En 1789, le Royaume de France comptait autour de 40 000 juifs. Plus de la
moitié d'entre-eux, 25 à 27 000, vivaient en Alsace. Selon les
régions ils bénéficiaient de statuts différents.
On distinguait alors "juifs portugais" du Sud-Ouest, de Badeaux
et Bayonne, "juifs du pape" dans le Comtat venaisien qui ne faisait
pas alors partie du Royaume, les "juifs allemands" d'Alsace, de
Lorraine et des Trois évêchés de Metz, Toul et Verdun
et enfin "juifs de Paris". Avec un incontestables retard par rapport
à d'autres pays on débattait en France, à la veille de
la Révolution, de l'émancipation des juifs alors que dès
1782, Joseph II, Empereur d'Autriche avait pris par édits les premières
mesures d'émancipation. La Société royale des sciences
de Metz organisait le fameux concours sur le thème Est-il un moyen
de rendre les juifs plus utiles et plus heureux en France que remportait
le curé d'Embermesnil, l'abbé Grégoire. La même
année Mirabeau publiait son essai Sur Moses Mendelsohn et sur la réforme
politique des Juifs. Au niveau de l'Etat, en 1787, Malesherbes se voyait confier
par le Roi le soin de préparer une réforme, jugée nécessaire,
de la condition des juifs. Malesherbes tombant en disgrâce l'année
suivante, le projet n'eût pas de suite. Comme nombre d'autres réformes
il appartient à la Révolution de mettre en oeuvre ce que l'Ancien
régime n'avait fait que projeter.
L'émancipation des juifs fut loin d'aller de soi. Dès le 1er septembre 1789, cinq jours après l'adoption de la Déclaration des droits de l'homme, l'abbé Grégoire obtenait que la question fût inscrite à l'ordre du jour. Il fallut attendre deux ans pour que les juifs de France se voient reconnaître le statut de citoyen. Dans le retard mis par l'Assemblée pour accepter cette décision le groupe des députés alsaciens, toutes tendances politiques confondues, mené par ce député du Tiers de Colmar, et futur Directeur, Reubell, joua un rôle décisif. Il devait y gagner la triste réputation, selon la formule de l'un de ses collègues, Duquesnoy, député de Bar-le-Duc d' "ennemi terrible des juifs" (1).
Né en 1747, à Colmar, Jean-François Reubell appartenait, tant par sa famille que par sa profession au milieu des hommes de loi liés au Conseil Souverain d'Alsace. Son père avait été longtemps Secrétaire-interprète auprès du Conseil Souverain avant de devenir notaire royal. Sa mère était la fille de Claude Siminotel, procureur auprès du Conseil Souverain. Après avoir fait des études de droit à Strasbourg, Jean-François Reubell était devenu, comme son père, notaire royal. Il épousa la fille de Jean-Jacques Maubert, procureur, comme son grand-père maternel, auprès du Conseil Souverain.
Avocat depuis 1775, brillant, il a déjà accumulé une fortune certaine avant la Révolution. Reubell apparaît comme un représentant typique de la bourgeoisie de robe colmarienne. Cette couche en pleine ascension sociale voit ses aspirations limitées par les cadres de l'ancien régime. Nombreux seront ceux qui, issus de ce milieu, joueront un rôle non négligeable dans la Révolution.
Elu député du Tiers de Colmar et de Selestat aux Etats Généraux, Reubell est parmi les députés alsaciens l'un des rares qui, très vite, se distingue à la tribune de l'Assemblée. Sur le plan politique il se range dans la gauche parmi ceux que l'on appelle alors les patriotes. Dès juillet il adhére au Club Breton qui donnera par la suite naissance au Club des Jacobins que Reubell préside du 4 février au 7 mars 1795. Au delà, une carrière avec des hauts et des bas, le mène jusqu'aux plus hautes charges. Directeur de novembre 1795 à la fin mai 1799 son histoire alors "s'identifie", selon le mot de Jacques Surrateau, à peu près totalement avec l'histoire du régime (3). Après 1799 il se tiendra à l'écart de la vie publique.
De son vivant même le personnage fut très controversé. Pour Carnot qui ne l'aimait pas : "Il a bonifié ses intérêts à Mayence et en Hollande. Il demanda à son entrée au Directoire d'être spécialement chargé des finances. De caractère tyrannique, il hait le peuple, méprise l'armée et manifeste en toutes ses actions un débordement de vices". Pour Barras, c'était "...la plus forte tête du Directoire". Napoléon écrira à son sujet, dans son Mémorial de Saint-Hélène : "Je n'aime pas Reubell, mais il n'en est pas moins vrai qu'il était le seul membre du Directoire qui fût à sa place" (4).
Quant à son attitude par rapport aux juifs il est difficile de se faire une idée avant que ne s'engage le débat à l'Assemblée constituante. Il apparaît comme défendeur de la communauté juive de Berne dans une affaire contre la municipalité de cette ville, mais on le voit aussi plaider contre la communauté de Ribeauvillé. On a de lui une correspondance du 5 août 1789 avec la Commission Intermédiaire où il semble prendre la défense des juifs :
"Je sais, écrivait-il, comme ils sont haïs, mais ce sont des hommes et on ne saurait dissimuler que leur situation telle quelle a été réglée par le gouvernement n'a pas pour peu contribué à leurs vices odieux, mais comme nous l'espérons nos lois nouvelles en feront un peuple honnête et laborieux, prêchez la compassion pour ces êtres misérables, et vous remplirez l'un de vos devoirs les plus importants" (5).En contradiction avec le contenu de cette lettre, les convictions qui y sont défendues, Reubell s'engagera à fond, quelques mois plus tard, dans la lutte contre l'émancipation des juifs.
L'Assemblée décida de nommer une commission"chargée d'instruire cette affaire" (7). Les deux députés de Strasbourg, Dietrich et Schwendt, dans une lettre à leurs mandants manifestèrent leurs inquiétudes.
"Nous sommes menacés, écrivent-ils, d'un autre fléau. Les juifs demandent un état civil dans toute la France, et l'affaire qui devait être traitée hier, le sera infailliblement la semaine prochaine. L'Alsace se défendra mais nous ne répondons pas du succès..." (8).
La question ne revint véritablement à l'ordre du jour qu'à la fin de l'année, le 21 décembre, avec le débat ouvert par le député de Nérac, Brunet de Latuque, sur l'éligibilité des non-catholiques (9).
La motion, dans l'esprit de son rédacteur, visait d'abord les calvinistes. Un amendement de Clermont-Tonnerre l'étendit aux juifs. Celui-ci précisait que "Aucun citoyen réunissant les conditions d'éligibilité ne pourra être exclu d'aucun emploi en raison de sa profession ou du culte qu'il exerce" (10). Reubell s'empressa de lui demander s'il entendait par là inclure les juifs. Ce à quoi il répondit : "Oui, j'en convient et je m'en fait gloire". Reubell répliqua sur le champ :
"Je pense sur les juifs comme les juifs eux-mêmes; ils ne se croient pas citoyens. C'est dans cette opinion que j'admets l'amendement de M. Clermont -Tonnerre parce qu'il les exclut en se servant de cette expression: citoyen actif" (10).
Pour la première fois Reubell exprimait publiquement son opposition à toute mesure de reconnaissance des juifs comme citoyens. Il devait dès lors, jusqu'à l'adoption de la loi, se tenir rigoureusement et avec détermination à cette position: les juifs ne sont pas des citoyens, comment peut-on revendiquer pour eux le statut de citoyen, alors qu'eux-mêmes, ne se reconnaissent pas comme tels.
A l'occasion du débat qui reprend le 23 et se prolonge le 24, Reubell monte une nouvelle fois au créneau, secondé par deux autres députés alsaciens : Hell, député de Haguenau et de Broglie élu de Colmar-Sélestat. Il avança alors un nouvel argument : on doit refuser l'éligibilité aux juifs parce que l'opinion est massivement antijuive. Il rapporte le contre-rendu de l'Assemblée, représente combien la prévention contre les juifs est profonde, ce qui la rend presqu'incurable. Reubell brandit devant l'Assemblée la menace d'explosions antijuives dans toute l'Alsace si le décret était adopté :
"Si l'Assemblée frondait trop ouvertement ce préjugé par un décret, il ne répond pas des suites dans sa province...leur conduite dans tous les temps a laissé des traces de haine tellement empreintes dans les esprits, qu'il serait imprudent d'accorder, au moins qu'en à présent, aux juifs, les mêmes droits dont jouissent les autres citoyens" (11).Il obtenait finalement, avec ses collègues alsaciens, l'ajournement de toute position concernant les juifs.
"L'Assemblée nationale décrète :
1) Que les non-catholiques, qui auraient d'ailleurs rempli toutes les conditions prescrites dans ses précédents décrets pour être électeurs et éligibles, pourraient être élus dans tous les degrés d'administration, sans exception.
2) Que les non-catholiques sont capables de tous les emplois civils et militaires, comme les autres citoyens; Sans entendre rien préjuger relativement aux juifs, sur l'état desquels l'Assemblée nationale se réserve de se prononcer". (c'est nous qui soulignons) (12).
L'amendement Reubell eut pour effet immédiat, en renvoyant à plus tard la question du statut des juifs, de faire perdre aux juifs portugais un droit de citoyen dont ils jouissaient déjà. De façon systématique Reubell, multipliant les manoeuvres dilatoires, plaidera systématiquement l'ajournement afin d'éviter toute prise de position de l'Assemblée.
Reubell intervint à nouveau peu après dans le débat ouvert le 28 janvier par l'Adresse des juifs de Bordeaux : Sur la possession d'état de citoyen actif, réclamé par les juifs portugais établis à Bordeaux. Il s'opposa à toute mesure d'exception en leur faveur par crainte de créer un précédent :
"l'acceptation pour les juifs de Bordeaux entraînerait bientôt la même acceptation pour les autres juifs du royaume".Il n'est pas question de leur accorder la citoyenneté :
"Les juifs se sont réunis pour exister en corps séparés de la nation". Ils sont en son sein un corps étranger."L'émancipation des juifs relancerait l'agitation contre-révolutionnaire :
"L'Alsace est inondée de libellistes dont les ennemis publics se servent pour chercher à soulever ce peuple, et après votre décret, il leur diront qu'il existe une confédération de juifs et des agitateurs pour s'emparer de toutes les propriétés" (13).Nous retrouvons Reubell de nouveau à la Tribune le 20 juillet 1790 dans le cadre du débat sur la redevance annuelle versée par les juifs de Metz comme "droit d'habitation, de protection et de tolérance". Il reprend et développe à cette occasion l'idée qu'il chérit par dessus tout, des juifs étrangers à la nation. Il constate d'abord que les juifs de Metz n'avaient jamais réclamé contre ce droit :
"parce qu'ils le regardaient comme une conséquence de ce qu'ils habitaient Metz non comme citoyens, mais comme négociants et comme étrangers".Ils vivaient dans la ville non comme des français mais comme des juifs :
"les juifs vivaient à Metz comme des juifs, c'est à dire qu'ils y ont un autre culte, d'autres usages, une langue différente, des moeurs conformes à leurs lois, qu'ils n'ont aucune analogie avec la manière d'être des habitants de Metz auprès de qui ils vivent".Reubell complétait ces considérations "ethnologiques" par un développement juridique. L'Ancien régime ne tolérait pas la pluralité des cultes, il les considérait donc bien comme des étrangers :
"L'ancien gouvernement n'eut pas regardé les juifs comme des étrangers ; car les juifs sont juifs en France comme les Français sont Français partout" (13)
"Je demande que ce décret soit rédigé et lu dès à présent, afin qu'on n'insère pas dans le procès-verbal un décret qui n'a pas été rendu. On saura du moins que j'ai voulu être entendu pour prouver qu'on a induit l'Assemblée Nationale à rendre un décret que la seule ignorance a pu faire rendre" (14).
Le décret fut adopté. Reubell et ses amis, adversaires de l'émancipation des juifs, ne s'en estimèrent pas pour autant battus. Ils se réunirent immédiatement pour mettre au point une manoeuvre afin de vider le décret de son contenu.
De cet épisode, les députés strasbourgeois Koch et Schwendt nous ont laissé une relation détaillée dans une lettre au maire de Strasbourg,
Frédéric de Dietrich. Mais l'argumentation de la riposte Reubell encore une fois joua un rôle décisif."Ce fut mardi dernier, qu'invités par les anciens députés d'Alsace à conférer avec eux sur des objets relatifs à nos départemens, Nous nous rendîmes tous à midi dans un des bureaux de l'Assemblée Nationale, qui nous avoit été indiqué à cet effet. A peine y fûmes nous rassemblés que M. Reubell nous apprit la nouvelle du décret qui venait d'être rendu et qui, sous des restrictions vagues, accordait aux Juifs la cité française, en levant l'ajournement qui avoit été prononcé à leur égard. Ce décret ayant été rendu très précipitamment et sans qu'il ait été précédé de la moindre discussion, nous avisâmes aussitôt aux moyens de le mitiger et de parer les inconvéniens que en résulteroient pour nos départemens. On appela M. Target à la conférence, et ensuite M. Duport. Ce dernier était le rédacteur du décret qui venoit d'être rendu. - Après une discussion qui dura près de deux heures, nous réussîmes enfin à faire comprendre à M. Du Port, que les Juifs domiciliés en France ou ailleurs, ayant conservé de tout temps l'usage d'une loi civile et politique particulière, qui établissoit une masse de privilèges et d'exceptions en leur faveur, n'avaient, depuis des milliers d'années, jamais pu être incorporés à aucune nation quelconque ; que nourrissant toujours l'espoir de retourner dans leur patrie originaire, ils n'avoient ni pu, ni voulu être envisagés ou traités autrement que comme des étrangers partout où ils avoient été tolérés; que sans blesser visiblement les droits des autres citoyens, on ne pouvait admettre à la cité française que seulement ceux des individus Juifs, qui, désirant de s'unir à la nation française consentiraient à ne plus appartenir à une nation distincte et étrangère, et à ne plus se gouverner par une loi civile et politique particulière."Ce décret était effectivement plus restrictif que celui qui avait émancipé les juifs portugais, espagnols et avignonnais en tant que communauté et leur avait permis de conserver les droits et privilèges antérieurement acquis. Il ignorait l'existence des communautés juives organisées et s'accompagnait de la renonciation aux droits et privilèges antérieurement possédés, c'est à dire essentiellement à l'autonomie communautaire. Il ne prenait en compte, conformément à la philosophie fondamentale du nouvel Etat, que les juifs comme individus. L'Assemblée voulait l'émancipation mais aussi l'assimilation des juifs. Dans leur lettre à Dietrich les deux députés strasbourgeois insistaient :
On résolut donc de proposer à la lecture du procès-verbal du lendemain un amendement tendant à ce que la cité française ne puisse être accordée "qu'à ceux des individus Juifs qui prêteront le serment civique et qui renonceront par là à leur loi civile et politique particulière".
M. Du Port ayant adopté cet amendement, l'on chargea M. Victor Broglie d'en faire la proposition à l'Assemblée. Il s'en acquitta dans la matinée d'hier, et à notre grande satisfaction l'amendement passa sans aucune réclamation quelconque, si non qu'on jugea à-propos de substituer aux mots : "renonceront par là à leur loi civile et politique particulière", les termes suivans : "renonceront par là faux privilèges et exceptions introduits jusqu'à présent en leur faveur" ; ce qui revient exactement au même et est même encore plus expressif (15)"
"Vous voyez donc, écrivaient-ils, que ce décret n'admet les juifs à la cité française qu'autant qu'ils prêtent ce serment civique, et qu'ils renoncent à la loi civile de Moise, c'est à dire qu'ils cessent d'être juifs (c'est nous qui soulignons) car personne n'ignore que les juifs ne font aucune distinction entre leur loi civile et religieuse à cause de l'identité de l'une et l'autre loi" (15).Les députés alsaciens étaient d'autant plus rassurés qu'ils espéraient que dans ces conditions les communautés juives renonceraient à prêter serment.
"Le premier amendement, écrivaient-ils, comprend la renonciation de la part des juifs à la juridiction de leurs rabbins et l'adoption de nos lois civiles et politiques. Peut-être peu d'entre-eux voudrait prêter ce serment, auquel sans doute les municipalités tiendraient rigoureusement"(15).Tout ceci ne suffit pas à Reubell et à ses collègues alsaciens. Ils obtinrent un second amendement portant sur la liquidation des créances juives. Pour faire passer son amendement Reubell une nouvelle fois invoqua le spectre des "troubles populaires".
"Si l'Assemblée ne veut pas être instruite, explique-t-il, je la rends responsable de tous les troubles que peut susciter en Alsace le décret d'hier, dans un moment où les prêtres réfractaires redoublent les intrigues du fanatisme, et où le royaume se trouvera momentairement sans autorité"(16).En compensation de la reconnaissance de la citoyenneté aux juifs Reubell demandait à l'Assemblée qu'elle adoptat son amendement de telle sorte
"que nous puissions enfin dire à nos concitoyens que vous avez voulu venir à leur secours, et que l'Assemblée nationale n'est pas moins bien intentionnée pour eux que pour les juifs"(16)..Alors qu'elle venait d'adopter le principe de l'émancipation des juifs l'Assemblée adoptait un décret en complète contradiction avec ce principe puisqu'il n'était applicable qu'aux seuls juifs alsaciens pris en tout que collectivité, ce que théoriquement ils venaient de cesser d'être!
Le rôle que joue Reubell pendant toute cette période si on le replace dans un temps plus long a quelque chose de paradoxal. Nous avons déjà relevé que pour la période antérieure à la Révolution, Reubell ne s'était pas particulièrement distingué par son anti-judaïsme, à la différence de certains de ses collègues à l'Assemblée comme de Hell, adversaire acharné de Grégoire sur la question de l'émancipation des juifs d'Alsace. Reubell curieusement se trouvera à ses côtés pour défendre l'émancipation des noirs. Au delà du débat Reubell, à notre connaissance, ne revint plus sur la question. Zara Szajkovski soulignait à juste titre qu'il "respecta pleinement la loi" et ajoutait même que sous la Terreur "il combattit la discrimination qu'excerait un Commissaire du Comité de Salut Public à l'égard des juifs d'Alsace" (17).
Replacés dans ce contexte les prises de position de Reubell apparaissent plus d'ordre tactique que de principe. Elles sont essentiellement déterminées par la pression de l'antijudaisme populaire en Alsace (18) et la manipulation par la réaction aristocratique de ces sentiments anti-juifs afin de reconquérir auprès des masses populaires des positions ébranlées par le mouvement révolutionnaire. Sa prise de conscience de l'ampleur de la réaction antisémite peut expliquer le glissement significatif des positions de Reubell entre le 4 août et le 21-24 décembre 1789. En se plaçant sur le terrain des ennemis des Juifs Reubell espère conserver l'adhésion populaire. L'attitude de Reubell nous semble donc plus d'opportunité que de principe et peut-être même contre ses principes. Le choix que fit alors Reubell, et tous ceux qui étaient engagés dans le mouvement révolutionnaire comme Dietrich en particulier, contre l'émancipation des juifs d'Alsace ne fut pas cependant sans conséquence. Il favorisa, en le légitimant, la pérennité de l'antisémitisme traditionnel de la population. Par là cette attitude favorisa à terme le conservatisme des classes populaires. Elle introduisit une rupture dans la culture politique de la nation entre l'Alsace et le reste de la France.
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