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En 1785-1786, la synagogue de Lunéville fut la première à avoir été édifiée dans le royaume de France depuis le 13ème, voire le 12ème siècle, par "permission" du roi Louis XVI. Il accordait cette faveur à la requête d'Abraham Isaac Brisac, syndic de cette communauté qui comptait environ trente familles. Le culte juif n’était alors que toléré et l’édifice dut être placé en retrait de la voie publique, derrière une maison (cette dernière fut détruite en 1914 lors d’un incendie criminel).
La synagogue, construite par l'architecte Charles Augustin Piroux, s’inscrit dans la tradition architecturale lorraine. Recouverte d’un placage en grès rose des Vosges, la décoration de la façade témoignait, avant son martelage sous la Révolution, de la reconnaissance de la communauté juive envers Louis XVI, par une prolifération de symboles royaux.
Cette synagogue présente la particularité unique d'avoir trois portes différenciées pour les hommes, les femmes et les enfants (qui peuvent ainsi sortir de la synagogue sans perturber l’office). Miraculeusement préservée au cours des deux guerres mondiales, elle a suivi l'évolution de la ville et de la communauté juive, et fait actuellement partie du patrimoine artistique de la ville. Elle a été la première en Lorraine à être inscrite à l'Inventaire des Monuments Historiques en 1975 et 1980.
On peut mentionner une anecdote mettant en scène la synagogue de Lunéville.
Irving L. Kittay, de New York, faisait partie des premiers militaires américains
entrés à Lunéville le 16 septembre 1944. Quelques jours
plus tard, alors que des femmes nettoyaient la synagogue en vue de sa réouverture
pour Rosh Hashana
à l'intention des troupes américaines, il s'aperçut que
le shofar (corne de bélier) se trouvait parmi les détritus.
Il le ramassa et le garda durant les opérations militaires auxquelles
il participa en France, en Allemagne et en Autriche. Il le ramena avec lui à
New York avec l'intention de le restituer à l'occasion d'un éventuel
voyage en France. Mais en août 1949, après avoir pris contact avec
la communauté de Lunéville, il décidé de le renvoyer.
Or, il n'avait toujours pas été remplacé !
Le cimetière juif de Lunéville fut officiellement
créé en 1791 sur un champ de repos plus ancien de trente ans environ,
illicite mais non clandestin. Il fit fonction de cimetière régional
pour les petites communautés voisines des départements de Meurthe-et-Moselle
et des Vosges.
A Lunéville se trouve aussi le monument de
l'abbé Grégoire, curé d'Emberménil, qui, dès
les premières heures de la révolution, s'employa à obtenir
de l'Assemblée Constituante l'affranchissement des Juifs. Celle-ci leur
accorda les droits civiques et la citoyenneté française le 27
septembre 1791. L'abbé ne cessa de se montrer jusqu'à sa mort
le plus dévoué défenseur du peuple juif. Sa maison natale
s'élève encore à Vého.
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