En 588 avant l'ère chrétienne, Nabuchodonosor mit le siège devant Jérusalem. Ses habitants subirent mille douleurs; beaucoup succombèrent de faim avant qu'un an et demi plus tard, le souverain chaldéen ne détruise le Temple de Salomon et ne déporte en Babylonie les Juifs survivants du Royaume de Juda. Le jeûne du 10 tébeth (Assara be-téveth) commémore le début du siège.
Le jeûne commence à l'aube et hormis l'interdiction de boire et de manger, il ne comporte pas les interdits de Tisha be-av, qui, lui, commémore la destruction des deux Temples (en -586 et en 70). Par décision du grand rabbinat d'Israël, Assara be-téveth a été instituée comme la journée du Kadish, récitée en l'honneur des suppliciés de la Shoah dont la date de la mort n'est pas connue (1).
Après le retour d'Israël sur sa Terre et la proclamation d'indépendance de l'Etat d'Israël, d'excellents esprits se sont interrogés sur le maintien des jeûnes commémoratifs. La question s'est faite plus incisive après la libération de Jérusalem. Les instances rabbiniques ont maintenu les jeûnes. Cependant, s'il y a consensus pour jeûner au 9 av, en souvenir des Temples détruits et de la fin de la souveraineté d'Israël sur sa terre, des personnes privées, appartenant au monde orthodoxe, ont cessé d'observer les autres jeûnes commémoratifs. Ils invoquent pour se justifier l'enseignement du prophète Zaccharie ((7:1-6 ; 8:19) et un texte du Talmud (Roch Hachana 18b) sur le caractère facultatif du jeûne quand le peuple juif n'est pas persécuté. Ils considèrent aussi que l'observance du deuil que ces jeûnes impliquent est, aujourd'hui, une marque d'ingratitude envers Dieu, "libérateur d'Israël".