La synagogue de style byzantin en grès rose des vosges(comme celle de Sarreguemines, détruite par les nazis en 1940) - coll. © P. Jacquot

Deux juifs étaient signalés à Puttelange dès les années 1685-1690. Il s'agissait d'Isaac Hess, né à Friedberg près de Francfort et de Daniel Heilbronn, né en Hesse. Une véritable communauté se forma alors peu à peu. Elle était mentionnée parmi celles ayant le droit de se constituer en Lorraine en 1721 Lorsque fut signé le contrat de Néhémie Reicher, premier rabbin de Lorraine le 21 août 1737 à Morhange, un certain Menahem Mendel Hesse, de Puttelange, figurait parmi les signataires. C'est dans sa maison, aujourd'hui rue de Nancy, que se célébraient les offices. Sur le linteau de la porte d'entrée, on peut encore voir de nos jours la tête sculptée du premier rabbin. Plus tard, une autre maison, voisine, fut affectée au culte tandis que l'ancienne servait d'école et de logement au maître.

La communauté se renforça constamment au cours du19ème siècle, atteignant deux cent une personnes en 1863, ce qui rendait le lieu de culte, déjà vétuste, trop étroit. On construisit en 1864-66, sur les plans de l'architecte Desgranges, de Sarreguemines, un étonnant bâtiment en style orientalisant qui coûta 34419 francs, somme considérable qui ne fut couverte que par des subventions, tant municipales que consistoriales. Parmi les dons qui permirent de boucler le budget, une somme de 5000 F provenait du baron de Rothschild.

Une école juive fonctionnait probablement déjà avant la Révolution mais au milieu du19ème siècle, la communauté demanda à la commune d'en faire un établissement public confessionnel (loi Falloux). Le conseil municipal refusa et le consistoire s'indigna en faisant valoir "la liberté de conscience et le droit de l'égalité garantie du culte" (22 décembre 1850). Finalement, la municipalité acceptera de verser 200 F annuels de subvention, de livrer quatre stères de bois de chauffage et une indemnité de logement à l'instituteur avec obligation pour ce dernier de consacrer exclusivement à son école une pièce spéciale de son appartement.

Avec ses cent quarante-huit individus juifs recensés en 1900, Puttelange, bien qu'en déclin, restait une des plus importantes communautés de la présidence de Lorraine. Mais également minée par l'émigration outre-mer, elle diminua fortement dès la fin de la guerre de 1914-1918 avec le départ des juifs allemands.

Il ne restait plus que vingt-et-une familles en 1939, souvent composées de vieillards, les offices étant assurés par un ‘hazan nommé Mr. Reichelsohn. Ce dernier qui passait pour un fin cabaliste avait la réputation d'avoir des visions. Un jour que tout le village de Remering recherchait dans le lac un enfant qui s'y était noyé, il avait conseillé aux pompiers de mettre à l'eau un tiroir dans lequel il plaça un morceau de pain. Le tiroir s'était, paraît-il, arrêté juste à l'endroit où reposait le corps. Peut-être bouleversé par d'autres pensées prémonitoires, il se suicida au début de la guerre.

Jusqu'en 1936, existait une "Judegasse” à l'entrée de laquelle on pouvait encore voir les chaînes qui jadis fermaient la rue, le soir venu. La synagogue fut en grande partie détruite par les nazis qui se servirent des pierres pour construire des logements. Les ruines furent entièrement abattues en 1959 et le consistoire décida en 1961, à l'indignation des quelques juifs qui étaient revenus s'installer après la Libération, de ne pas la reconstruire, transférant les dommages de guerre qui y étaient attachés sur un autre site. Cette décision entraîna aussi la vente de l'ancienne école juive qui était restée intacte. La communauté disparut à la fin des années cinquante. Son dernier président avait été Joseph Wolff.

La synagogue le choeur, la table de lecture de la Torah,au fond l'arche d'alliance - coll. © P. Jacquot
La maison neuve construitte sur le site de la synagogue	Vestige de la synagogue détruite
Le cimetière israélite de Puttelange
Les tombes éparpillées	La porte du cimetière fermée à jamais
L'arbre de vie

Photographies : © Pierre Jacquot

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