Eléments concernant
l’Ecole Israélite du Travail de Strasbourg
par alain kahn


Un bilan (*) établi en 1912 pour les années comptables 1909, 1910 et 1911, concernant l’Ecole Israélite du Travail de Strasbourg, comporte des éléments particulièrement intéressants sur les apports et les dons enregistrés ainsi que sur le fonctionnement en lui-même de l’école.

les apports des anciens élèves

Le document donne en détail l’ensemble des dons et participations obtenus pour l’établissement. Ainsi une première longue liste énumère de 1836 jusqu’au début de 1912, l’ensemble des apports extraordinaires. Les premiers étaient ceux du Dr RUEF en 1936, de Simon CERF de Saverne en 1841 et d'Achille RATISBONNE en 1842. Les plus importants ont été notamment ceux d’Alphonse RATISBONNE qui fut membre du Comité en 1843, de Olry WORMS DE ROMILLY qui fut maire à Paris et ancien Président du Consistoire Central Israélite en 1849, de Louis RATISBONNE qui fut Président du Consistoire Israélite de Strasbourg en 1855, de la famille du banquier parisien Benoît FOULD, de Max CERFBEER, Colonel, Président du Consistoire Central et ancien député et qui avait épousé Elisa RATISBONNE décédée en 1853, de Max WORMSER de Paris en 1863, de Ernestine BEYFUS née RATISBONNE, de M. STERN, graveur à Paris et ancien élève de l’école, d’Alexandre WEILL de SAN-FRANCISCO en 1871, de la famille du professeur. HIRTZ de Paris, de celle de Michael WEILL, de la famille HALLBRONN en 1888, de Mme Vve COBLENTZ de Paris en 1894, de la famille de Léon BLUM-AUSCHER, Président du Consistoire décédé à Nice en 1895, d’Alphonse DREYFUSS de Paris la même année, ancien membre du comité, de Louis WEILL-GOETZ, directeur d'une usine à gaz en 1896, de Julius RUEF de Paris en 1898, du “Cercle Maçonnique” par l’intermédiaire de A. NOIRIEL en 1901, de la famille de Ferdinand SEE de Sélestat la même année, de Benjamin LEVY de Boston, originaire de Brumath, de la famille de Ferdinand OPPENHEIMER, Ets Adler et Oppenheimer en 1905, de la fondation Camille LEVY de Strasbourg en 1909, la famille de Lucien Alexandre ISRAEL la même année, la famille de Jacques HIRSCH, Vice-Président du Conseil d’Administration de l’école en 1910 et , comme dernier exemple l’apport de la Fondation MOCH-SCHUHL de Reims.

Les circonstances de certains de ces apports, en dehors du soutien en lui-même, sont très divers, la plupart sont fait en souvenir de défunts proches, de naissances, de bar-mitzwoth, de bat-mitzwoth, de fiançailles, de mariages, de noces d’or ou d’argent ou encore d’anniversaires. D’autres sont le résultats de collectes ou d’initiatives personnelles consécutives à des guérisons, à des décorations ou à la vente de places dans une synagogue. D’autres circonstances concernent des manifestations sportives, des bals de bienfaisance, des fêtes de famille, des récompenses pour les meilleurs élèves, des réussites aux examens, une dissolution d’association ou encore des soirées dites “Adieu de garçon” organisées par un club ou par le futur marié lui-même.

les dons

Par ailleurs de nombreux dons sont enregistrés pour 1909, 1910 et 1911 sous forme de souscriptions, de dons à la synagogue de Strasbourg et de dons en nature.
Les souscriptions sont enregistrées nominativement commune par commune à Strasbourg, Ballbronn, Barr, Bassemberg, Benfeld, Bischheim, Bischwiller, Brumath, Bouxwiller, Colmar, Dambach, Dauendorf, Dettwiller, Diemeringen, Duppigheim, Duttlenheim, Elbeuf, Epfig, Erstein, Fegersheim, Gerstheim, Goersdorf, Graffenstaden, Gundershoffen, Haguenau, Hatten, Herrlisheim, Hochfelden, Ingwiller, Itterswiller, Kolbsheim, Kratergersheim, Kuttolsheim, Lauterbourg, Lembach, Lingolsheim, Mackenheim, Markolsheim, Marmoutier, Mertzwiller, Molsheim, Mommenheim,, Muttersholz, Mutzig, Neuwiller, Niederbronn, Niederoedern, Oberbronn, Oberenheim, Oberschaeffolsheim, Oberseebach, Odratzheim, Offendorf, Osthouse, Osthoffen, Pfaffenhoffen, Quatzenheim, Reichshoffen, Ringendorf, Romanswiller, Rosheim, Sarre-Union, Saint-Dié,Schaffhouse, Scharrachbergheim, Scherrwiller, Schirmeck, Schirrhofen, Sélestat, Schweighouse, Schweinheim, Soultz Sous Forêts, Struth, Surbourg, Traenheim, Trimbach, Valf, Walk, Wasselonne, Wissembourg, Weiterswiller, Westhouse, Westhofen, Wingersheim, Wintzenheim, Wittersheim, Woerth, Wolfisheim et Saverne.
Chaque fois un correspondant est indiqué et qui était souvent le président de la communauté, le rabbin ou le ministre officiant de telle sorte que de nombreux renseignements sont ainsi donnés sur l’importance des communautés.

souscriptions

Ces souscriptions proviennent aussi de communautés plus éloignées comme Anvers, Auxerre, Bâle, Berlin, Bordeaux, Kassel, Charleville, Cherbourg, Cologne, Cousances aux Forges, Dijon, Epinal, Heidelberg, La Chaux de Fonds, Le Havre, Lunéville, Lyon, Nancy, Paris, Reims, Saint-Etienne, Sedan, Toul, Tours, Val Réas, Vézelise et Vitry le François.

Certaines souscriptions proviennent des Etats-Unis ou d’Amérique latine et souvent l'origine alsacienne est indiquée. Ainsi par exemple à New-York, Max ACKER, tapissier, est originaire de Lembach, Alexandre GAUDIO, mécanicien, de Strasbourg, Lazare et Léopold BADER, boulangers, de Dambach ainsi que Paul BADER, graveur et ancien élève de l’école, Emmanuel DREYFUSS de Westhouse, Heymann HELLER, décorateur et ancien élève, de Ingwiller, E. HEMMENDINGER de Marckolsheim, ou encore Léonard WEILL, sellier, de Hatten et Henri WOLF, graveur sur bois, de Eckwersheim et ancien élève de l’école. A Cincinnati, de nombreuses familles sont originaires d’Ingwiller comme les EICHEL, les ERSTEIN, les GEISMAR, les JOSEPH, les KAHN, les LAZARUS, les LEMMEL, les LIEWER, les NETTER, les SCHWAB, les UHRY ou les MEISS, d’autres sont de Saverne comme les WEIL, Emile, Henry et Isidore. A Buenos Aires on trouve notamment des familles de Wittersheim, Dutlenheim et de Hatten. A Manaos des familles d’Ingwiller, Bouxwiller et Marmoutier. Des donateurs sont également répertoriés à Para, Indianapolis, Brooklyn, Easton, New-Orléans, Princeton, San-Paulo et Tacoma.

Les autres dons sont divers et ceux qui ont été fait à la synagogue de Strasbourg témoignent de la générosité fidèle des strasbourgeois et de celle des personnes de passage (Bruxelles, Paris, Belfort, Metz). Quant aux dons en nature, ils reflètent les habitudes domestiques de l’époque puisqu’il s’agit le plus souvent de : madeleines, saucisses, vin, petit pains au lait pour Rosh Hashana, livres pour la bibliothèque, biscuits, bière, billets pour une exposition, saucisses à frire ou viennoises, dessert pour vendredi soir, participation à une sortie de l’école, lulavim et ethrogim pour la fête de Soukoth, oranges et viennoiserie pour Hanouka, cervelats, pommes de terre, cours de dessin, kugelhopfs, pommes reinette, œufs ou encore de gâteaux spéciaux pour Rosh Hashana.

le fonctionnement de l’école

En 1909 l’école comptait 68 élèves, le même chiffre en 1910 et 70 en 1911. Leur origine était essentiellement alsacienne mais aussi lorraine, allemande et russe et les quelques 22 métiers enseignés étaient très divers ( tailleur, tapissier, orfèvre, peintre, prothésiste dentaire, horloger, serrurier, électro-technicien, tailleur de chemise, compositeur typographe, bandagiste, menuisier, bûcheron, graveur, cordonnier, pâtissier, technicien en bâtiment, peintre sur verre, ferblantier, lithographe, sellier et tailleur de cuir).

Le conseil d’administration, en 1912, était présidé par Isidore GENTZBOURGER, qui était aussi Président du Consistoire Israélite de Basse-Alsace, et son comité comprenait Adolphe URY, grand rabbin, Karl ADLER, Léon FEIST, Edmond FOREST, Hippolyte GROMBACH, Alfred LOEWE, Dr Georg SCHMOLL, Fernand SCHWARTZ et le Professeur Georges WEILL. Le directeur était Jules PICARD et les professeurs MM J. PICARD, V. DITZ, E. MALSCH et J. ARNOLD.

Ce rapport constitue ainsi une source de renseignements appréciables puisqu’il dévoile des aspects méconnus de cet établissement dans son environnement alsacien et en particulier au niveau de l’importance des communautés juives concernées. C’était deux ans avant la première guerre mondiale et l’Alsace était allemande. De toute façon cette école qui préfigurait en quelque sorte la future école ORT a permis a de nombreux jeunes d’apprendre un métier à une époque où une telle entreprise n’était pas aisée étant donné que les possibilités offertes étaient particulièrement limitées.

* Ce document a été découvert par M. Gérard SALOMON de Dettwiller, qu’il en soit sincèrement remercié    Retour au texte.


© A.S.I.J.A.