FETTE KLOPFE |
ER HOT S'KLOPFE ON S'BLOSSE |
A lorigine cette expression sappliquait probablement au bedeau qui, avec son marteau de bois, parcourait la "Yeddegass" ( = la rue des Juifs) et frappait aux portes pour réveiller les fidèles et les appeler aux offices des slihess qui commençaient tôt matin ; il avait parfois linsigne honneur dêtre bal tokéye et de pouvoir sonner le shofar.
On retrouve ces deux termes dans une expression savoureuse - comme sont savoureuses la plupart des formules judéo-alsaciennes :
"Er hot s'klopfe on s'blosse" = littéralement : "Il a le frapper et le souffler". Habituellement, il y a dans chaque synagogue un officiant qui dirige l'office et, entre autres, les textes pendant lesquels les fidèles se frappent la poitrine dans le cadre du Vidouy; et une autre personne a la responsabilité de "Schaufer Blosse". Si quelqu'un a la charge de "souffler" et de "frapper", c'est qu'il a - ou qu'il prend - tous les honneurs.
Cette expression peut s'appliquer, tout au long de l'année, à toute personne qui cumule emplois, titres ou honneurs.
EU GEUTI SIMME TAOVE |
Pour simplifier les choses, le judeo-alsacien supprime le mot Ketiva. ("Ksive"en prononciation alsacienne) et le remplace, sans souci du pléonasme, par "E geuti" = "une bonne" "'hatima tova", qui devient avec la prononciation locale "'Hassime" ou, plus court encore, "Simme".
"Eu geuti Simme taoffe" = "Ketiva
ve-'hatima tova".
Et qu'au cours de l'année qui vient, vous n'ayez aucun "Dayyess"
!
GASSERE |
Louis UHRY écrit simplement (page 27) : "Gassere (D) souhaiter la bonne année ; participe passé : gegassert (forme germanisée). Et son dérivé : Gasserbrief (DG) lettre de souhaits de bonne année".
Emmanuel WEILL, page 13, n° 118 écrit, par contre :
gazere = souhaiter la bonne année, moyennant la décision favorable
de la justice divine (en indiquant que ce terme peut provenir de la racine
hébraïque G-Z-R, sur le même modèle que gazle et
ses dérivés g'zélo, gazlen, qui viennent de la
racine héébraïque G-Z-L).
A Gazer Brief = une lettre contenant les souhaits traditionnels de bonne année.
Ce lien établi par Emmanuel Weill entre le mot gassere
et la guezèra que nous attendons de la justice divine
au moment de Roch haChana et de Yom Kippour fait apparaître de façon
pittoresque la conscience aiguë qu’avaient les Juifs alsaciens
du caractère redoutable de ces deux fêtes pendant lesquelles
Dieu décide de ce que sera l’année qui vient pour chacune
de ses créatures.
BEI DEM WORE DIE FESCH FETT |
DAS ESS A’N ÄCHTI EREF YOM-KIPPER SUPPE |
DCHUWE (de l'hébreu : TESHOUVA = réponse) |
'ELIEU NOFE' |
J'ai souvent entendu le Grand Rabbin Max Gugenheim dire, au sortir de la synagogue :
"J'ai reçu une lettre de 'Elieu Nofe'" - 'Elieu Nofe', de hébreu Eliahou Ha-Navi = le prophète Elie).
Immanquablement ses interlocuteurs lui demandaient :
"Was schreibt er ?" ("Qu'est ce qu'il écrit ? Qu'est ce qu'il veut ?").
Et il répondait :
"Er wart off Dchuwe". Ce qu'il fallait comprendre dans les deux sens :
- Il attend une réponse à sa lettre,
mais surtout :
- Il attend que nous fassions Teshouva.
YETW GEHT'S BÂLTZE NÎLE |
"Yetzt geht's bâl tze Nîle". Corrigez le bâl en bald allemand (= bientôt ), et vous aurez compris que cette expression peut être utilisée tout au long de l'année pour dire que les meilleures choses ont une fin.
Quand, à la fin des vacances, il faut confirmer le billet d'avion pour le vol du retour, on peut dire, quelle que soit la saison : "Yetzt geht's bâl tze Nîle".
HAWDOLE |
YAUMTOV |
Et il rapporte (nous le mentionnons ici parce que la démarche est analogue à celle de "Es geht bâl tze Nîle") qu'on pouvait être amené à "Hawdole Mache" indépendamment de toute fête religieuse.
C'est ce qu'on conseillait de faire à un mari dont l'épouse, qui, étant partie seule, s'apprêtait à rentrer des vacances ou des eaux (cela se pratiquait en 1921 !), et, s'il faisait mine de n'avoir pas compris, on lui expliquait que :
"Sa Yontef hot an End", "son bon temps touchait à sa fin".
Emmanuel Weil précise que, évidemment, on n'utilisait cette formule que quand l'épouse était "une méchante femme" (sic). On ne trouvera sans doute aucune trace de machisme dans le judaïsme alsacien ! ! !
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