont envoyé leurs fils dans divers collèges de Vieille France, un grand nombre d'élèves des deux sexes désertent la nouvelle école.
Mais les Allemands ont vite fait de trouver des élèves, ils adoptent pour l'Alsace-Lorraine le régime en usage en Allemagne qui prévoit l'obligation scolaire. Sage mesure en soi et il semble que le refus par M. Guizot en 1831 de cette mesure ait été une lourde faute, surtout dans nos régions. Les parents sont dorénavant forcés de mettre leurs enfants à l'école, sous peine d'amende et de prison. Par suite de cette nouvelle loi scolaire, de nombreux enfants affluent à l'école, qui s'avère bientôt trop petite. Vers le début du siècle, de nouvelles écoles sont construites, une école de filles à gauche de la rue des Ecoles et l'école des garçons à droite.
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