Nous croyons devoir, pour une partie de nos lecteurs, faire connaître rapidement l'origine de cette solennité et la manière de la célébrer.
Matathiah, fils du grand-prêtre Jochanan, l'un des Machabées, combattit contre Antiochus Epiphanès, roi de Syrie. Ce prince, dit M. Jost (Histoire des juifs, t.II, p.276), était un monstre qui surpassait Caligula en folies, et Néron en cruauté. Sentant sa dépendance des Romains, il dirigea toute sa fureur contre les provinces qui lui étaient soumises ; la Judée en éprouva les funestes effets, et il se proposa d'anéantir les juifs.
Nous renvoyons aux livres des Machabées pour les détails des malheurs des juifs et leur glorieuse délivrance par la famille sacerdotale dite des Machabées (165 à 136 avant Jésus-Christ). Judas Machabée parvint à délivrer Jérusalem des fureurs du roi syrien, à purifier le Temple et à rétablir le culte. Le 25 kislew (qui cette année correspond au 20 décembre), le Temple fut de nouveau inauguré, et l'on institua, en mémoire de ce grand événement, une demi-fête de huit jours, qui se célèbre tous les ans sous le nom inscrit en tête de cet article.
On allume, dans la synagogue et dans l'intérieur des maisons, le premier soir une lumière, le deuxième deux, et ainsi de suite jusqu'au huitième. A cet effet, chaque famille est pourvue au moins d'une lampe, qui, d'ordinaire, est en fer-blanc, portant huit becs, et le chef de famille allume les becs en prononçant certaines bénédictions. Ce rite, dont l'objet est un signe de joie, doit aussi, d'après le Talmud (Shabbat, p.21) rappeler le miracle qui, selon une tradition, a fait qu'une petite quantité d'huile consacrée, qui pouvait suffire pour un jour, a suffi pendant huit jours à alimenter le chandelier du Temple, et jusqu'à ce qu'on eût le temps d'en consacrer d'autre.
Avant 1789, les jeux de carte et autres étaient sévèrement défendus chez les juifs sous peine d'anathème ; mais pendant cette huitaine, la défense était levée, et l'on passait quelquefois des nuits entières à des jeux peu dispendieux.
La prière par laquelle on remercie Dieu d'avoir donné le commandement de cette illumination est controversée dans le Talmud. Où, demande-t-on dans le Talmud, ce commandement a-t-il été donné ? On répond qu'il est compris dans l'ordre de ne pas nous détourner des prescriptions de nos chefs spirituels (לא תסיר Deut.). Cet ordre est la base d'une foule de commandements.
D'après le dicton talmudique
Jephté dans son temps est comme Samuel est dans le sien יפתח בדורו כזמואל בדורו -
les synodes peuvent modifier les lois rituelles ; on ne fait cependant aucun usage de cette faculté.
Plus tard, on rattacha à la fête de 'Hanouca la délivrance d'Israël par Judith.
Disons un mot des fêtes nationales ! L'homme est citoyen avant d'être d'une religion, faisons donc, pour les fêtes nationales ce que nous faisons pour les fêtes historiques. Le 1er mai, fête du roi des Français qui a complété notre régénération en France, et les autres fêtes nationales, on devrait s'abstenir des prières de contrition (תחנון ) en usage les jours non fériés, et tout ce qui tend à faire rêver une restauration judaïque nationale. N'imitons pas seulement les autres cultes par un service officiel, mais come leurs aînés, donnons-leur l'exemple de l'intervention du culte dans les devoirs du citoyen.