Erigé en 1830 sur l'emplacement de l'ancienne synagogue, le bâtiment fait aujourd'hui fonction de cinéma. - © M. Rothé |
Entre 1337 et 1397, les Juifs de Ribeauvillé comme ceux de toute l'Alsace, seront persécutés et livrés aux flammes, accusés d'avoir empoisonné les puits, provoquant la Peste noire.
Comme de nombreuses villes médiévales, Ribeauvillé a aussi
sa "rue des Juifs", située près du mur d'enceinte
et elle a aussi un rabbin. Les Juifs de la cité s'occupent surtout du
commerce d'argent, puisqu'il leur est interdit de posséder des terres
labourables et d'exercer des métiers. Ils doivent payer leurs droits
de protection et faire des cadeaux à leurs seigneurs. A l'encontre des
Juifs d'autres régions, ils peuvent posséder des champs et des
vignes. Ils peuvent aussi acheter des maisons, mais ne le feront pas avant le
18ème siècle.
Il semble que pendant toute la période allant de la fin du quinzième jusqu'à la fin du seizième siècle aucun juif ne demeure à Ribeauvillé.
Au seizième siècle, la situation économique des villes
libres, de la bourgeoisie et de l'artisanat prend un essor extraordinaire tandis
que les petits seigneurs, la noblesse et les paysans perdent progressivement
leur influence. La présence des Juifs dans les villes devient inutile,
tandis qu'à la campagne et dans les petites seigneuries ils jouent un
rôle important dans la vie économique, en fournissant l'argent
nécessaire à la population rurale. C'est pour cela que leur nombre
augmente dans le comté de Ribeaupierre .
Ainsi, en 1658, on compte à Ribeauvillé 4 ménages, en 1697
treize, en 1705 vingt-trois, en 1784, cinquante-huit.
En 1700, Les Juifs de Ribeauvillé, avec ceux du reste de la Haute Alsace
engagent comme chef spirituel le nommé Samuel Lévy, fils de Cerf
Lévy de Metz, et font confirmer cet engagement par un décret du
roi Louis XIV du 20 janvier 1702.
En mars 1711, le seigneur de Ribeaupierre autorise les Juifs à remplacer
leur lieu de culte, situé dans une maison privée par une synagogue.
Meyer Weil, père du rabbin de Haute et Basse Alsace, la finance et la
lègue à la communauté en 1738. Cette même année
un Règlement fixant, en 27 articles, tout ce qui concerne les offices
religieux ainsi que l'ordre intérieur de la communauté est établi
par le rabbin et le président de la communauté, et confirmé
par la chancellerie.
A proximité de la synagogue actuelle, qui a été construite
entre 1830 et 1840 sur l'emplacement de l'ancienne, se trouve la maison de l'Hospice
israélite fondé en 1832 par les membres de la communauté.
Par contre, il n'a jamais existé de cimetière israélite à Ribeauvillé. Aux 14ème et 15ème siècles, on enterre les morts à Colmar. Plus tard, on achètera un terrain dans la banlieue de Sélestat pour y établir un champ de repos.
Ribeauvillé restera un siège rabbinique jusqu'à la première guerre mondiale. Depuis lors, la communauté fait partie du rabbinat de Colmar.
A la Révolution française, dès que la nouvelle de la prise de la Bastille est connue, des désordres se produisent dans presque tous les villages du Sundgau habités par des Juifs, y compris à Ribeauvillé.
Même au dix-neuvième siècle, les Juifs de Ribeauvillé sont menacés de persécutions. En 1819, le Préfet invite le Maire à prendre, sur le champ, des dispositions pour empêcher "qu'il ne soit fait aucune insulte aux individus professant le culte judaïque... "
En dehors de quelques périodes troublées, les Juifs du comté
de Ribeaupierre ont toujours joui d'une situation favorable tant au point de
vue politique qu'au point de vue économique et social. Aussi n'est-il
pas étonnant qu’ils aient été les premiers parmi
leurs coreligionnaires de France à profiter des bienfaits de l'Emancipation.
Tel est le cas des membres de la famille
Sée, bien connus des Lettres, des Sciences et des Arts.
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